La croissance du Produit intérieur brut (PIB) de la Bulgarie cette année sera de 2.6%, annonce le ministère des Finances. De son côté, l’agence internationale de notation financière Moody’s avance un chiffre plus optimiste - 2.7%. Le Fonds monétaire international va encore plus loin dans sa largesse et promet un rebond de 3% de l’économie bulgare, ce qui pourrait faire des envieux. A première vue les différences entre ces trois prévisions ne sont pas énormes, il s’agit à peine de quelques dixièmes de pourcent. Mais quand il s’agit d’un PIB de plus de 45 milliards d’euros, chaque dixième compte beaucoup car il signifie des centaines de millions d’euros qui ne sont jamais suffisants en Bulgarie. Les trois prévisions révisées cet automne ont cependant quelque chose de commun – toutes trois sont meilleures que les attentes printanières.
Quelles sont les raisons de ces décalages, peut-être pas considérables, mais tout de même significatifs, dans les évaluations et les prévisions des experts?
Les prévisions les plus surprenantes et les moins compréhensibles sont celles qui viennent du ministère bulgare des Finances. Même formelles, ces évaluations sont en fait révisées à la hausse par rapport au printemps, mais il ne faudrait pas oublier que ces derniers mois, le ministre des Finances Vladislav Goranov et son patron le Premier ministre Boyko Borissov n’ont cessé de répéter que la croissance économique de la Bulgarie atteindra des niveaux record de pas moins de 3%. A un moment donné le Premier ministre parlait même en toute conviction de 4%, voire même plus ! Aujourd’hui l’optimisme est plus tempéré à cause du ralentissement de la consommation intérieure et de la plongée des investissements publics sous l’effet des subventions européennes qui tardent à être débloquées. Le tableau économique pour l’année prochaine s’annonce encore plus décourageant et la croissance ralentira encore plus.
A la différence des autorités bulgares, l’agence Moody’s n’a jamais promis et vu se déverser sur la Bulgarie la corne de l’abondance. C’est en fait justement pour cela que la note du pays est bien modeste et plutôt décourageante pour les investisseurs. Malgré tout, l’agence vient de la confirmer et ne l’a pas abaissée, ce qui s’est produit pour bien d’autres pays plus développés et plus riches que la Bulgarie ces derniers temps. Cette modération se trouve illustrée dans les prévisions de l’agence pour la croissance économique au cours de cette année – 2.7%. Une performance assez bonne pour l’Europe et médiocre au niveau mondial.
Les prévisions des experts du Fonds monétaire international sont en fait les plus surprenantes. Il y a une vingtaine de jours ils sont arrivés en personne en Bulgarie pour inspecter tous et tout et finalement ils sont repartis pour Washington avec une prévision révisée de croissance de 3%. Auraient-ils été trop sensibles aux dithyrambes des officiels bulgares, ont-ils décelé des atouts secrets et cachés de l’économie bulgare, on ne sait pas très bien. Ce qu’on sait par contre, c’est que les trois institutions en question estiment que la période des vaches grasses de l’économie bulgare touche à sa fin et que l’année prochaine on devra encore plus se serrer la ceinture, sous l’effet de facteurs extérieurs à la Bulgarie. Les relations internationales tendues rendent le business hésitant et il se sent mal à l’aise surtout au niveau des projets sur le long terme. Le danger, d’autre part, de voir une partie des fonds européens de cohésion être transférée en faveur des mesures anti migratoires est bien réel. Or ces fonds sont la principale source financière pour les investissements publics en Bulgarie. Tout cela ne manquera pas de pénaliser et de freiner la petite, mais très ouverte à l’extérieur économie bulgare, qui encaisse très douloureusement les phénomènes négatifs sur les marchés internationaux.
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