La Saint Lazare, en bulgare Lazarovden ou Lazaritsa, fait partie des fêtes dites mobiles, et elle est toujours célébrée le samedi précédant le Dimanche des Rameaux, c.-à-d. 8 jours avant Pâques.

En ce jour, le calendrier orthodoxe marque la résurrection de Lazare de Béthanie par Jésus-Christ qui lui dit: “Lazare, lève-toi et marche!”. Cet événement présage en fait, d’une manière symbolique, la résurrection du Sauveur qui aura lieu dans 8 jours. Dans le folklore bulgare, on marque cette fête, d’une part, en rendant hommage aux morts, et, d’autre part, en adressant aux vivants les voeux d’une vie heureuse, de santé et de fertilité dans les mois à venir. La Saint Lazare est associée également aux symboles du printemps, la période de transition entre l’hiver et l’été, quand la nature se réveille et renaît la nouvelle vie.

Selon les croyances populaires, le Dimanche des Rameaux, qui porte en Bulgarie le nom de Vrabnitsa ou la fête des Saules, les âmes des morts sortent des tombeaux et attendent leurs proches. C’est pourquoi à la veille de cette fête, c.-à-d. le Samedi de Lazare, les femmes préparent des pains traditionnels ornés de croix et les apportent aux cimetières avec encore du blé bouilli et une gourde de vin. Selon une vieille tradition, dans certaines régions du Nord-Est de la Bulgarie, le Dimanche des Rameaux les gens apportaient aux cimetières des branches de saule consacrées, les piquaient dans les tombeaux, puis allumaient un feu et pleuraient les morts. De cette façon, les vivants communiquent avec leurs proches décédés et cherchent leur protection, car, d’après les croyances populaires, les morts possèdent la force d’aider les vivants et c’est justement au royaume des morts, dans les entrailles de la terre, que se cachent les racines de la vie.

L’autre côté de la fête est beaucoup plus vif et joyeux. C’est la coutume appelée lazarouvané qui existe toujours dans nombre d’endroits en Bulgarie, surtout dans les villages et les petites villes, et dont les participants sont les jeunes filles qui vont se marier dans l’année. Vêtues en habits de Pâques ou en robes de mariées empruntées à des proches et portant des couronnes de fleurs et de saule, elles vont de maison en maison, dansent le Lazarsko horo et chantent pour tous les membres de la famille, en leur souhaitant amour et bonheur, un mariage heureux et beaucoup d’enfants. Les maîtresses de maison les accueillent chaleureusement et leur offrent des pains rituels et des œufs blancs à colorer pour Pâques. On croit que chaque maison où ont joué et chanté les lazarines, c’est ainsi qu’on appelle ces jeunes filles, sera joyeuse et heureuse.

Le répertoire des lazarines comprend un grand nombre de chansons qu’elles interprètent aux différents moments du rituel: lors du rassemblement du groupe, sur le chemin, sur les champs, dans les jardins des jeunes filles, etc. Il y a également des chansons pour chaque membre de la famille: pour le riche paysan, pour la femme habitant une grande maison, la jeune mariée, la femme enceinte, pour l’enfant, le laboureur, le berger, l’orfèvre, le tailleur, le prêtre, etc.

La majorité des chansons qu’on entend à la Saint Lazare sont tout de même dédiées aux jeunes filles et garçons dont le mariage approche et leur souhaitent un amour heureux et une famille bien soudée. Elles sont pleines de symboles dont les plus fréquents sont l’or et l’argent, signes de l’abondance et du bonheur; les fleurs printanières avec lesquelles on compare les jeunes; et la pomme d’or comme symbole de l’amour. Les chansons des lazarines décrivent en détail la beauté extraordinaire de la jeune fille et la force de l’amour du jeune homme. Certaines d’entre elles racontent l’histoire d’un jeune qui part à la chasse, mais au lieu d’attraper un gibier, il piège une jeune fille et l’emmène chez soi, d’autres parlent de célibataires qui aiment deux ou même trois filles à la fois, ou encore de filles aimées par des dragons, etc.

Version française: Sia Karaguiozova