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De la réconciliation entre la Russie et la Turquie et des conséquences pour la Bulgarie

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Photo: BGNES

Cela s'est passé lors d’une émission télé au sujet de la nomination du candidat à la présidence du parti au pouvoir GERB qu’on attend toujours. Le Premier ministre Boyko Borissov s’est déclaré très inquiet du contexte politique international, comme s’il voulait suggérer au public que le futur Président doit être quelqu’un qui soit capable d’occuper le poste de Haut commandant de l’armée, garant de la sécurité nationale et de la paix dans le pays. Peut-être quelqu’un comme lui, en fait ou au moins comme l’image qu’il donne. Dans tous les cas, il ne sortira pas indemne de cette affaire de nomination, que ce soit lui ou un autre qui va au casse-pipe.

La semaine dernière, la rencontre tant attendue entre le Président Poutin et le Premier ministre turc Erdogan a eu lieu à Saint Pétersbourg. On sait que des pourparlers entre les deux chefs d’Etat dépendent indirectement les futures relations entre la Turquie et l’UE et l’évolution de son dossier de candidature pour entrer dans l’UE. A Sofia on a aussi suivi attentivement les discussions, surtout au sujet des projets énergétiques qui nous concernent directement. Etant donné que la Bulgarie est entièrement dépendante du gaz russe (95%), la question est éminemment politique. Ni la Bulgarie, ni ses partenaires occidentaux ne se réjouissent de cette dépendance qui est aussi le reflet des politiques de droite et de gauche les 25 dernières années.

Il y a 14 ans le Président d’obédience socialiste Guéorgui Parvanov s’était personnellement investi dans la réussite des trois grands projets : la nouvelle centrale nucléaire Béléné, le gazoduc South Stream et le réseau pétrolier Bourgas-Alexandroúpolis. Aucun n’a pu depuis voir le jour, mais tous les trois sont toujours d’actualité. Au début de son premier mandat Borissov était plus ou moins contre, mais au fur et à mesure que le temps passait, il est devenu plutôt pour. Récemment, lors d’une rencontre avec des entrepreneurs américains à Sofia il a dit qu’il était contre les projets russes, mais peu après, à la veille de la rencontre entre Poutin et Erdogan il a dit le contraire, en se référant à la position de la CE qui n’est pas contre les trois projets à conditions que les contrats conclus respectent les règles européennes. Cette nouvelle volte-face est probablement due à la soudaine réconciliation entre la Russie et la Turquie qui modifie la position bulgare sur le plan géopolitique. Si Moscou et Ankara se réconcilient la Bulgarie redevient une figure faible sur l’échiquier du jeu énergétique. Par exemple, au sujet de l’énergie atomique, les chefs d’Etats russe et turc à Saint Pétersbourg ont parlé du projet de construction d’une nouvelle centrale atomique en Turquie qui couvrira les besoins en électricité de la région. Cela signifierait que la Bulgarie n’obtiendra pas ce marché d’exportation pour la centrale hypothétique de Béléné si jamais cette dernière voit le jour. De même pour le projet de gazoduc South Stream, qui n’a pas abouti et auquel s’est substitué le projet Turkish Stream qui contourne la Bulgarie. Maintenant la Bulgarie veut bien ressusciter South Stream, mais à Saint Pétersbourg la Président Poutine a déclaré que la Russie demandera des garanties « en béton armé » avant de s’engager de nouveau dans des négociations, étant donné le temps et l’argent qu’elle a déjà perdu dans cette affaire. Autant dire qu’il n’a pas répondu par un « oui » clair à la demande bulgare.

Dans le contexte d’une réconciliation probable entre la Russie et la Turquie, la Bulgarie se voit comme économiquement perdante. Pour le Premier ministre Borissov, le futur Président qui sera élu en automne peut devenir un allié ou un adversaire, mais question continuité dans les positions sur les grands sujets, on n’en saura pas plus. 


Version française : Miladina Monova




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