Le chef de l’Eglise catholique  arrivera à Sofia le 5 mai à 10H00 et aura une série de rencontres protocolaires avec le premier ministre, le président de la République et le patriarche de l’Eglise orthodoxe bulgare. Lors de la messe de midi “Regina Coeli“, il adressera son message traditionnel au monde qui sera diffusé en direct de la place « Saint Alexandre Nevski » de Sofia. La sainte messe dominicale sur la place « Alexandre Battenberg » réunira au même endroit des catholiques, des orthodoxes, des protestants et des représentants de tous les autres cultes qui salueront le Saint Père et partageront ensemble ce moment de ferveur intense qui est une bénédiction pour la Bulgarie.

Le lendemain et avant de partir pour la ville de Rakovski où est concentrée la plus importante communauté catholique de Bulgarie, le pape François se rendra dans un centre d'accueil de réfugiés pour témoigner aux migrants son soutien et son amour. Car il est très sensible au destin des exilés, ce qui fait que le Vendredi saint lorsqu’il a présidé le Chemin de Croix au Colisée, un véritable exercice de piété, il a de nouveau évoqué le sort des migrants, qui se heurtent à des portes fermées, à cause de la peur et des cœurs blindés des politiques. A Rakovski, en l’église du « Sacré Cœur de Jésus », le pape François célébrera une messe à l’occasion de la première communion de quelques enfants issus de la communauté catholique de la ville.

Avant de quitter la Bulgarie pour se diriger vers la Macédoine du Nord, le souverain pontife adressera un message de paix depuis le « Petit Jérusalem », l’espace formé entre les églises orthodoxe et catholique, la synagogue et la mosquée de Sofia. Un vibrant appel que le monde entier pourra entendre, d’après l’exarque apostolique Christo Proykov :

Car c’est précisément en Bulgarie, que le futur pape Jean XXIII embrasse l’idée de la possible cohabitation des personnes de différents cultes et religions. Rappelons que dans la période 1925-1934, Angelo Roncalli est envoyé en Bulgarie, terre orthodoxe, en tant que premier visiteur puis délégué apostolique, avant de devenir pape en 1958, sous le nom de Jean XXIII. Et cette coexistence pacifique, nous l’avons en Bulgarie, où orthodoxes, musulmans, juifs et arméniens vivent depuis des siècles dans la paix et la tolérance. Et ils sont certainement nombreux à se demander pourquoi le pape François a choisi Sofia pour adresser son message de paix. La réponse est dans ce bel exemple que nous pouvons donner aux Balkans comme au monde entier.

Lors de cette cérémonie, on verra aux côtés du pape François les chefs spirituels des autres cultes religieux en Bulgarie, venus témoigner leur respect et leur soutien à l’appel à la paix qui, espérons-le, sera entendu dans tous les points chauds du monde, là où sévissent des conflits armés ou des régimes injustes et intolérants. Seul le Saint Synode de l’Eglise orthodoxe bulgare a refusé de participer à la cérémonie. D’après les canons, les chrétiens orthodoxes ne doivent pas prier en compagnie d’hérétiques, qui seraient, par présomption, tous ceux qui ne confessent pas la foi orthodoxe. Une explication que nous apporte le théologien Ivan Jélev. Et Iva Mikhaïlova d’ajouter :

Je n’utiliserais pas le mot refus pour décrire le comportement du Saint Synode. Il s’agit plutôt d’un renoncement à célébrer la messe avec nous, alors que nous n’avons pas invité des représentants de l’église orthodoxe bulgare à célébrer ensemble avec nous la messe. Sinon, le patriarche Néophyte recevra le pape François au siège du Saint Synode qui l’accueillera avec toute l’hospitalité qui lui est propre. En clair, on ne peut parler de tensions entre les deux églises et j’espère que la visite du chef de l’église catholique se déroulera dans un esprit de bonne entente. Et puis, d’ici le 6 mai, les choses peuvent changer. Les Bulgares orthodoxes sont 4 millions, bien plus que le Saint Synode et le patriarche, et ils sont libres de participer de leur propre gré à la célébration prévue à Sofia.

Pour mémoire, en 2002, le pape Jean-Paul II a officiellement innocenté la Bulgarie à Sofia précisément, pour l’attentat dont il a été victime le 13 mai 1981, sur la place « Saint Pierre ». 17 ans plus tard, le pape François apportera une valeur ajoutée à cette visite historique, pense encore la porte-parole des catholiques de Bulgarie :

La visite de Jean-Paul II était un précédent dans l’histoire, mais il faut reconnaître que c’était un autre pape avec d’autres priorités. Et si la visite de Jean-Paul II s’est surtout focalisée sur la communauté catholique, la visite du pape François est considérée comme un évènement d’importance nationale qui aura un retentissement mondial, avec cet appel à la paix que le souverain pontife adressera depuis Sofia. Et puis, le pape François a un programme plus dense, avec d’autres accents et une attention portée sur les Bulgares ordinaires. Il se rendra à Rakovski, certes, mais il s’adressera avec ferveur à tous ceux qui voudraient puiser dans sa foi, son espérance et son amour du prochain. Un messager de Jésus-Christ qui rend visite à la Bulgarie…

Récit : Sonia Vasséva