Au Centre de débats "La Maison rouge" à Sofia a eu lieu la première du spectacle « Yon, une pièce pour enfants adoptés ». C’est le résultat d’un projet d’action sociale promu par le programme « Entrée », qui soutient le cinéma documentaire. La compagnie de théâtre documentaire VoxPopuli est l’autre partenaire du projet. Stéphanie Handjiiska est anthropologue, chorégraphe et interprète de danse moderne. Au micro de RBI elle nous présente le projet et ce qui l’a attiré pour participer. Pour elle, parler de ceux qui ont adopté et qui ont été adoptés est une victoire contre les préjugés.

« Nous avons remarqué qu’au départ les gens réagissent avec une vision négative – mais de quels malheurs et misères dans les orphelinats va-t-on me parler encore ! Les premières images qui viennent en tête ce sont les yeux tristes d’enfants en pleur, les petits lits en fer - que des clichés. Nous avons voulu montrer une autre réalité. Nous avons rencontré des familles qui ont adopté et parlé de ce qui se passe après l’adoption, car tout ne se termine pas avec la signature des papiers devant le juge ».

Avant les changements en 1989 l’adoption était un secret, on ne disait pas à l’enfant qui a été adopté bébé. Souvent, il l’apprenait d’une manière brutale par une connaissance, un voisin ou autre faux ami de la famille.

« Les parents d’aujourd’hui sont beaucoup plus raisonnables, explique encore Stéphanie. Ils ne veulent pas mentir et disent aux enfants dès le début. Ils sont conscients que dire la vérité ce n’est pas destructeur et même au contraire, cela crée de bonnes bases de confiance mutuelle. Ainsi, au cours de notre enquête nous avons rencontré deux profils d’enfants diamétralement opposés. Les uns ont grandi dans l’ignorance du fait de leur adoption, les autres l’ont su dès le début ».

L’équipe a présenté au public les interviews préalablement enregistrés dans un format audio en studio. Lors du montage ont été sélectionnés les moments-clés des entretiens qui font apparaître le mieux la position des interlocuteurs. Cette conception du spectacle documentaire se base sur l’idée qu’il faut garder l’authenticité des données recueillis, sans les décontextualiser. Lors du spectacle, les comédiens écoutent avec des écouteurs en format MP3et reproduisent le parler des interviewés de manière équivalente. Ils se confondent avec les personnages vrais. Un spectacle de danse accompagne le jeu des comédiens.

Il y a-t-il un miracle dans l’adoption, avons-nous demandé à Stéphanie Handjiiska ?

« Ces gens se sont des hérauts sans le savoir. On ne les voit pas mais ils sont parmi nous. Le chemin qu’ils parcourent, les épreuves qu’ils surmontent et pour les parents l’enjeu de laisser de côté son égo et son amour propre pour construire une famille, oui cela relève du miracle. Et je suis très heureuse de les avoir rencontrées ».

Version française : Miladina Monova