Le débat sur la légalisation du cannabis est en cours depuis des années dans beaucoup de pays dans le monde. Le cannabis dans sa forme naturelle est autorisé en tant que médicament contre une liste de maladies aux Pays-Bas, en Italie, au Portugal, en Belgique, en Israël, au Canada, dans certains États américains.

L’année dernière la marijuana médicinale a été mise en vente légalement dans les pharmacies de la République tchèque au profit de patients, souffrant de cancer, Parkinson, sclérose en plaques et psoriasis. La Roumanie est devenue le dixième pays de l’UE, à avoir légalisé l’utilisation de produits à base de marijuana à des fins médicales. Et pourtant chez nous on ne comprend pas encore que l’usage de marijuana à des fins médicales et le fait d’en fumer librement restent deux choses totalement différentes. Cela a été aussi une des principales raisons pour l’organisation du premier séminaire en Bulgarie sur la libéralisation du régime de production et d’utilisation de cannabis – « Cha?nvre: parlons de la marijuana ».

Le biologiste docteur Youlian Karadjov a été un des intervenants lors de ce séminaire.

Votre présentation est intitulée « Le problème avec un problème inventé. Comment pourriez-vous la résumer brièvement?

« Je la résumerais brièvement en disant que le problème est vraiment inventé. Il existe une opinion largement répandue, pas très correcte, en vertu de laquelle les décennies pendant lesquelles le chanvre industriel a rencontré des problèmes au niveau de son exploitation agricole et de son utilisation, seraient le résultat de l’interdiction de la marijuana. En fait, c’est l’inverse. La marijuana avait été qualifiée de terrible drogue sans aucune donnée scientifique à cette époque-là, afin que le chanvre industriel soit interdit. Mais les choses changent. Voici par exemple, une nouvelle qui annonce que le service de lutte contre les stupéfiants aux États-Unis a demandé à la Commission fédérale en charge des aliments et des médicaments à revoir le statut de la marijuana, ce qui signifie que la glace commence déjà à se fissurer ».

Au cours de la majeure partie de l’histoire humaine la marijuana avait été tout à fait légale, ses propriétés thérapeutiques ont été décrites déjà avant la nouvelle ère. La première loi américaine sur la marijuana est

entrée en vigueur à Jamestown, en Virginie, en 1619. C’était une loi, qui « ordonnait » à tous les fermiers de cultiver du chanvre indien. Au cours du 18^ème, du 19^ème et au début du 20^ème siècles cette culture est cultivée dans des quantités industrielles partout – des États-Unis à la Bulgarie, alors que la teinture à base de cette plante était vendue même dans les pharmacies.

Début 2014 ce sujet a provoqué chez nous des réactions sociales assez fortes à cause du nouveau Code pénal, d’après lequel la marijuana est placée au même niveau que tous les autres stupéfiants. Chaque personne, qui est en possession même d’une seule cigarette de marijuana, encourt une peine de prison allant de 1 à 6 ans. Mais cela arrive à un moment, où la vente de la drogue douce à des fins médicales est libéralisée en Europe. Au début de cette année la Commission européenne a approuvé une initiative citoyenne paneuropéenne pour la légalisation de la marijuana « Weedlike to talk ». Ce type d’initiatives sont une sorte d’invitations à l’égard de la CE pour qu’elle propose une législation sur une question donnée. Elles doivent être appuyées par au moins un million de citoyens de l’Union européenne issus d’au moins 7 États membres.

Sur le sujet de la « légalisation » nous avons sollicité également l’avis de l’avocat Kaline Anguélov:

Faut-il réglementer la production et la consommation de marijuana à des fins médicales et comment peut-on faire cela en vertu de la loi bulgare?

« La réponse est oui – il le faut. Comment peut-on faire cela en vertu de la loi bulgare – malheureusement la seule démarche légale passe par une modification de la législation. Il faut trouver un moyen d’y parvenir. Actuellement il n’y a pas de voie légale, par laquelle il serait possible de proposer de la marijuana médicale, c’est-à-dire nous devrons y réfléchir à partir de maintenant. » 

Dans quel partenariat doit-on faire cela?

« Certainement avec le Ministère de la Santé et le Ministère de l’Intérieur, auquel on doit laisser seulement le droit d’émettre un avis. Alors que les idées pour un changement doivent venir principalement du Ministère de la Santé. »

Après quelques décennies de présence de la marijuana dans la liste criminelle, aujourd’hui dans un nombre croissant d’États on fait la distinction entre les craintes de la toxicomanie, d’une part, et les avantages médicaux, de l’autre. Le séminaire: « Cha?nvre: parlons de la marijuana », qui s’est tenu à Sofia ce week-end, a marqué le début d’une discussion sur le sujet chez nous aussi.

Version française : Tsvetan Nikolov