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Le prince Boris Ier Mikhaïl, le souverain visionnaire de l‘histoire de Bulgarie

La conversion des Bulgares, miniature de la copie du Vatican des Chroniques de Manassès
Photo: bg.wikipedia.org

Le prince Boris 1er Mikhaïl est une figure exemplaire, un des souverains les plus remarquables du Premier Royaume bulgare (681 – 1018). Incarnation sublime du destin historique de notre peuple et de l’Eglise orthodoxe bulgare, celle-ci lui a rendu hommage en le canonisant, et nous nous recueillons à sa mémoire le 2 mai.

Le professeur Petar Anguelov de la Faculté d’Histoire de l’Université Saint Clément d’Ohrid explique que „Boris dans son règne a été confronté à trois choix existentiels qu’il devait trancher. Paganisme ou christianisme - il opte pour ce dernier. Constantinople ou Rome, là aussi il fait preuve de sagesse en affirmant son ancrage culturel et religieux à Byzance en dépit des tentatives de Rome pour infléchir sa position après  870. Et en troisième lieu – maintenir le service religieux en grec, officialisé après la conversion au christianisme ou accueillir les disciples de Cyrille et Méthode et les charger d’instruire un clergé bulgare pour dire la messe dans une langue accessible à tous. “Toutes ces mesures, ayant marqué le règne du prince Boris (852 -889) ont été le gage d’un essor politique et culturel dynamique de son Etat.

Le prof. Anguélov rappelle que le prince Boris est issu „ de la dynastie du khan Kroum, puisqu’il est le fils du khan bulgare Pressian“. Et d’ajouter la difficulté de trouver des données de ce type dans les annales, rédigées par des étrangers pour la plupart, „parce qu’il était une personnalité affirmée qui en imposait. Ce n’est pas par hasard qu’il est considéré comme un des plus grands souverains de notre histoire“. Faisant preuve d’un instinct infaillible, Boris saisit la chance que lui offre l’histoire pour adopter le christianisme et se convertit le premier pour donner l’exemple en prenant le nom Mikhaïl/Мihaïl/.

„Une aussi grave décision n’est nullement le fruit du hasard – poursuit le prof. Anguelov. – Le prince est conscient qu’une grande partie de la population de certains régions est déjà devenue chrétienne, et en premier lieu celle de la Macédoine, rattachée à la Bulgarie au cours de la première moitié du 9e s., et convertie au christianisme du temps qu’elle faisait partie de l’empire byzantin. Cela nous rappelle l’époque de Constantin le Grand, qui, en 313 avait décidé de proclamer le christianisme religion d’Etat, conscient du fait qu’une partie considérable confessait la foi chrétienne. Et ce n’est pas non plus par hasard que Boris était surnommé le nouveau Constantin, parce que ce dernier avait adopté le christianisme dans l’empire romain, Boris, lui, se fait chrétien en 864 en Bulgarie. Une preuve de perspicacité face aux changements déjà intervenus, doublée de sagesse, quand on pense à la présence d’un puissant empire chrétien au sud avec lequel il pourrait cohabiter en paix en adoptant cette religion. “

Le 4 mars 870, à l’occasion d’un concile religieux l’Eglise bulgare est élevée au rang d’archiépiscopat autonome. L’accession à cette indépendance selon l’historien „ est le résultat de l’habileté diplomatique dont fait preuve le prince Boris. Il est le premier à mettre en œuvre le principe directeur de notre diplomatie – tourner à notre avantage les différends qui opposent l’Orient et l’Occident, globalement parlant, et dans ce cas précis, opposant Constantinople et Rome. “ Et le prof ; Anguélov de poursuivre en rappelant que le plus grand mérite de Boris au plan culturel est d’avoir affirmé et oeuvré au rayonnement de l’écriture slave et de sa littérature. L’œuvre des frères Cyrille et Méthode est liée à la Grande Moravie, parce que les lettres ont été inventées pour les populations slaves de cette région, non pas pour les Bulgares, qui à cette époque sont encore païens.  

„ Et s’il n’y avait pas eu la Bulgarie pour accueillir les disciples de Cyrille et Méthode explusés de Grande Moravie, certains même y avaient perdu la vie, cette œuvre ayant donné le jour à une nouvelle écriture n’aurait été rien de plus qu’un épisode consigné dans les sources historiques  – poursuit le professeur Anguélov. – L’immense mérite de Boris a été d’avoir accueilli en Bulgarie Noum, Kliment, Anguelarii, les disciples des deux frères, de les avoir aidé à ouvrir leurs écoles, à instruire et former un clergé et à faire du vieux bulgare la langue liturgique officielle. Cyrille et Méthode ont créé l’alphabet glagolitique. Or, nous nous servons des caractères cyrilliques, une des hypothèses étant qu’ils sont l’œuvre de Kliment. Ces mêmes caractères qui ont servi à traduire les livres liturgiques. Et quoi de mieux pour affirmer le christianisme que de parler un langage compris de tous. Cette percée civilisatrice s’est étendue au reste du monde slave de l’époque, la littérature, née à cet Age d’or a rayonné dans d’autres pays slaves orthodoxes, dont la Russie et la Serbie. “

Version française : Roumiana Markova




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