Récemment, il a été décidé que le 6 novembre un référendum sur le code électoral se déroulera en même temps que l’élection présidentielle. Tout le débat depuis quelque mois montre que l’enthousiasme pour ce mode de consultation populaire augmente, car on y voit une expression de la démocratie directe. L’initiative pour ce referendum vient d’un animateur télé, qui à partir de son émission a suscité la ferveur de milliers de ses fans et recueilli des signatures au sujet de questions sur le code électorale. Les six premières questions ont aisément gagné l’approbation de tous ceux mécontents de la politique en Bulgarie. Dans un pays au système démocratique fragile et corrompu, pour beaucoup de citoyens la proposition de diminuer par deux le nombre de députés à l’Assemblée nationale, d’introduire le vote électronique pour réduire le nombre de voix achetées et l’élection des commissaires de police pa scrutin majoritaire semblent la panacée. Or, précisément ces trois questions n’ont pas été retenues par le Conseil constitutionnel. Restent les 3 autres, soumises par le showman : pour ou contre le scrutin majoritaire dans l’élection des députés, pour ou contre le vote obligatoire et pour ou contre les subventions des partis politiques.
Le référendum donc aura lieu et l’euphorie des débats montre les attentes de citoyens, qui espèrent quelque chose de la démocratie directe, car la confiance en la classe politique et surtout à l’égard de nos représentants à l’Assemblée n’a jamais été aussi basse. Tous les 4 ans nous devons élire 240 députés dont on n’attend plus grand-chose. Le référendum semble promettre plus de participation des citoyens dans des décisions qui devraient être prises par les députés auxquels on ne fait plus confiance. Le problème c’est que les citoyens doivent se prononcer sur une question qui souvent en cache une autre. Par exemple, en 2013 on a demandé au Bulgares s’ils étaient pour le développement de l’énergie nucléaire, mais la question posée était « Devons-nous développer l’énergie nucléaire en construisant une nouvelle centrale ? » En fait, le référendum était sur la nouvelle centrale qui divise les politiques depuis des années. Le peuple a répondu à 60% « oui », mais ceux qui sont pour le développement de l’énergie atomique ne sont pas forcément pour une nouvelle centrale. Inversement, ceux qui ont voté contre ne rejettent pas forcément l’énergie atomique, mais ne veulent pas d’une seconde centrale. Trois ans plus tard, nous savons déjà que cette consultation nationale n’a pas apporté plus de clarté au sujet du projet de centrale à Béléné.
En réalité, les référendums sur des questions aussi essentielles annihilent le débat politique qui est censé avoir lieu en période électorale entre candidats. Les politiques rarement proposent des idées à leurs électeurs, avant d’avoir consulté leurs souhaits d’une manière ou d’une autre. Ils ne se confrontent pas avec des projets concrets et n’informent pas des différents enjeux des problèmes. Ainsi, il nous occupe de petites intrigues et sujets secondaires, sans s’engager dans des débats de fonds et programmes à long terme. Dans ce contexte, il est naturel que les citoyens cherchent un autre moyen pour changer les comportements politiques.
Or, la croyance en le référendum comme une sorte de formule magique qui ressoudera tous les problèmes est néfaste. Personne ne peut gouverner au moyen du référendum, parce que ce dernier est un instrument et pas une fin en soi. Car, il faut se demander qui pose la question, comment et pourquoi ? Quand on voit qu’un présentateur de show télévisé peut utiliser sa popularité et le désespoir des gens pour ses propres projets politiques on n’est pas plus rassuré. On ne peut déléguer au peuple qui reste une abstraction la prise de décision et la responsabilité politique.
Nous allons voir ce qui en sortira du référendum en novembre. Ce qui est d’ores et déjà certain, c’est que ce vote n’apportera pas plus de confiance dans les institutions politiques et au mieux, augmentera la popularité du show man instigateur et, qui sait, peut-être marquera le début de sa carrière politique.
Version française : Miladina Monova
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