C’est un bruit que d’aucuns trouvent insupportable…Kling ! Klang ! Kling ! Devant leur forge, protégés par un tablier de cuir, les forgerons tapent inlassablement le métal en fusion devant eux. C’est le geste qui vient en premier à l’esprit quand on pense au travail du fer. Vision passéiste? Pas du tout. Même dans les aciéries ultra-modernes, le métal continue à être frappé par des sortes d’énormes marteaux. Et toute ce charivari de coups sert à lui faire adopter peu à peu la forme choisie. Mais pas que, car les coups ont pour mission de purifier le métal. Si l’on frappe le fer, c’est d’abord pour en éliminer ce que l’on appelle les "scories", c’est-à-dire les éléments impurs qui fragilisent sa structure. Car on trouve le fer dans la nature sous forme de minerai, qui comporte des impuretés, des particules de charbon de bois, par exemple, autant de points de faiblesse qu’il faut neutraliser…
En ce 26 octobre, fête professionnelle des forgerons et des maréchaux-ferrants, nous sommes allés visiter l’atelier de Lubomir Linkov, qui est devenu forgeron sur le tard, après des années de travail à l’usine comme électricien et soudeur et quelques années passées en Afrique du Sud où il se retrouve dans une entreprise de fer forgé. Petit à petit, il se découvre une nouvelle passion qu’il transforme en profession à son retour en Bulgarie. Et cela fait 15 ans que ça dure…
Forger est une création, un art authentique, commence son récit Lubomir Linkov. – Parfois, je travaille pendant des jours sur un modèle, imaginant ses formes, pour qu’il parle aux gens. J’expérimente aussi souvent, car il y a parfois des ratés. Vous imaginez une transformation qui ne se passe pas comme vous l’entendiez…Lorsque je travaille sur des commandes plus délicates, sur des objets élégants et plus gracieux, je commence toujours par bien écouter le client et son idée que j’adapte à mes méthodes et procédés de fabrication. Car la matière brute et froide doit rejoindre le rêve…C’est une question de maîtrise, une éternelle remise en question…
Vous pouvez tout commander à Lubomir Linkov, des têtes de lit, des miroirs, des chandeliers, des ustensiles de cheminée, des tables, des chaises, des objets de la vie quotidienne qui se distinguent par leur précision et le goût du détail. Est-il facile d’apprivoiser le morceau de fer ?
Le fer, il suffit de le chauffer un peu pour qu’il devienne malléable et qu’il se prête aux transformations les plus inattendues…Vous avez l’idée en tête, la volonté et la force pour l’exécuter, et grâce au feu, vous y réussissez, le fer cède sous vos doigts. Mais le fer a aussi une âme, parfois au lieu de vous brûler, il vous prodigue des carresses…
Une fois par mois, notre vaillant forgeron organise une Journée portes ouvertes dans son atelier, accueillant des centaines de curieux qui suivent attentivement ses gestes et sont même initiés aux rudiments du métier :
Tout le monde est le bienvenu, que vous soyez jeune ou adulte, je fais des petites démonstrations et invite même ceux qui le souhaitent à prendre le marteau et à essayer de faire parler le fer…Certains hésitent, d’autres se lancent sans réfléchir, les résultats ne sont pas toujours évidents, mais l’intérêt est là. Et moi, j’essaye de communiquer ma passion…
Quant au marteau, Lubomir Linkov ne le trouve pas lourd du tout : « Il est au forgeron ce que le pinceau est au peintre“, dit-il avec philosophie. – Chaque objet que je fabrique est un modèle unique qui ne ressemble à aucun autre. C’est comme les doigts d’une main, chacun est différent et ne ressemble pas aux quatre autres. Comme le bois travaillé aussi…Et c’est ce qui fait le charme de la vie, aucune trace de copier-coller, que de l’exception !
Récit : Sonia Vasséva
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