Dans les Archives sonores de la Radio Nationale Bulgare sont conservés les souvenirs du compositeur pour les débuts :
« En 1951 a été adoptée une décision de l’État pour la création d’un ensemble folklorique en Bulgarie. L’occasion en était le chœur « Piatnitski », qui en 1949 a été invité chez nous et a laissé une grande trace. On a commencé à dire pourquoi ne pas fonder chez nous aussi un ensemble pareil, étant donné que nous avons un folklore si riche. La réalisation de l’idée et l’organisation m’ont été confiées. Ce n’était pas facile. J’ai décidé de réunir les chanteurs, les danseurs et les instrumentistes les plus talentueux de toutes les régions folkloriques. Après avoir fait cela, sont apparus les problèmes courants, mais ils ont été réglés aussi. L’objectif le plus important pour moi était de savoir vers où devais-je conduire l’ensemble. Les premiers participants étaient non qualifiés. Tout à fait intentionnellement j’avais préféré les talents innés, qui sont spontanés, authentiques. Je sélectionnais des chansons avec des textes riches, de belles mélodies et une riche métro-rythmique des différentes régions de la Bulgarie. Nous avons sorti le folklore du musée et lui avons donné une nouvelle vie. Mon « objectif stratégique » était, après avoir constitué l’ensemble, de couvrir tout le pays d’un réseau d’ensembles folkloriques pareils. Heureusement, c’est arrivé sans qu’il y ait un ordre « d’en haut ». Des gens originaires de villages et de villes ont commencé à venir chez nous, à demander comment organiser de leur côté aussi des chœurs et des orchestres. Aujourd’hui ils sont des centaines et font un travail très noble – ils recherchent, conservent et traitent le folklore de leur région natale. Suite à l’apparition d’ensembles a été créé également un autre mouvement – celui des kermesses folkloriques. Là-bas les gens chantent et dansent de la manière, qu’ils ont apprise de leurs mères et pères, grands-mères et grands-pères. Nous soutenons ces kermesses, nous vivons avec elles. Parce qu’elles montrent le folklore authentique, duquel nous aurons toujours des choses à apprendre. Il est inépuisable, nous allons en extraire dans l’avenir de nouvelles idées. »
Maria Koutéva, épouse du célèbre compositeur, qui partageait ses idées et qui l’a assisté pendant de longues années, revient aussi vers les débuts. Elle est folkloriste et philologue de l’ensemble dès sa création. Son récit donne des détails très importants sur l’époque et la situation culturelle, dans laquelle se retrouve l’ensemble nouvellement créé.
« Au début c’était très difficile – confie-t-elle. À cette époque Philip Koutev travaillait encore à la MCAP (Maison centrale de l’Armée populaire), où il était responsable de la partie musicale. Il persuadait ses collègues du besoin pour la Bulgarie d’avoir un ensemble folklorique. En ce moment il y avait déjà des pièces, créées sur une base folklorique. Nous appréciions le spectacle de danse « Nestinarka » de Marin Goléminov. Mais c’était de la musique, écrite avec des moyens d’expression académiques. Le plus grand enthousiasme a été manifesté par les compositeurs, qui travaillaient dans cette direction – Petko Staïnov, bien sûr, Marin. Un homme, qui était extrêmement compétent et profondément persuadé de la valeur de cette nouvelle initiative, qui nous a appuyés beaucoup, après la création de l’ensemble. C’était le compositeur Dimitar Nénov. Progressivement mon mari a persuadé les institutions étatiques, tout dépendait de celles-ci. Il a pris la partie musicale. Sur sa recommandation Margarita Dikova est devenue responsable de l’ensemble de danses, alors qu’Ivan Kavaldjiev s’est chargé de l’orchestre. Néva Touzsouzova avait la responsabilité des costumes. C’était un bonheur pour l’ensemble, parce qu’elle avait la même vision des choses – de garder le style, mais de prendre en considération les lois de la scène. Parfois les qualités les plus intéressantes des œuvres folkloriques sont occultées, si elles sont transposées automatiquement sur la scène de concert. Les premières chansons, que Philip a créées, avaient seulement pour objectif d’apprendre aux chanteuses à chanter en chœur. C’était des filles qui avaient de la voix mais sans aucune formation musicale. Elles étaient si heureuses d’entendre leurs propres chansons, interprétées par un ensemble. »
Version française : Tsvetan Nikolov
Photos: philipkoutev.com
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