25 jours après Pâques et avant la Pentecôte, les Bulgares de la région de Batchkovo et Assenovgrad, dans le midi de la Bulgarie, font ressusciter des us et coutumes où le christianisme se trouve enrichi par les traditions et les pratiques folkloriques locales. Ils sont peu nombreux ceux qui connaissent cette fête qui tombe toujours un mercredi, au milieu de la semaine. Mais pour les habitants de la région d’Assenovgrad et Batchkovo, cette journée a une signification particulière, une icône emblématique de la ville se rendant « en visite » au monastère de Batchkovo.

L’icône qui part en pèlerinage se trouve à l’origine à l’église « Sainte Vierge et Annonciation » et on lui attribue depuis la nuit des temps des vertus miraculeuses. L’église elle-même est construite en 1830, à l’emplacement d’une ancienne chapelle qui appartenait au monastère de Batchkovo qui par la suite fait don de l’icône. Au début on l’appelle l’Eglise poissonnière, à cause des décorations de son dôme dont la brillance rappelle les écailles de poissons, mais aussi à cause des poissons qui nagent paisiblement dans le bassin de la chapelle dédié à Saint Jean Baptiste. Ainsi en cette période entre-deux, l’icône miraculeuse d’Assenovgrad trône au milieu d’une procession qui se dirige solennellement vers le monastère de Batchkovo. Le rituel commence la veille au soir avec l’arrivée de nombreux fidèles des 4 coins du pays qui passent la nuit sur place. Le lendemain, l’icône est hissée sur une chaise à porteurs fleurie et la procession peut commencer. Tous les habitants de la ville sortent sur le pas de leur maison et tentent de la toucher, espérant recevoir une partie de sa force miraculeuse.

Il fut un temps où la procession se rendait à pied jusqu’au monastère, mais aujourd’hui tout le monde y va en voiture ou en car. Arrivée au monastère, l’icône est accueillie solennellement par le supérieur du monastère qui lui réserve une place de choix, pour que tous les fidèles puissent l’approcher et s’y recueillir. Et lorsque à la fin de la journée, l’icône reprend la route, il commence à pleuvoir et l’on dit que c’est parce qu’elle se met à pleurer…

D’après les anciens chroniqueurs, cette coutume serait en rapport avec les luttes religieuses bulgaro-grecques  au début du 19^e siècle. Quant à la tradition orale, elle associe cet évènement à un évènement prodigieux, connu comme la messe angélique ou céleste. Et il serait effectivement question d’un miracle qui se serait produit un hiver, autour de minuit. Un cortège d’anges aurait emprunté le chemin du monastère de Batchkovo à l’église poissonnière où ils avaient célébré une messe, sous le son des cloches et baignant dans la lumière divine. Ceux qui entendirent le son des cloches pensèrent à un mariage célébré secrètement en pleine nuit, d’autres furent frappés par le halo de lumière à l’emplacement de l’église. Et ce n’est que le lendemain que la vérité leur fut révélée, une messe célébrée par des anges, et pas par des êtres humains…Quelque temps après, Sultani Chichmanova d’Assenovgrad, connue pour ses dons de voyance fit un rêve étrange. Elle vit la Vierge Marie lui ordonner à ce que tous les ans l’icône miraculeuse soit transportée au monastère de Bachkovo, pour que les miracles continuent à se produire…

Version française : Sonia Vasséva