La future présidentielle en octobre peut sembler encore loin, mais certaines déclarations politiques montrent qu’on commence à y penser déjà. Il y a une dizaine de jours, le Premier ministre Boyko Borissov qui est aussi le leader de GERB a déclaré que ni lui, ni le vice-président du parti Tsvétan Tsvétanov ne seront candidats au poste de Président de la République. Il y a deux jours, lors d’une réunion Boyko Borissov a encore évoqué le sujet, en disant qu’il se demandait s’il valait la peine de nominer un candidat de GERB, si ce dernier affichera des positions différentes du parti, comme l’a fait récemment le Président Plevnéliev. En effet, ces derniers jours, le Président interrogé sur la déclaration du Premier ministre qu’il existait un « scénario de déstabilisation des Balkans », a dit que selon lui il n’y avait pas de tel scénario.

Apparemment cela n’a pas plu à Borissov. De cette réunion on a compris que GERB n’allait pas proposer la candidature de Plevnéliev pour un second mandat et que probablement un candidat indépendant sera mieux accepté. Or, quelques heures plus tard, Tsvétan Tsvétanov a déclaré le contraire : que GERB allait proposer un candidat du parti. Ces différents sons de cloches indiquent que la campagne présidentielle entre à l’ordre du jour et qu’à cette étape le débat reste ouvert. La décision sera prise au plutôt en juin, d’ici là, le parti de la majorité va sans doute tâter le terrain.

Du côté de la formation de droite Bloc réformateur (BR), qui fait partie de la coalition au pouvoir on tâte aussi le terrain. Mégléna Kounéva, présidente d’un des partis du BR - le Mouvement Bulgarie des citoyens - a déclaré que les partis du BR chercheront un candidat commun pour la présidentielle. Elle a proposé Nayden Zélénogorski, qui est co-président du groupe parlementaire du BR. On sait déjà que trouver un candidat qui plaise à toutes les composantes du Bloc ne sera pas facile. Rappelons qu’un des petits partis membres de la formation, les Démocrates pour une Bulgarie forte (DSB) est passé dans l’opposition, tout en restant dans le BR, qui fait partie du gouvernement. Le BR a annoncé qu’il attendra la fin de l’été pour proposer son candidat et que celui-ci ne devrait pas être leader politique d’un des partis de la formation.

Dimanche dernier, Gueorgui Parvanov qui est dirigeant du petit parti de gauche ABV, ancien dleader du Parti socialiste et Président de la république a surpris tout le monde avec son appel lors du congrès du parti nationaliste VMRO. Il a déclaré qu’il est temps d’unir les forces patriotiques dans le pays derrière une candidature unique. Le candidat au poste de Président doit porter les valeurs « d’un nationalisme et d'un patriotisme authentiques, éclairés et modernes ». D’ailleurs, dès janvier dernier Parvanov avait dit qu’ABV soutiendra la candidature d’une personnalité qui représentera une alternative à la politique de l’actuel Président et qu’il se prépare à de larges consultations pour une candidature de consensus. Pour l’ancien Président, ce n’est plus pertinent d’articuler les campagnes présidentielles dans le schéma gauche-droite, ce qui explique pourquoi il appelle à une candidature de consensus, soutenue par différentes formations politiques.

Du coté des centristes, la situation est compliquée depuis que le Mouvement des droits et des libertés (MDL) s’est divisé et donné naissance au parti DOST, dirigé par Lutvi Mestan. Pendant 25 ans, le MDL en tant que 3^e force politique jouait le rôle d’arbitre entre les deux grands partis. Maintenant nous nous retrouvons dans une situation tout à fait nouvelle. Ainsi, sur le tableau politique de la future élection présidentielle se dessinent les contours d’une droite, une gauche et un centre tous divisés et entre-déchirés.

Version française : Miladina Monova