Jadis la Grande Forêt bulgare, la Magna silva bulgarica, le plus important massif forestier du Sud de l’Europe était dense et impénétrable. Ses arbres séculaires couvraient les régions qui s’étendaient de la Mer Noire jusqu’aux rives de l’Adriatique et du Danube jusqu’à la montagne des Rhodopes. De nos jours de ce témoin silencieux de l’histoire dont le chêne de Granit du village éponyme réputé comme étant le plus vieux chêne de Bulgarie et classé monument historique depuis 1967 il n’en reste plus grand-chose, à peine que 9%. Actuellement la superficie de la Magna silva bulgarica s’est rétrécie comme peau de chagrin. Ce qui est le plus affligeant c’est que ce sont justement les forêts séculaires qui font l’objet de coupes sombres, le plus souvent effectuées avec le consentement tacite de certaines structures institutionnelles.
Il y a diverses raisons de cet abattage sauvage en fonction du type de propriété et des essences. Certaines forêts appartiennent à des particuliers. Selon le ministère de l’Agriculture et des Aliments ces derniers sont au nombre de 2,5 millions et aux termes de la loi en vigueur on peut y abattre des arbres sans aucun discernement ni programme ce qui fait que des territoires importants se retrouvent progressivement dénudés.
Ces biens forestiers de petite superficie sont assez fréquents dans le Nord-Ouest du pays depuis la ville de Veliko Tarnovo en passant par Lovetch et Montana et pour en arriver jusqu’à Vidine sur le Danube. Les terres agricoles arborées sont elles aussi menacées de déboisement. Ces dernières années, à cause de la demande grandissante de terres agricoles pour en faire des pâturages, les terres agricoles envahies par les arbres se sont en réalité transformées en forêts et leurs propriétaires ou locataires ont entrepris de les « défricher ».
En d’autres termes cela veut dire qu’ils se livrent à un abattage sauvage. Ces territoires sont considérables et qui plus est on n’en connaît même pas les paramètres. Bien souvent l’abattage sur ces superficies n’est pas réglementé et par conséquent ne fait objet d’aucune sanction. Voilà pourquoi ces mauvaises pratiques créent des précédents déplorables qui seront supprimés grâce aux amendements proposés à la loi sur les forêts par le ministère de l’Agriculture et des Aliments. Aux dires du vice-ministre Guéorgui Kostov on envisage aussi de revoir les règles portant sur la pratique de la sylviculture privée et la formation des gardes forestiers:
"Chaque personne désirant pratiquer le métier de garde forestier pour son propre compte, pour celui de la commune ou de l’Etat doit obtenir une licence – explique le maître de recherches Guéorgui Kostov. - Cette certification est assez libérale et permet à certains agents qui ont le droit d’exerce ce métier d’en abuser. Nous avons des gardes forestiers licenciés, privés ou publics qui délivrent des autorisations d’abattage d’arbres de l’ordre de 350-360 par an, ce qui veut dire que ces personnes ne connaissent pas les sites pour lesquels elles délivrent les autorisations en question. Car ce nombre de permis équivaut aux nombres de jours de l’année et il est pratiquement impossible de faire le tour de tous ces chantiers sur un an car chacun d’eux demande au moins un jour voir un jour et demi d’inspection pour connaître l’état des lieux. Pour ce faire, le garde forestier est tenu de se rendre sur les lieux. Ils doivent passer aussi par des cours de mise à niveau. Responsabiliser les agents forestiers est une autre formule de contrôler les autorisations d’abattage qu’ils délivrent ce qui les obligera à suivre de plus près les firmes des bûcherons."
Des amendements sont envisagés également aux autres textes législatifs, liés aux infractions, aux sanctions et à la prévention des pratiques illégales dans les massifs forestiers. L’informatisation du système de production de bois et de son transport est également à l’étude:
"En fait le bois coupé est légalisé d’une manière ou d’une autre. Ce qui nous amène à appliquer un strict suivi depuis la délivrance de l’autorisation de coupe jusqu’au transport du bois. Une des idées serait de délivrer un titre de transport électronique qui ne permettrait pas de taxer par deux fois un seul et même convoi. Le régime actuel permet des fraudes : par exemple les camions sont autorisés à faire un seul trajet par jour mais en réalité ils en font deux ce qui fait qu’ils transportent le double du volume de bois coupé autorisé. L’équipement de GPS des camions de transport ainsi que le montage de caméras de surveillance vidéo sur les lieux d’entrepôts ou de transformation du bois est également à l’étude. "
Version française: Roumiana Markova
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