En 2017, la Bulgarie et la Macédoine du Nord ont signé un Traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération. L’assainissement des relations entre les deux pays représente une condition sine qua non pour l’ouverture des négociations d’adhésion de la Macédoine du Nord à l’UE. En vertu de ce Traité a également été constituée une Commission mixte en charge des affaires historiques et éducatives dont le but consiste notamment à ce que soient réglés les litiges ayant trait à l’histoire commune des deux pays voisins. Celle-ci a déjà enregistré un important progrès par rapport à l’époque du Moyen Age mais ses activités ont par la suite été bloquées lors des discussions se rapportant à l’époque moderne. La ministre bulgare des Affaires étrangères Ekatérina Zakhariéva a même sollicité le concours des historiens afin que Skopje finisse par bénéficier de perspectives européennes. A ce sujet nous nous entretenons aujourd’hui avec le membre de la Commission en question, le professeur Ivan Iltchev.
Nous avons en face des professionnels de longue date. Ils ont des difficultés de tourner la veste et de reconnaître ce dont témoignent les sources historiques, - explique Ivan Iltchev. – En Macédoine, pays dans lequel une politique bien définie est menée au cours de plus de 100 ans, il n’est guère facile pour un politique de s’opposer à cette tendance qui s’y est imposée depuis très longtemps et de remettre ainsi en cause son avenir politique. Ce que le président macédonien Stevo Pendarovski a fait au sujet de Gotse Deltchev constitue pourtant un important pas en avant. Ce dernier a notamment déclaré que Gotse Deltchev est Bulgare. Le président macédonien a bien évidemment précisé que celui-ci avait pourtant combattu en faveur d’une Macédoine indépendante, ce qui est en effet bien vrai compte tenu du fait que même les dirigeants du VMRO n’aient jamais prétendu que la Macédoine puisse se joindre à la Bulgarie mais aient toujours vu son avenir comme celui d’un Etat autonome.
Existe-t-il des exemples au sein de l’UE dans le règlement de litiges similaires ?
Nous avons appris tout à fait par hasard qu’auprès de la partie macédonienne de la commission mixte avaient été nommés au titre de consultants deux experts occidentaux. J’ai toujours souligné qu’il n’est pas possible de faire des parallèles entre la façon dont l’Allemagne et la France d’une part voient l’histoire, et l’Allemagne et la Pologne, de l’autre, car il est question de peuples tout à fait différents et d’une histoire tout à fait différente. Pour ce qui est de notre pays, il ne s’agit que d’un peuple unique qui, au fil du temps et suite à des circonstances politiques bien précises a malheureusement été divisé en deux. Si des comparaisons sont toutefois faites, mieux vaut prendre en exemple la Grèce et Chypre, la Roumanie et la Moldavie, l’Albanie et le Kosovo, la Serbie et la Republika Srpska, la Croatie et la Fédération musulmane croate.
La ministre bulgare des Affaires étrangères a posé un ultimatum en exigeant notamment une avancée dans l’activité de la commission d’ici la fin de l’année. La réalisation d’un tel progrès est-elle possible ?
Moi personnellement j’avais décidé de quitter la commission en raison du retard que prenait la partie macédonienne dans ses activités liées au programme de cette dernière.Les choses ont pourtant légèrement changé après la dernière réunion de la commission, - a répondu Ivan Iltchev. – Nous ne sommes cependant toujours pas en mesure de signer un document par lequel nous puissions prétendre avoir posé les fondements de la vérité historique. La vérité historique est malheureusement assez souple et peut être interprétée de différentes manières. Les membres de la partie macédonienne de la commission essayent d’agir par des arguments « postmodernistes » en se fondant sur l’absence dans l’antiquité de quelles que soient ethnies dans le sens moderne du mot. Les habitants de la Bulgarie du Moyen Age avaient cependant eu une conscience ethnique suffisamment claire. Ils n’avaient jamais eu de doute concernant leur appartenance ethnique et se sont toujours déterminés comme des Bulgares. Nos collègues macédoniens ont par exemple déclaré que le tsar Siméon avait en effet été un tsar bulgare mais que très probablement il n’avait pas été d’origine bulgare. L’historiographie bulgare ne dément pas ce fait. Il existe des opinions selon lesquelles celui-ci aurait aussi été d’origine arménienne.
N’existe-t-il pas de risque de voir nos collègues de la Macédoine du Nord prétendre un jour avoir subi des pressions politiques et vouloir de ce fait renoncer à ce qui avait déjà été convenu ?
Le Traité comprend 14 dispositions et environ 45 alinéas dont une seule se rapporte à l’activité de la Commission. Nous tous, nous avons déclaré dès la première séance que les manuels d’histoire sont extrêmement importants mais que le climat médiatique l’est également. Le climat médiatique en Macédoine du Nord est, selon les dires de l’ambassadeur Anguel Anguélov, relativement correct. Selon lui, il y aurait de moins en moins de publications anti-bulgares, ce qui semble assez encourageant. Je pense par ailleurs que les déplacements entre les deux pays sont d’une importante exceptionnelle et qu’on devra de ce fait accorder une attention toute particulière aux infrastructures. Car aujourd’hui, pour nous rendre aux réunions de la commission, nous avons besoin de 5 heures pour faire quelque 200 kilomètres. Les rapports économiques entre les deux pays sont également d’une grande importance. Une baisse est malheureusement constatée dans les échanges commerciaux au cours du premier trimestre de l’année. Il en est de même dans le secteur du tourisme.
Version française : Nina Kounova
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