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Sur le front des réfugiés, rien de nouveau

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Le centre d’accueil à Harmanli
Photo: BGNES

Le flux de réfugiés en provenance de la frontière avec la Turquie ne tarit pas. Les centres d’accueil à Harmanli, Pastrogor, Liubimetz et Sofia affichent complet. Les réfugiés viennent principalement des pays du Proche-Orient et à vrai dire, la plupart d’entre eux ne voient pas leur avenir en Bulgarie, un pays pauvre, leur destination finale c’est bien l’Europe de l’Ouest.

Un groupe de demandeurs d’asile tente de passer clandestinement la frontière avec la Bulgarie aux environs de la ville d’Elkhovo, une région difficile d’accès. Les caméras de la police des frontières les interceptent et des patrouilles sont envoyées sur place. Les demandeurs d’asile sont arrêtés pour tentative de passage clandestin de la frontière et sont transférés pour contrôle d’identité à la direction de la police régionale d’Elkhovo. Par la suite ils sont transférés dans les centres de réfugiés où ils attendent la décision des autorités concernant leur statut.

Ce cas de figure, décrit par un agent de la police des frontières se répète pratiquement chaque jour depuis cet été à la frontière sud du pays. C’est pourquoi les centres d’accueil des demandeurs d’asile y sont ouverts. Depuis le début de la guerre civile en Syrie, au centre de Harmanli Dimitar Slavov, un juriste du Comité Helsinki de Bulgarie prend en charge les réfugiés, leur prodigue des conseils, leur explique les formalités pour obtenir le statut humanitaire ou le statut de réfugiés.

 
« Jusqu’à l’année dernière, à Harmanli il n’y avait que des tentes et des caravanes. On n’avait pas l’électricité, l’eau, l’assistance médicale, on manquait même de personnel, dit Dimitar Slavov. - Les choses se sont arrangées avec le temps. Tous les jours nous accueillons jusqu’à une trentaine de personnes. A lui seul, leur enregistrement, avec l’aide de un ou deux interprètes, prend beaucoup de temps. Sans parler de la pression purement numérique, nous avons accueilli 2150 personnes pour le seul mois d’octobre. »

Bien que les conditions d’hébergement à Harmanli se soient nettement améliorées, les demandeurs d’asile ne cachent pas leur mécontentement. Ils se plaignent surtout de la lenteur avec laquelle l’administration examine leurs requêtes pour leur donner ou refuser le statut de réfugiés ou le statut humanitaire. Le nouveau directeur du Centre Marko Petrov connaît tous les 1760 réfugiés hébergés sur le site. 90% sont des Kurdes syriens et la plupart ont fui le pays avec leur famille.

« Ils se plaignent d’être quand même à l’étroit, dit Marko Petrov. – On leur a donné une seule pièce qu’ils soient une ou deux familles. Nous faisons de notre mieux pour loger chaque famille dans une pièce, mais il ne faut pas oublier que nos capacités sont limitées. Tous les jours nous arrivent entre 80 et 100 personnes et les deux derniers mois nous avons dû faire face à une vraie déferlante. »

La Bulgarie  se trouve sur la route du flux de réfugiés en provenance du Proche-Orient vers l’Europe de l’Ouest, ce qui met à rude épreuve les autorités bulgares qui n’étaient pas préparées à accueillir pareille vague migratoire.

« De toute évidence cette vague de réfugiés qui déferle à la frontière avec la Turquie, la Bulgarie n’est pas de taille à l’assumer à elle seule, affirme Stoyan Stoyanov, le chef de la police régionale des frontières à Elkhovo. - C’est un problème européen auquel il faut trouver une solution commune et conséquente. L’UE est créée pour nous entraider au besoin et non pas pour faire subir des pressions de ce genre à ses frontières extérieures, j’ai en vue non seulement la Bulgarie, mais la Grèce et l’Italie, où la pression est la plus forte. »

Le grand problème des autorités bulgares c’est que les réfugiés ne se présentent pas aux postes frontières, mais passent la frontière en clandestins. La raison en est, aux dires de Stoyan Stoyanov, qu’ils n’ont pas de passeports. Le passage clandestin de la frontière est un acte criminel, d’où les longues formalités pour établir leur identité et la prise de décision pour les placer sous protection.

« D’après nos propres informations et celles des services de nos partenaires, il s’agit d’un flux migratoire organisé, poursuit Stoyan Stoyanov. - Une fois arrivés en territoire turc, ils recourent aux services des passeurs. A ce business illégal prennent part non seulement des citoyens turcs, mais aussi des demandeurs d’asile qui viennent de Syrie, d’Afghanistan et d’ailleurs. Presque tous sans exception passent par des groupes criminels organisés. La grande concentration des passeurs est à Istanbul et dans les plus importantes villes de part et d’autre de la frontière, où sont organisées les filières en question. Sans oublier qu’une telle organisation demande de sérieux investissements. C’est pour cette raison d’ailleurs, que le recrutement de demandeurs d’asile désireux d’entrer en Bulgarie marche aussi bien » – dit en conclusion Stoyan Stoyanov.

Version française : Roumiana Markova



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