Le 2 juin, la Bulgarie rend hommage à Christo Botev, poète et révolutionnaire de talent, un des grands noms dans l’histoire de la Bulgarie dont la contribution est essentielle pour les guerres de libération du joug ottoman.

L’histoire nous fait remonter en 1876, dans la nuit du 17 mai, lorsqu’à la tête d’un détachement d’insurgés, Christo Botev monte sur le bateau autrichien Radetzki qui dessert une ligne régulière sur le Danube. D’autres bénévoles se joignent à eux. Le détachement est divisé en plusieurs groupes pour ne pas attirer l’attention des autorités roumaines. Le 29 mai, le bateau Radetzki est occupé par les révolutionnaires qui obligent l’équipage de jeter l’ancre sur la côte bulgare, non loin du village de Kozlodoui. Le voïvode adresse une lettre en français au capitaine du bateau. Ce dernier souhaite plein succès aux insurgés bulgares dans leur mission. Quelques jours plus tard, la compagnie d’insurgés arrive au pied du Balkan de Vratza. Christo Botev est tué dans un combat acharné et la plupart des insurgés périssent ou sont arrêtés. Seuls une dizaine de révolutionnaires réussissent à quitter la Bulgarie pour se réfugier en Serbie ou en Roumanie.

Pour la 71^e fois cette année, des touristes patriotes s’apprêtent à partir sur les traces des vaillants combattants, en organisant du 27 mai au 2 juin, la Marche de Botev, entre Kozlodouï et le pic Ocoltchitsa, où se sont déroulés les combats épiques immortalisés par un mémorial en hommage à Christo Botev.

Zornitza Radonova de l’Association du tourisme bulgare, qui depuis des années organise la marche, nous donne les détails de cet évènement : 

„C’est une idée qui appartient à trois vétérans du tourisme et qui date de 1946. L’un d’entre eux est l’écrivain Pavel Déliradev qui a une contribution importante dans l’histoire du mouvement touristique. C’est sous sa direction qu’en 1923 est organisée l’ascension collective du pic Moussala qui culmine à 2925 m. Les deux autres sont l’historien Ivan Velkov et l’écrivain Dimitar Ossinin. Tous les trois sont originaires de la région où Botev est ses compagnons de combat ont trouvé la mort.„

C’est ainsi qu’ils imaginent ce circuit qu’ils empruntent en mai 1946 pour baliser le chemin et la première Marche de Botev est organisée en 1947 pour des petits groupes de touristes /pas plus de 17/ qui se donnent rendez-vous à Kozlodouï arrivant de toutes parts par le Danube. Cette initiative patriotique prend de l’ampleur au fil des années si bien que 1976 est une année record avec ses plus de 8600 participants à la marche de Botev ! Après les changements démocratiques de 1989, on observe un reflux de fréquentation, même si ils sont toujours plus de 1000 à faire chaque année ce pèlerinage, dont 70% des écoliers…

Quels sont les principaux défis à relever sur ce circuit de 120 km ? La réponse de Zornitsa Radonova :

„L’itinéraire reste inchangé, il n’y a que les visages qui changent, même si l’enthousiasme et la ferveur sont toujours les mêmes. Des compétitions sont organisées dans les bivouacs, qui chaque soir invitent les marcheurs à des soirées artistiques, ou tout le monde chante et danse…“

En suivant la route, les touristes font à chaque fois escale au Muséum d’histoire de Vratza dont les riches collections renvoient à l’époque de ces journées épiques pour les combattants bulgares, assoiffés de liberté. Cette année, une conférence sera organisée le 1^erjuin sur le site où Christo Botev a trouvé la mort. Et ce sera la veille de la clôture officielle de la Marche avec une cérémonie de remise des prix de l’Association du tourisme bulgare et de la Ville de Vratza.

Version française : Sonia Vasséva