Ce lundi, pour la première fois la 43^ème Assemblée nationale sortie des législatives anticipées du 5 octobre a tenu sa réunion plénière. Et une autre première qu’il convient de relever : depuis les changements démocratiques nous avons étrenné huit formations politiques qui se côtoieront dans l’hémicycle. Près du tiers des élus populaires sont des nouveaux visages. Les messieurs prédominent, ils sont 194 représentants du sexe fort face à 46 dames. En revanche, le président de la 43^ème Assemblée nationale est en fait une présidente – Tzetzka Tzatchéva est la seule femme à avoir été portée à la tête du parlement de l’histoire du pays et la seule aussi à exercer cette fonction pour la deuxième fois.

Pour être fidèle à la Constitution, la première séance a été ouverte par le doyen des députés Stefan Danaïlov du PSB - Bulgarie de Gauche. Dans son allocution d’ouverture il a exprimé l’espoir que les représentants du peuple oeuvreront à consolider la démocratie.

« Si dans nos cœurs n’est restée qu’une goutte de sang fidèle à l’héritage du khan Koubrat selon lequel l’union fait la force, nous nous devons d’allier notre intelligence et notre énergie, car rien n’est plus important que le bien-être de la nation et que seuls nos efforts conjugués donneront des fruits au nom de son avenir », a dit entre autres le grand acteur bulgare.

Prenant la parole le chef de l’Etat a appelé à son tour les députés à faire preuve d’union et à prendre des décisions communes concernant la société bulgare. Il a clairement indiqué que la Bulgarie n’a pas besoin d’un pouvoir monopartite.

«  La Bulgarie a besoin d’un parlement qui fonctionne et d’un gouvernement régulier. Nous devons montrer que la démocratie bulgare est mûre pour des coalitions basée sur de solides principes et qui fonctionnent », a-t-il dit encore. Il est possible que la Bulgarie soit gouvernée par des coalitions des années durant. Remplaçons l’approche balkanique par une approche européenne – ne pas attribuer des postes ou des pouvoirs à tout prix, mais voir ce qu’il y a à faire et désigner la personne compétente. A la place de personnalités fortes, prenons fait et cause pour des institutions fortes, misons sur le patriotisme moderne, qui nous apprend à aimer la Patrie et à nous dévouer à notre peuple. Nous avançons dans la réforme judiciaire, dans le secteur de l’énergie, de l’éducation, de la santé, du système de retraite, de la sécurité. Nous devons aussi procéder à des réformes dans la structure des régulateurs, à leur règlement de fonctionnement, nous avançons dans la mise en œuvre de l’administration électronique, de la modernisation de l’infrastructure, de l’efficacité et de la diversification dans l’énergie. Ce sont là des objectifs stratégiques et sur lesquels vous n’avez pas de grands différends », a déclaré le président de la République.

Le leader du parti GERB qui recevra mandat de former le gouvernement Boyko Borissov a dégagé trois options sur la gouvernance du pays.

« J’espère qu’avec les collègues réformateurs – le Front patriotique a fait connaître son appui, avec les autres partis nous avons trouvé bien plus de points de rapprochement – je suis prêt à prendre la tête du gouvernement », a dit Boyko Borissov. Ceci pourrait se traduire en trois formats: un gouvernement à brève échéance avec des élections anticipées législatives et municipales en un; un gouvernement à moyen terme, sur deux ans et des élections législatives et présidentielles ; enfin, un gouvernement avec un mandat de quatre ans. Dans ce cas là, je vous assure que je ne briguerai pas la présidence du pays, car je ne voudrais pas qu’il y ait des spéculations selon lesquelles j’aurais pour mission de préparer mon parti pour cela. Je suis prêt à accepter la proposition du Bloc réformateur de ne pas devenir président du Conseil des ministres, c’est une option et dans ce cas là je ne sais pas si je serais capable de diriger les ministres issu du parti GERB. Je suis prêt au dialogue au nom de l’Etat. »

« Le PSB – Bulgarie de Gauche, représentera la gauche véritable et jouera le rôle d’alternative de la gouvernance de droite qui se profile. » C’est ce qu’a fait savoir le leader du PSB Mihaïl Mikov.

« Nous serons une opposition constructive, a-t-il ajouté. « Nous appuierons les projets de loi avec lesquels nous serons d’accord et nous voterons contre les textes qui ne s’inscrivent pas dans notre ligne politique. Selon nous, exprimer nettement sa position est une façon de marquer nettement l’alternative. »

Le leader du MDL Lutvi Mestan a relevé que le mouvement n’appuiera pas une coalition antieuropéenne sans principes.

« C’est pour nous une question de responsabilité politique d’accorder notre appui – sans entrer au gouvernement s’il faut – à un profil européen et atlantique du nouvel exécutif , a-t-il dit. Le Bloc réformateur oeuvrera pour un gouvernement solide, pour regagner la confiance des citoyens bulgares. »

Le coprésident du Bloc réformateur Radan Kanev :

«  Nous allons redonner au parlement son rôle d’institution qui a vocation de régler les problèmes majeurs de la nation et non pas faire profil bas et s’incliner devant les ministres. Nous devons trouver des compromis, celui qui fera avancer les réformes et non plus le semblant de compromis bien connu dont se servent à tort et à travers les fausses élites. »

Valéry Siméonov du Front patriotique a défendu le programme de la coalition et a défini la position des patriotes dans le nouveau parlement.

« Le Front patriotique recherchera l’accord et l’unité d’action avec toutes les forces politiques en place afin de restreindre l’influence et de faire sortir du pouvoir les représentants des partis ethniques. »

Le parti Bulgarie Sans Censure a déclaré qu’il fera tout son possible pour faire repousser au maximum l’horizon devant le parlement et pour que le gouvernement fonctionne au nom du peuple.

« Nous n’hésiterons pas à faire dissoudre le parlement, si nous constatons que les députés servent des intérêts partisans ou lobbyistes, a dit Svetlin Tantchev. Cette pratique, hélas, s’invite très souvent dans l’hémicycle. »

Lors de la réunion plénière les députés du parti nationaliste Ataka se sont déclarés contre les symboles européens dans l’édifice du parlement bulgare.

« Ataka se tiendra comme un roc inébranlable au dessus de la rivière aux eaux troubles de la politique bulgare », a dit son leader Volen Sidérov. Car il est le dernier bastion du peuple bulgare. Ce bastion ne tombera pas, car s’il tombait, c’est la Bulgarie qui tomberait. »

Ivaylo Kalfin de la coalition ABV a appelé à l’unité nationale sur des questions qui ne relèvent pas des partis politiques.

« Faire changer les gens d’avis que la politique en Bulgarie ne vaut rien, que les politiques sont des fainéants qui ne se préoccupent que de leurs propres intérêts. »

La présidente du parlement Tzetzka Tzatchéva qui a été élue pour la deuxième fois au poste de présidente du parlement a souligné que les électeurs bulgares ont donné plus d’une leçon aux politiques :

« La première leçon – est la leçon de l’humilité, a-t-elle dit. La deuxième porte sur la réconciliation. La quatrième est une leçon sur la responsabilité. Aujourd’hui humblement et je voudrais croire, réconciliés, persuadés qu’il faut nous unir, nous devons assumer la responsabilité du présent et de l’avenir de notre peuple, passer outre nos intérêts personnels et de parti et trouver les meilleures solutions et les textes législatifs les mieux appropriés au nom de tous ceux qui nous ont donné mandat de les représenter. »

Version française : Roumiana Markova