La croix, appelée encore “le signe des signes” est un symbole de l’Antiquité que connaissent les cultures de nombreux peuples à travers le monde. Sa présence est habituellement liée au soleil et au feu, d’aucuns la considèrent comme l’équivalent de l’arbre de vie. Le christianisme lui attribue une place encore plus grande puisque liée à la crucifixion de Jésus.

L’Exaltation /ou l’élévation/ de la Croix entre au calendrier des fêtes à la suite d’une série d’événements dans l’histoire religieuse : son apparition miraculeuse à l’Empereur Constantin le Grand ; la découverte de la Croix sur le chemin du Calvaire et son retour de captivité chez les Perses.

La croix est également présente dans l’architecture et la décoration des églises chrétiennes, c’est aussi l’attribut incontournable des rituels accomplis dans les églises à diverses occasions. A sa naissance, le nouveau-né se voit offrir une croix en or au bout d’une chaîne, signe de son appartenance à la religion chrétienne. Il fut un temps où l’on tatouait une croix sur le front des petites filles pour qu’elles ne soient pas enlevées et assimilées de force par les musulmans. Un médaillon sous forme de croix est également porté par les femmes enceintes.

En l’an 312, à la tête de ses armées, Constantin le Grand marchait sur Rome pour sauver la capitale du tyran Maxence. Ses troupes étaient peu nombreuses et il invoqua l’aide de Dieu. A la nuit tombante, il vit au ciel une croix de feu entourée de cette inscription «Tu vaincras en faisant confiance à ce signe». Le soir, Dieu apparut à l’empereur dans son sommeil et lui demanda de faire faire une bannière en forme de croix et d’en orner les heaumes et les boucliers de ses soldats. Et en effet, par la force de la Croix Constantin le Grand réussit à vaincre les troupes de Maxence et fit son entrée triomphale dans Rome.

Le jour de l’Exaltation de la Croix donne lieu à un jeûne rigoureux. Selon la tradition, le jour et la nuit se croisent à cette date, avant d’annoncer le début de l’automne. Le temps fraîchit, l’eau de mer devient plus froide. Le 14 septembre les agriculteurs de certaines régions du pays commencent les labours et les semailles. C’est aussi l’époque des vendanges. Les premières grappes de raisin sont apportées à l’église pour y être bénies, car elles apportent santé et prospérité. La fête de l’Exaltation de la Croix est aussi l’occasion d’organiser de grands festins, les tables croulant sous les feuilletés aux poireaux et au fromage, les grosses miches de pain odorantes, la courge caramélisée cuite au four, les fruits de saison.

Tous ceux qui ont pour prénom Krastio, Krastana, Krastina et Stavri ont leur fête.   

L’Exaltation de la Croix est également liée à un site très pittoresque de Bulgarie, appelé Krastova gora /la Forêt de la Croix/, connu comme un des hauts-lieux du christianisme attirant de nombreux pèlerins. Situé dans le massif des Rhodopes, à 60 km de Plovdiv, à une altitude de 1545 m, c’est une clairière magique blottie au cœur d’une belle forêt. Selon la légende, une particule de la croix de Jésus y aurait été enterrée, ce qui explique l’afflux de fidèles de tout le pays. On raconte de nombreuses légendes sur ce lieu de recueillement, toutes liées à la croix de Jésus et au miracle de la guérison.

A l’entrée de cet ensemble de chapelles se trouve l’église de l’ «  Intercession de la Sainte Vierge » dont la construction date de 1995. De là, une allée mène au sommet d’une petite colline où sont situés des chapelles consacrées aux 12 apôtres.

Les visiteurs du site croient aux puissances miraculeuses de la croix et à ses pouvoirs de guérison des maladies incurables. Près des chapelles se trouve une source qui d’après les légendes aurait aussi des vertus curatives.

Le jour de l’Exaltation de la Croix est aussi considéré dans le calendrier des fêtes des Bulgares comme le début de la saison des fiançailles et des mariages. Un moment particulièrement important auquel les familles patriarcales se préparaient comme il se doit, en pensant au bonheur et à la belle vie de leurs enfants en âge de convoler…

Version française: Sonia Vasséva
Photos: Archive