C’est une affaire qui défraye la chronique et que relancent inlassablement les médias en Bulgarie, dans une tentative de répondre à la question : y-a-t-il un rapport entre l’affaire « Skripal » en Grande-Bretagne et l’enquête menée en Bulgarie sur la tentative d’empoisonnement de l’homme d’affaires Emilien Guébrev ? La « bombe » a été lancée pour commencer par le site britannique d’investigation BELLINGCAT, relayée par son partenaire russe INSIDER, avant de se retrouver à la une des médias bulgares qui n’ont pas eu du mal à créer le buzz : « Un agent secret russe, impliqué dans l’affaire Skripal, serait lié à l’empoisonnement de Guébrev », « La Commission de contrôle des services secrets se saisit de l’affaire Guébrev ». Selon le journal « Times » la police de Londres et le MI5 britannique enquêteraient sur cette affaire bulgare depuis 2015. En gros, il s’agirait d’un agent du renseignement militaire russe, qui aurait joué un rôle dans l’affaire Skripal au Royaume-Uni, et qui pourrait être lié à l’empoisonnement d’un homme d’affaires et de son fils en Bulgarie. L’homme en question serait titulaire d’un passeport au nom de Sergueï Fédotov et se trouverait sur le territoire de la Grande-Bretagne au moment où le père et la fille Skripal se faisaient empoisonner au novichok. Selon Bellingcat, Sergueï Fedotov a atterri à Sofia en provenance de Moscou le 24 avril 2015. Quatre jours plus tard, Emilien Guébrev, un homme d’affaires dans le secteur de l’armement, et son fils, étaient hospitalisés, victimes d’un mystérieux empoisonnement. Fedotov repartait le jour même pour Moscou via Istanbul, alors qu’il avait un billet pour un vol direct deux jours plus tard.
L’affaire qui monte en puissance a donné lieu, hier, à un entretien dans le bureau du premier ministre bulgare Boyko Borissov, en présence de l’ambassadrice du Royaume-Uni à Sofia, Emma Hopkins, du procureur général de la République, Sotir Tsatsarov, du ministre de l’Intérieur Mladen Milanov et du chef de l’Agence d’Etat à la Sécurité nationale Dimitar Guéorguiev. Les commentaires politiques n’ont pas été évités. Un jour après que le président du groupe parlementaire de GERB, Tsvétan Tsvétanov a déclaré qu’il n’excluait pas une ingérence de la Russie dans les prochaines élections européennes et municipales en Bulgarie, l’ambassadeur de Russie à Sofia, Anatolii Makarov a réagi immédiatement, jurant qu’il n’avait reçu aucune consigne dans ce sens de la part de ses supérieurs à Moscou et que par ailleurs, il trouvait complètement absurde l’hypothèse de la "main de la Russie" dans la tentative d’empoisonnement du Bulgare Guébrev…
A l’issue de l’entretien du premier ministre avec l’ambassadrice du Royaume-Uni, il est devenu clair que la thèse du lien entre l’affaire Skripal et l’empoisonnement de l’homme d’affaires bulgares avait été lancée par Guébrev lui-même, l’an dernier, même si l’expertise chimique qu’il avait commandée en Finlande n’avait décelé dans son sang aucune trace de substance interdite par la Convention sur les armes chimiques. Ce qu’on a trouvé, en revanche, dans la maison de Guébrev, ce sont des traces d’insecticides dans une machine à café, ces mêmes traces qui se trouvaient aussi dans la salade qu’il avait consommé le soir en compagnie de ses partenaires commerciaux. Et le quotidien TRUD de publier à sa une le titre évocateur : « Guébrev, victime d’une machine à café et d’une salade?… »
Rappelons que vendredi dernier, le responsable du service de presse du président Poutine, Dmitrii Peskov a posé la question « comment peut-on imaginer que l’utilisation d’une substance toxique en Europe reste inaperçue en échappe à la vigilence en 2015 ? Pourquoi a-t-on mis tant de temps pour comprendre ce qui se passe ? La question reste ouverte et se prête à différentes interprétations…
Cette campagne ne serait-elle pas une tentative de faire sortir la Bulgarie de sa réserve, surtout quand on sait qu’il y a un an, elle n’a pas suivi la plupart des pays de l’UE et de l’OTAN qui ont expulsé des diplomates russes suite à l’affaire « Skripal » ? A cette époque, Sofia a dit avoir besoin de plus de preuves sur une éventuelle implication de la Russie…
Ne cachant pas sa satisfaction de son entretien avec Boyko Borissov, Emma Hopkins a déclaré que « les services de renseignement bulgares et britanniques travaillent main dans la main sur l’affaire Guébrev et que l’enquête se poursuivra même après le BREXIT ». Nul ne sait ce que voulait dire la diplomate, mais d’aucuns se demandent si la réouverture du dossier n’est pas liée, de près ou de loin, au départ de la Grande-Bretagne de l’Union européenne ?
Bien sûr, nous ne pouvons ignorer la version d’un règlement de compte entre l’armurier bulgare et un de ses partenaires privés mécontents. D’après l’ancien chef de l’Agence d’Etat à la Sécurité nationale, Tsvétlin Yovchev, une éventuelle implication d’un service de renseignement russe serait à exclure, car si c'était vrai, on pourrait dire que Moscou n’a aucun contrôle sur ses services spéciaux et leurs agents…
En attendant, le 14 février prochain, l’affaire sera étudiée par la commission parlementaire de contrôle sur les services de sécurité, ce qui viendra confirmer sa connotation politique…
Version française : Sonia Vasséva
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