Pour la première fois, une footballeuse bulgare arrive à percer dans Ligue de football d’Angleterre. Il s’agit d’Evdokia Popadinova, qui est âgée de seulement 19 ans et déjà meilleure buteuse de l’équipe féminine Sportika de Blagoevgrad. Elle vient de signer son contrat avec l’équipe de Bristol Academy. « Je ne vais pas en Grande Bretagne pour rester sur le banc des remplaçants, nous confie-t-elle. J’y vais pour donner le mieux de moi-même. J’ai des ambitions et beaucoup de travail m’attend ». Nous lui avons demandé comment se sent-t-elle sur le chemin de Blagoevgrad à Bristol. 

« Ce fut un long chemin à parcourir. Je m’entraine depuis toute petite et le succès vient maintenant. J’imaginais que cela m’arriverait plus tôt, avant mes 18 ans. Mais je suis contente que cela se passe maintenant, je suis plus adulte et plus consciente des choses ».

On lui demande souvent, pourquoi elle a choisi le football qui est un sport d’hommes. En fait, c’est arrivé tout à fait naturellement, car son père est entraineur de football et il lui a transmis la passion. Elle joue depuis toute jeune et à 11-12 ans elle commence à s’entrainer professionnellement. Au début, son père n’est pas enchanté, car en Bulgarie à cette époque le foot féminin n’est pas très développé. Mais il accepte son choix, car il se rend compte qu’elle a du talent. Dans tous les moments difficiles, son père était à ses côtés. Après une grande contusion, elle doit se retirer du jeu pendant sept mois. Pour Eva, c’était une période de doutes, elle a failli abandonner le foot. Mais son père réussit à la convaincre de continuer. Aujourd’hui cette épreuve la rend plus forte, on lui dit même qu’elle est de caractère masculin. 

« Je ne pense pas que j’ai un caractère masculin, je tiens à ma féminité. Mais quand je suis sur la pelouse du stade tout change et je me bats comme un homme. Dans ce sport il y a beaucoup de douleur et si je me comporte comme une fille cela ne marchera pas ».

Chaque footballeur rêve d’une carrière internationale. Nous avons demandé à Eva comment une étrangère réussit à percer dans la Ligue d’Angleterre.

« Ce n’est vraiment pas facile, surtout pour les footballeurs bulgares, car ici le foot féminin ne se développe pas beaucoup et le transfert se fait difficilement. Pour y arriver, il faut prouver qu’on a du talent. Quand je suis arrivée en Angleterre je ne pensais pas qu’ils allaient me prendre, mais dès le deuxième entrainement, l’entraineur m’a proposé de rester. »

Eva est enchantée par l’accueil de ses collègues qui est très chaleureux et impressionnée par leur niveau de jeu. Les conditions de travail, le potentiel de développement et l’ambiance mettent toutes les chances pour réussir du côté du sportif. En Bulgarie, hélas, c’est très différent :

« En Bulgarie, les professionnels essayent d’améliorer les choses, mais les moyens investis ne sont pas suffisants. Quand nous jouons dans une autre ville de province, ce sont nos entraineurs qui cherchent les sponsors pour payer notre déplacement. Les entraineurs font tout ce qu’ils peuvent je ne peux que leur rendre hommage. Les uns et les autres essayent de trouver les équipements, des camps d’entrainement à l’étranger et ce n’est pas facile. Néanmoins, je pense que le foot féminin en Bulgarie a de l’avenir, car nous avons beaucoup de joueuses de talent. »

Version française : Miladina Monova

Crédit photos : Archives personnelles