La lutte contre la drogue est de plus en plus à l’ordre du jour dans la société bulgare. Récemment, une conférence a réuni des responsables politiques, des élus locaux, des experts et des représentants de la société civile qui ont débattu différentes mesures urgentes à introduire. Parmi les propositions, celle qui a suscité le plus de réactions est l’idée d’introduire des tests de dépistage de drogue dans les écoles, comme mesure prophylactique obligatoire. Le ministère de l’Intérieur a de son côté organisé une campagne d’information intitulée « Ensemble contre la drogue » et « Les enfants contre la violence », avec une exposition au Musée du ministère à Sofia. La conservatrice du musée Pépa Vidarchinska nous a parlé du contenu de l’initiative.

« Probablement, toutes les écoles de Sofia ont déjà visité cette exposition. Dans plusieurs villes de province des variantes de la même expo sont aussi montrées. Nous présentons des informations sur le contenu des drogues, sur les techniques de dépistage, des journaux intimes des victimes de la drogue, des photos et des documents. L’exposition raconte aussi l’histoire des différentes substances comme l’opium, l’héroïne, la morphine et le cannabis. On apprend aux parents comment reconnaitre par des signes extérieurs la prise de substances illicites, c’est quelque chose que chaque parent peut apprendre. Nous donnons aussi des informations utiles aux institutions qui aident les narco-dépendants. Notre message est que le consommateur de drogue est quelqu’un de malade, il a besoin d’aide et de compréhension. Ce n’est pas lui le criminel, mais les trafiquants et producteurs de substances illicites. C’est aussi une manière de sensibiliser les enfants auxquels on ne doit pas parler seulement de lois, interdictions et restrictions. A eux on explique en donnant des exemples de la vie des personnes qui sont devenues victimes de ce fléau. Il est important de savoir que personne n’est à l’abris, qu’on soit de milieu aisé, avec une bonne éducation ou pas, chacun est exposé ».

Dimitar Karaguérov travaille pour une ONG qui aide des personnes dépendantes en les accompagnant sur le terrain, lorsqu’ils achètent leur drogue. L’objectif est de leur éviter au moins la consommation des produits synthétiques menaçant directement leur vie. Il pense qu’il est urgent de prendre des mesures législatives autre que l’emprisonnement des narco-dépendants, car la répression a  surtout des résultats négatifs.

« Le fait est que les lycéens se procurent la drogue entre eux. Les enfants ne se rendent pas compte de ce qu’ils consomment et ne connaissent pas le contenu. Il y a de plus en plus de jeunes hospitalisés pour avoir consommé des drogues synthétiques dérivés du cannabis, produits en Chine et très bon marché. Ces dérivés contiennent des substances qui peuvent être fatales pour le consommateur. Le problème est que l’apparition de drogues synthétiques en Bulgarie est due précisément à cette politique de lutte contre la drogue, car lorsqu’on interdit une substance, le marché passe entre les mains du crime organisé, qui fabrique son propre produit. L’économie souterraine cherche sans cesse de nouveau substituts et dérivés. Rappelons, qu’avant l’apparition de la cocaïne qui est un dérivé chimique, les populations en Amérique du Sud consommaient des extraits naturels de feuilles de coca ou comme les missionnaires catholiques et la Reine d’Angleterre buvaient du vin de coca, sans avoir des problèmes de narco-dépendance ».

Version française : Miladina Monova