Une zoopolice au sein du ministère de l’Intérieur sera chargée d’enquêter sur les cas de violence sur des animaux. De toute façon, le Code pénal envisage des sanctions sévères dans le cas de crimes de ce genre, une détention en prison de cinq ans ou une amende de 25 000 euros, par exemple, mais les cas d’une condamnation réelle sont rares car il est très difficile de rassembler les preuves nécessaires pour une accusation bien motivée.

„Le ministère de l’Intérieur ne considère pas de manière sérieuse ce genre de crimes, explique Yavor Guetchev, chef du département Communications de la Fondation Quatre pattes. - La violence contre les animaux, tout comme les délits de moindre importance contre les hommes, sont considérés partout dans le monde comme extrêmement dangereux car ils ne font que précéder la violence contre les humains. Dans 70% des cas la première victime de violence est un animal de compagnie domestique, suivi d’un membre de la famille. Les assassins en série font également partie de cette catégorie de criminels car la plupart d’entre eux ont commencé par la violence contre les animaux pour en finir par des atteintes mortelles contre les humains. Tout cela pour dire que ce phénomène préfigure la manifestation de futurs criminels et qu’il est important qu’ils soient arrêtés avant de s’attaquer aux hommes“.

La mise en place d’une police qui veille sur les animaux donne un signe important indiquant qu’à l’ avenir on accordera une importance beaucoup plus grande aux crimes contre les animaux. D’autant plus que le nombre des cas de violence tend à augmenter ces derniers temps et ils ont atteint le chiffre de 181 l’année dernière.

„Une des principales raisons pour cette montée est le sentiment d’impunité que ressentent beaucoup d’hommes, tout comme le fait que la société vive dans un stress permanent. Dans le même temps, on enregistre de plus en plus souvent des cas de violence contre des animaux et on parle de plus en plus de ce genre de crimes. Du moment où ils attirent à ce point l’attention du public cela laisse à penser que la société est de moins en moins prête à tolérer un tel comportement“, соnfie Yavor Guetchev.

Le dernier exemple à ce titre date d’il y a quelques jours quand des gens sensibles ont amené à la Clinique des Quatre pattes un chien errant avec une balle dans le dos. Et comme il arrive d’ordinaire dans des cas pareils, on n’arrive pas à trouver des témoins de cette agression et le tireur armé continue de se balader en toute impunité dans la capitale au moment où la pauvre bête a été endormie à jamais à cause de ses graves blessures. Le ministère de l’Interieur n’a même pas été alerté pour le cas. „Beaucoup de gens ne se donnent même pas la peine car ils savent qu’il n’y aura pas de résultats de l’enquête de la police. Certains policiers par ailleurs font la sourde oreille quand on leur annonce des cas de ce genre“.

Les gens seront plus motivés à révéler des crimes de ce genre devant la police s’ils voyaient des résultats pratiques de leur vigilance. Mais depuis l’entrée en vigueur des sanctions pour la violence contre les animaux il y a quatre ans, il n’y a que deux personnes qui ont été condamnées à trois mois de prison et les amendes infligées sont d’un montant moyen de 500 euros.

„Les tribunaux, eux non plus, ne prennent pas très au sérieux cette sorte de criminels, estime Yavor Guetchev. – C’est pour cette raison que nous allons prochainement exiger que la justice soit plus stricte à ce niveau. Quels que soient dans ces conditions les efforts de la police et peu importe le taux d’interpellation des mis en cause, si le tribunal de justice ne condamne pas les cruautés, le résultat sera nul“.

La zoopolice bulgare sera mise en place à l’exemple des Pays-Bas. Deux officiers de police dans chaque direction régionale du ministère de l’Intérieur seront chargés d’enquêter sur des cas de cruauté ou de mort, on y ajoutera plus tard les cas de trafic d’animaux exotiques. Le ministère envisage dans un premier temps de sélectionner des officiers qui aiment les animaux, des agents motivés et parlant des langues étrangères. Ils seront formés par des policiers hollandais. Et si tout marche comme prévu, la zoopolice bulgare sera opérationnelle dans environ six mois.