Alors que la Bulgarie découvre les « virevoltes risquées » de la majorité flottante à l’Assemblée nationale quand il s’agit de voter des décisions de prime importance pour l’avenir de l’Etat, alors que la première démission du gouvernement a été consommée et oubliée, un Comité d’initiative composé d’une centaine d’hommes politiques, d’intellectuels et de sportifs a lancé un appel inopiné, envisageant la possibilité d’un retour en politique de Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha, alors qu’il est déjà passé, dans les années 2001-2005, par la case du « tsar-premier ministre » à la tête d’une improbable coalition composée du PS, le MDL et du MNSD, en qui s’est terminée dans un fiasco total…
Aucune réaction n’a suivi après le lancement de cette idée. Bien plus, le souhait de certains intellectuels bulgares a plongé dans l’indifférence totale pas seulement les forces parlementaires, mais aussi cette élite politique qui semblait avoir porté la candidature de Siméon II au sommet de l’Etat. Entre-temps, le parti qu’il a créé a changé de nom, passant de « Mouvement national Siméon II » à « Mouvement national de la stabilité et du progrès », et il y a quelques jours, son actuelle présidente Antonia Parvanova a souhaité un bon anniversaire à l’épouse de Siméon, qu’elle a nommée Sa Majesté la reine Marguerite, sans pour autant souffler mot d’une éventuelle résurrection politique de son époux. Serait-ce parce que le mouvement a rempli sa mission et n’a plus lieu d’être ? Si oui, comment expliquer alors cet appel du Comité d’initiative qui comme on vient de l’apprendre a été un non-évènement ?
Force est de reconnaître que la personnalité de Siméon de Saxe-Cobourg-Gotha ne fait pas l’unanimité. D’aucuns prétendent que si la Bulgarie a adhéré à l’UE en 2007, c’est grâce à lui, oubliant que cet acte politique était longuement préparé par les gouvernements qui ont précédé celui du « tsar-premier ministre ». On entend également certaines voix qui pensent que si le gouvernement et l’Assemblée nationale confiaient à Siméon II une mission spéciale, sa présence serait en mesure d’ouvrir beaucoup de portes qui pour l’instant restent fermées à la Bulgarie, notamment celle de l’espace Schengen. Il y a aussi ceux qui pensent que Siméon II serait en mesure de remplir des fonctions politiques et diplomatiques spécifiques à la tête d’une institution qui pourrait s’appeler « Couronne bulgare ». Proposition pour le moins aberrante, pour ne pas dire absurde, quand on sait que la Bulgarie est une république parlementaire.
Autant de thèses et d’hypothèses que le bon sens a du mal à expliquer, mais qui ne devraient toutefois pas nous surprendre, car cela fait belle lurette que le Bulgare a pris l’habitude de demander qui, quoi et pourquoi, sans espérer recevoir une réponse adéquate.
Version française : Sonia Vasséva
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