Au début de cette semaine nous avons appris la tragédie des deux femmes migrantes retrouvées mortes de froid dans les environs de Malko Tarnovo, près de la frontière turque. L’une semblait avoir environ trente ans, l’autre peut-être autour de 16 ans. Selon le ministère de l’Intérieur ces femmes faisaient partie d’un groupe de 19 réfugiés clandestins, qui ont été abandonnés par leurs passeurs.
Pendant ce temps, les tensions entre Ankara et Bruxelles sur la question des réfugiés montent. Il y a quelques jours, le président turc Recep Erdogan a menacé d’inonder l’Europe de migrants, si cette dernière ne fait pas plus d’efforts pour soutenir la Turquie. Il s’est dit excédé par les pressions d’ouvrir la frontière aux quelques dix milles personnes fuyant la dernière offensive de l’armée syrienne contre les opposants dans la ville d’Alep. Rappelons que la Turquie a accueilli 2,7 millions de Syriens et 300.000 Irakiens qui ont fui depuis 2011 la guerre dans leur pays. « Nous savons être patients, a – t-il déclaré, mais à un moment donné nous pouvons ouvrir les portes et leur souhaiter „bon voyage“ ».
Si Erdogan met ses menaces à exécution, nous savons vers où d’abord vont se diriger les réfugiés – vers la Grèce et la Bulgarie. Et s’il ne faisait que bluffer ? C’est vrai qu’il n’a pas jugé suffisante l’aide d’1 milliard d’euros de l’ONU, d’autre part les 3 milliards d’euros promis par l’UE se font attendre. Or, la Turquie a déjà dépensé de son propre budget environ 10 milliards d’euros depuis le début de la guerre en Syrie. C’est logique que la Turquie demande plus pour retenir le flux de réfugiés.
Le ministre de la Défense Nicolay Nentchev qui a commenté les propos d’Erdogan a déclaré « que nous devons être préparés à tous le scénarios possibles ». Il a voulu rassurer en ajoutant que l’armée bulgare a les ressources suffisantes pour garder la frontière. Cependant, si demain à nos frontières se pressent des centaines de milliers de réfugiés, on sait qu’aucune armée n’arrivera à les retenir. Si l’on ajoute à cela la visite à Sofia de Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen à la Migration, il semble bien que tout le monde se prépare à l’éventualité d’une nouvelle grande vague de réfugiés.
De son coté, la ministre de l’Intérieur Roumiana Batchvarova a rassuré son interlocuteur en confirmant que la position bulgare ne coïncidait pas avec celle du groupe de Visegrad et surtout de la Hongrie, qui demande à la Bulgarie de fermer sa frontière avec la Grèce. « Nous devons soutenir la Grèce qui est notre voisin et partenaire ». C’est l’hiver, la pression migratoire sur la Grèce n’a pas baissé, mais pour le moment la Bulgarie reste à l’écart de leur trajectoire d’exil. Mais jusqu’à quand ?
Version française : Miladina Monova
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