Le 7 juin dernier, la Cour européenne de justice a délibéré en faveur de la requete d’une ressortissante ganhéenne en France, qui depuis 2013 est en garde à vue, jugeant que „la directive retour s’oppose à ce qu’un ressortissant d’un pays non UE puisse, avant d’être soumis à la procédure de retour, être mis en prison au seul motif de son entrée irrégulière sur le territoire d’un État membre via une frontière intérieure de l’espace Schengen“. Ce cas va sans-doute faire jurisprudence pour tous les autres pays de l’UE. La Bulgarie est aussi concernée, même si elle est loin d’être aussi submergée par des réfugiés, comme le sont la Turquie, la Grèce et la Macédoine. Mais ceux qui passent, on sait qu’ils sont arrétés par la police pour avoir franchi illégalement les frontières.

Mais nous avons aussi le problème de ces jeunes aux crânes rasés qui s‘organisent en groupes pour faire la chasse aux réfugiés dans la foret de la Strandja et ces dérives ont de quoi inquiéter, même si apparement depuis deux mois il n’y a pas eu de telles actions et la police a repris le contrôle.

Pour Krassimir Kunev, de l’organisation des droits de l’homme "Bulgarian Helzinki Cometee", ces manifestations de violence et d’hostilité envers les migrants doivent être prises au sérieux.

„En général, l’attitude vis-à-vis de la question des migrants est négative, l’opinion publique est montée délibérément contre eux et on cherche à suisciter des sentiments de rejet. Depuis l’année dernière nous avons un gouvernement qui gouverne avec le soutien de deux tout petits partis ultra-nationalistes. Les citoyens sont montés pas seulement contre les étrangers, mais aussi contre les minorités. C’est pourquoi, les groupes qui font ce qu’on appelle des „arrestations de réfugiés“ sur nos frontières se sentent encouragés d’agir même si leur activité est criminelle“.

La ministre de l’Intérieur Roumiana Batchvarova s’est aussi déclarée fermement contre ces pratiques. Elle pense que les Bulgares sont hostiles aux migrants par manque de connaissance des processus migratoires globaux auquels il faudra s’habituer.

Daniel Kaddik, président de la branche bulgare de la Fondation politique allemande Friedrich Naumann a une autre explication :

„La Bulgarie investit dans des centres d’accueil de réfugiés, mais pour ces derniers il n’y a pas de perspectives s’il restent dans le pays. Ni sur le marché du travail, ni pour un niveau de vie correct qui permetterait l’intégration. Je pense que la Bulgarie sous-estime le problème de la migration et que par le pays il passe beaucoup plus de réfugiés que ne le disent les statistiques du ministère de l’Intérieur. On sait que les passeurs ont leurs réseaux, on sait aussi que la corruption au niveau de la police des frontières est un vrai probème“.

Les autorités bulgares prévoient une reprise du flux migratoire à travers la Bulgarie, car les groupes de réfugiés en Grèce du camps fermé d’Idoméni sont dispersés et cherchent une nouvelle route vers l’Europe occidentale.

Version française : Miladina Monova