La Fête du 1er mars en Europe du Sud-Est est une fête traditionnelle bulgare, roumaine et moldave qui symbolise l’arrivée du renouveau.
Les dénominations de Martenitsa, Màrtis et Mărțișor dérivent du latin « matronalia »et symbolisent le premier jour du printemps chez les Thraco-Romains. La journée du 1er mars est aussi considérée aujourd’hui comme une „fête balkanique des mères ». C’est le jour où les femmes amadouaient le dieu de la guerre et de l’agriculture, Mars, sous l’égide de Junon, protectrice des jeunes épouses honorées avec des perce-neige. Le nom de « matronalia » vient de matrona, « mère de famille ». Ces traditions pré-chrétiennes mettent en scène aujourd’hui le personnage homologue de Baba Marta chez les Bulgares.
Quoi qu’il en soit, les « martenitsi » sont aujourd’hui des talismans que l’on épingle à la poitrine, portés pendant huit jours, formés d’un fil rouge et d’un fil blanc tressés ensemble, auxquels on peut attacher des objets décoratifs : des fleurs ou des animaux en bois, en céramique, en verre ou en métal.
Dans les premiers jours de mars, les Bulgares s’offrent les uns les autres des martenitsi (le plus souvent, ce sont les hommes qui en offrent aux femmes) formées d’un fil rouge et d’un fil blanc parfois tressés ensemble et se terminant par des pompons.
Généralement, on attache à ces fils un petit symbole : cœur, lettre, fleur ou, en Bulgarie, les poupées traditionnelles Pijo et Penda, les deux sous forme de Martenitsi.
Le personnage traditionnel de Baba Marta ( Grand-mère Marta en Bulgarie et en Macédoine du Nord) est une vieille femme acariâtre qui change rapidement d’humeur et que des présents en laine doivent apaiser.Dans la croyance populaire, les martenitsi, portées sur la poitrine, attestent que Baba Marta a été satisfaite et protègent contre les forces malignes. Les ethnologues considèrent qu’il s’agit d’une réminiscence des divinités antiques de l’agriculture, de la germination, de la fertilité et du renouveau.
La légende historique bulgare dit qu’au VIe siècle, les Bulgares, commandés par le Khan Asparoukh, arrivent par vagues successives dans le bassin du bas-Danube, où ils fonderont au siècle suivant leur premier État. Le peuple bulgare vit alors sous la menace des invasions khazares. Ainsi, en 681, les Bulgares arrivent aux portes des Balkans et de l’Empire romain d'Orient : les khans Asparoukh, Kouber et Altsek, fils de Koubrat, envoyèrent vers le sud leur frère Bayan et leur sœur Houba, qui, ayant trouvé des terres bonnes à conquérir, attachèrent un fil blanc à la patte du faucon qu’ils s’apprêtaient à renvoyer vers leur frère Asparoukh sur l’autre rive du Danube. À ce moment, l’armée romaine s’approcha et des flèches les blessèrent : leur sang colora le fil. Bayan et Houba arrivèrent finalement à retraverser le fleuve, mais ils étaient gravement blessés. Asparoukh fit alors plusieurs morceaux du fil teinté de blanc et de rouge, et en para ses soldats, afin de leur donner le cœur à combattre l’Empire romain. Bayan et Houba survécurent encore assez longtemps pour voir leur frère Asparoukh traverser à son tour le Danube afin de conquérir le territoire de la Bulgarie actuelle, mais ils étaient au seuil de la mort, et depuis lors, les martenitsi perpétuent leur souvenir.
Et pour résumer, il arrive donc quand le printemps ? Lorsque le soleil aura fait fondre le dernier flocon de neige sans doute ou que les cigognes feront leur retour des pays chauds ? Vous avez tout faux, car si vous posez cette question aux Bulgares, la réponse tombera à l'instant et elle sera unanime : le printemps c’est la marténitsa ! Et vice et versa… Qu’il pleuve ou qu’il vente, le jour de la marténitsa porte-bonheur annonce l’arrivée du renouveau…
Et qui dit marténitsa dit « Baba Marta » /la grand-mère Marta/, vêtue de ses plus beaux atours, dont une chasuble, un foulard et des chaussettes obligatoirement rouges. Pour les Bulgares, la couleur rouge est symbole de santé, alors que le blanc est la couleur du bonheur sans nuage.
Des siècles durant, nos anciens imputaient à la marténitsa des pouvoirs magiques, un véritable rempart contre le mal et les maladies, symbole du renouveau et de la vie naissante.
Les gens se réjouissent beaucoup quand ils voient des marténitsi. Nous les aimons beaucoup car nous sommes des Bulgares et avons l’habitude de garder nos traditions. Les symboles sur les broderies de mes marténisti sont tous différents – déclare Guénoveva Kalouchkova, spécialiste de tapisseries. – A l’époque on croyait que la couleur rouge protégeait de magies et de malédictions. Dans les broderies que je fais, j’utilise aussi le vert qui symbolise la vie éternelle, la nature, le jaune qui est le soleil, le feu et la lumière sans lesquelles nous ne pourrions vivre. Tous les matériaux que j’utilise sont en coton…
Je m’investis entièrement dans ce que je fais car c’est d’une très grande importance pour les gens auxquels ces broderies sont adressées. La première chose à faire chaque 1er mars c’est d’offrir une marténitsa à mon mari et à mon fils, les autres étant destinées à mes collègues au travail. Ainsi cette journée se transforme en véritable fête pour nous autres Bulgares. J’en ai souvent envoyé également en France, en Allemagne, en Lettonie et à beaucoup d’autres endroits où il existe d’importantes communautés bulgares. Partout ces marténitsi réjouissent les gens pendant longtemps, ceux-ci les gardant comme souvenir assorti de messages personnels de la Bulgarie.
Version française : Nina Kounova
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