Troyan, une ville de Bulgarie centrale est l’emblème de la sculpture sur bois et de la céramique. Troyan est aussi la ville natale de la jeune femme dont nous vous invitons à faire la connaissance. Procédons par ordre chronologique : de par son père Ralitsa Yovkova est céramiste troisième génération, elle grandit dans l’odeur fraîche de l’argile, bercée par le mouvement du tour du potier. Elle termine le Lycée national des arts appliqués de Troyan et la classe de céramique de l’Académie des Beaux-Arts de Sofia.

„A l’Académie j’ai eu des moments de doute, je ne savais pas si j’avais fait le bon choix, si je ne m’étais pas laissée aller à la facilité ou je n’avais pas été influencée par mes parents, qui sans trop le montrer me poussaient quand même dans cette voie – revient en arrière la jeune artiste.  - Il y avait des étudiants qui étaient meilleurs que moi et je doutais si j’avais fait le bon choix, d’autant que j’aimais bien les mathématiques. Après mûre réflexion j’ai décidé que je devais persévérer parce que j’avais derrière moi des années de métier, je devais poursuivre le travail des deux générations de céramistes qui m’ont précédées, puiser à leur expérience. Voilà comment  je me suis engagée dans une course de longue distance, j’ai beaucoup cherché, expérimenté, je voulais être reconnue par mes œuvres, par mon écriture personnelle. C’est ce que m’a appris, entre autres choses mon professeur à l’Académie Bojidar Bontchev avec lequel nous avons participé à une biennale en France. Il m’a dévoilé le secret de la réussite professionnelle. Soit on est au top et qu’on fait des céramiques d’art, qui se distinguent des céramiques traditionnelles. Soit on est meilleur que le premier du classement, ce qui est encore plus difficile, soit on est tout simplement différent. C’est comme ça que je suis revenue à la technique de mes ancêtres et grâce à elle je me suis fait un style qui me distingue des autres céramistes. Je parle de la technique de l’engobe, le revêtement mince à base d'argile délayée (colorée ou non), que l’on applique sur la céramique. Attention à ne pas confondre l’engobe avec la glaçure. L’engobe contient moins de pigments, ses tons sont doux dans la gamme pastel. Ces nuances ainsi que les dessins sont caractéristiques de mes céramiques.“

Les femmes céramistes à Troyan ne sont pas une exception. Le métier se porte bien, le sol étant aride et impropre à l’agriculture. Mais il est malléable ce qui fait un excellent matériau pour fabriquer de la céramique. Ralitsa Yovkova vend ses premiers objets à des touristes, sa mère est professeur de français et les touristes sont toujours les bienvenus dans leur maison. Actuellement elle travaille pour l’exportation, ses œuvres trouvent un excellent accueil en Allemagne, en France, en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis.

„Fabriquer la céramique est un processus assez technologique : le délai le plus court est de deux semaines, même pour façonner et parachever un simple pot“ – explique la jeune artiste:

„Au début comme chaque artiste qui fait ses premiers pas et qui veut se faire connaître, j’ai commencé à travailler avec des petits magasins, j’y laissais des pièces en consignation et c’est comme ça qu’on m’a remarquée et que je me suis trouvé des clients qui m’ont demandé de travailler pour eux sur toute une saison  - c’était le bonheur. Peu à peu ce sont eux qui cherchaient à me contacter et c’est comme ça que j’ai commencé à travailler pour l’exportation, grâce aux expatriés qui se chargeaient d’écouler les pièces que je leur envoyais. Chaque dessin, chaque gravure a ses passionnés. Le succès en France de la  première série de pièces en noir et blanc ne se dément pas. Les nuances plus douces, la gamme des verts sont très recherchées en Allemagne, les clients russes aiment les coloris plus éclatants.“

Et Ralitsa explique qu’il faut avoir une expérience de sept ans pour le moins pour qu’un céramiste soit en mesure de faire des services de table ou d’autres pièces plus délicates et élaborées.  Et derrière ce conseil il y a le travail, la patience et bien sûr l’amour du métier.

Version française Roumiana Markova