C’est avec beaucoup d’amour et une ferveur touchante que les petits Bulgares confectionnent les martenitsa rouges et blanches – symbole du printemps. Les Bulgares, où qu’ils soient, ne manquent pour rien au monde d’honorer la tradition – le premier jour de mars ils échangent les jolies amulettes chargées apporter santé et bonheur. 

Chaque printemps les enfants de l’école du dimanche Svetlina (Lumière) de Zaporojié en Ukraine attendent avec impatience la fête de Mamie- Marta, surnom affectueux donné au mois de mars, au printemps, considéré comme le mois de la femme. Et tradition oblige, selon la mémoire collective, tous, petits et grands sont de la fête célébrée depuis toujours.

„Ces quatre dernières années, on peut dire qu’on a suivi la tradition à la lettre dans la confection des martenitsa –  pompons blancs et rouges, glands tressés de fils de laine rouges et blancs, l’incontournable duo Pijo et Penda – dit Svetlana Baloueva qui enseigne à l’école du dimanche les arts appliqués et les travaux d’aiguille. – Or, je me suis rapidement rendue compte que les travaux de couture, le tricot n’accrochaient pas les enfants et j’ai décidé de changer de cap. J’ai voulu les interpeller, les ouvrir à quelque chose de nouveau et je suis allée sur facebook dans un groupe d’amateurs de broderies traditionnelles bulgares. On m’a proposé plein de modèles que j’ai imprimés et je les ai montrés aux élèves leur donnant l’entière liberté de choisir les modèles pour les broder en martenitsa. Une excellente occasion pour les initier à la symbolique, aux motifs et aux figures de la broderie traditionnelle bulgare.”

Les belles martenitsa brodées feront rayonner la joie et l’inspiration de leurs auteurs qui parleront de l’idée qu’ils ont voulu exprimer, la façon dont ils se sont pris pour le faire … Leurs camarades évalueront les résultats de leur travail et récompenseront les plus belles créations avec des kits de broderie, des fils à broder moulinés, des bonbons et autres friandises.

„J’ai demandé aussi à ceux qui possèdent des chemises et des nappes décorées de broderies traditionnelles bulgares de les apporter. Nous les ferons inclure à notre exposition aux côtés des  broderies traditionnelles ukrainiennes. Les chemises sont chargées d’une symbolique forte et une des brodeuses nous en parlera et nous fera connaître davantage sur ce sujet passionnant. Il y a un temps nous avons parlé aux enfants des costumes traditionnels bulgares, je leur ai présenté la gamme et la richesse de ces vêtements soumis à des codes spécifiques. Moi-même je confectionne des poupées. J’ai habillés des figurines d’un costume traditionnel pour homme et pour femme pour les montrer aux enfants qui étaient ravis de les voir et de les toucher” – dit encore Svetlana Balouéva.

L’école du dimanche Svetlina de Zaporojié a été ouverte en 2015. Parrainée par l’Association de culture bulgare de l’oblast Zaporojié, elle est homoguée par le ministère bulgare de l’Education. Ivan Petrovitch Anguélov en est le fondateur et le directeur. L’école est fréquentée par 132 élèves qui ont entre 3 et 17 ans. L’Etat bulgare accueille nos jeunes dans ses établissements d’études supérieures à titre gratuit et de 2015 à 2019 nous avons 49 étudiants.

Les parents sont très impliqués dans toutes les activités scolaires parce qu’ils aident leurs enfants à mieux suivre les matières enseignées. Ainsi les élèves gagnent en assurance en classe et à la maison ils sont mieux aidés. Et encore :

„A Zaporojié il y a bien une communauté bulgare, mais les enfants assistent rarement à ses réunions. C’est dans notre école du dimanche qu’on peut voir cette communication et ces échanges entre adultes et enfants tellement précieux parce que ici nous étudions la langue, nous parlons beaucoup sur des tas de sujets, nous sommes intéressés par tout ce qui est nouveau. Nous ne nous contentons pas seulement de célébrer les fêtes bulgares, nous en parlons, nous les étudions parce que nous sommes marqués par la culture ukrainienne qui exerce son influence au quotidien et qu’il ne faut pas négliger – relève Svetlana Balouéva. – Pourtant les racines de nos ancêtres sont fortes et vivaces et les enfants ressentent le lien avec la patrie de leurs anciens. Oui, bien sûr, nous sommes citoyens ukrainiens, mais dans nos veines coule aussi du sang bulgare et cela nous ne devons pas l’oublier.”

Photos: archives personnelles