Il y a des mots qui nous font du bien, et d’autres qui nous blessent au plus profond de notre cœur… Des mots magiques, des mots tactiques, qui sonnent souvent faux mais qui font partie de notre vie…Depuis quelque temps, plusieurs théories se confrontent sur la force des mots, psychologues, conseillers et guides spirituels essayant de nous faire croire que les mots que nous utilisons et l’énergie que nous déployons sont ‘en quelque sorte des révélateurs de la qualité de notre communication et de la valeur de notre existence…

Et pourtant, chacun de nous a la capacité de se forger lui-même son monde de vérités et de mensonges, qu’il habille dans des mots en leur donnant une couleur en fonction de ses états d’âme ou des dispositions de son esprit. La sagesse du peuple a toujours considéré la parole comme un effet concret, voire même matériel. Les Bulgares ont un adage qui dit : « Mot prononcé, pierre jetée ! » Ite missa est…Nos anciens nous conseillent de choisir les mots que nous employons, car une fois sortis de la bouche, on en perd le contrôle et l’impact sur notre interlocuteur…

« Le mot n’est pas un moineau, mais une fois lâché, on ne peut plus le rattraper ! » 

D’après une légende, un homme croisa dans la forêt un ours. Tous deux décidèrent de devenir amis. Et leur amitié fut heureuse jusqu’au jour où l’homme se plaignit de la mauvaise haleine de l’ours. Profondément blessé, l’ours obligea l’homme à le frapper de sa hache sur la tête et couvert de sang, il s’enfuit dans les profondeurs du bois. Un an plus tard, l’ours est l’homme se rencontrèrent à nouveau et l’ours demanda à l’homme de chercher dans son pelage la cicatrice du coup de hache, qui avait disparu. « La marque de la hache, tu ne la retrouveras plus, mais tes paroles amères, rien ni personne ne saura les effacer », dit l’ours à son ancien frère…

Tout comme les autres peuples, les Bulgares s’échangent des vœux et des paroles bienveillantes qui réchauffent le cœur. Des bénédictions aussi à l’occasion des mariages, baptêmes ou autres fêtes chargées de symboles chrétiens. Mais il y a aussi les paroles qui jettent l’opprobre ou qui résonnent comme une malédiction. Des mots qui font peur et qui nous font craindre le pire…

Toujours est-il que vouloir du mal à son prochain, voire lui jeter un sort en proférant des formules incantatoires est considéré comme un lourd péché, qui très souvent se retourne contre celui qui a osé en user. Alors pourquoi ne pas se souvenir de cet autre adage bulgare qui nous conseille sagement : « Ouvre la bouche que si c’est pour le bien ! »

Version française : Sonia Vasséva