L’existence post numérique est-elle possible ? - nous tenterons d’apporter une réponse à cette question grâce au festival international du Design et des Arts visuels ONE DESIGN WEEK qui se déroulera à Plovdiv pour la deuxième année consécutive du 19 au 28 juin. La septième édition du festival s’articule autour du thème « Digital one ». Elle sera déclinée sous plusieurs aspects lors d’une exposition spécialement conçue pour l’occasion et qui a pour titre « Existence post digitale ». Par tradition le forum réunit d’illustres pointures du design et des arts visuels et qui incarnent les tendances contemporaines dans la branche. Le commissaire de l’exposition est l’artiste hollandais René Beekman qui vit et travaille en Bulgarie depuis 12 ans. Il est le fondateur-concepteur de la filière Master «  Arts numériques » à l’Académie nationale des Beaux-arts à Sofia. Il s’exprime en bulgare pour nous en dire plus long sur le sujet :

« Le titre de l’exposition « Being Post-Digital » est tiré du livre « Existence numérique » de Nicholas Negroponte. L’ouvrage est sorti en 1995.  L’histoire du livre retrace la transition d’un monde analogique vers l’univers numérique. Les événements ont évolué si rapidement. Même ce que nous entendions à l’époque par numérique, aujourd’hui, ce n’est plus ça. Au début, on pensait que l’ordinateur se résumait à un clavier et une souris. Nous vivons actuellement, depuis une quinzaine d’années, dans une période appelée post digitale. Littéralement cela signifie « ce qui a été avant » mais ne l’est plus à présent. Mais en réalité « Being Post-Digital » a su frayer son chemin au fil du temps. Cette exposition présentera moins de vidéos, mais bien de la peinture et de la sculpture numérique, ou du moins numérique au niveau du concept. » 

En 2000 le fameux compositeur de musique électronique Kim Cascone introduit pour la première fois le concept "post digital". Depuis, le terme est largement utilisé lorsqu’on parle art contemporain et culture. Il décrirait au plus juste la situation dans laquelle nous nous trouvons – c’est-à-dire, nous ne sommes même plus soucieux de devenir « numérique », mais sommes déjà carrément dopées aux outils numériques.Les changements induits par cette évolution impactent considérablement notre mode de vie, notre schéma de pensée et façon de communiquer. L’exposition montrera des travaux d’une vingtaine d’artistes de huit pays qui œuvrent par le biais du numérique. René Beekman nous en dit plus long :

« Je vais vous présenter trois artistes contemporains : Addie Wagenknecht – une artiste américaine qui vit et travaille entre New York et l’Autriche. Son œuvre « Black Hawk Paint » lancé en 2007/2008  comme une expérience picturale privilégie un drone en guise de pinceau. Le drone peint sur une toile posée horizontalement sur le plancher de la galerie, le travail pouvant prendre d’une à huit heures. Chaque pièce est complètement unique. L’artiste vise à provoquer des sentiments confus chez le spectateur, un sentiment  de romantisme envers la technologie et l'expression créative.

L’artiste belge Frederic de Wilde travaille à la jonction entre science et art. Il travaille en collaboration avec des laboratoires et des universités du monde entier, les laboratoires de la NASA notamment. L’artiste suédois Carl-JohanRosén, présentera sont travail “I speak myself into an object “ qui représente un logiciel informatique et un livre à la fois.

Nous avons voulu en savoir davantage sur le regard que René Beekman porte sur le train des nouvelles technologies et la manière qu'elles ont de se reflèter dans notre façon d’être en général – « Je ne crois pas qu’il arrivera un temps, où nous utiliserons la technologie en moindre mesure, bien au contraire – nous sommes résolument rentrés dans l’ère du numérique » - dit-il en conclusion avec le sourire.

Version française par Lubomira Ivanova