On estime que près de 200 mille Bulgares résidant à l’étranger se rendront aux urnes pour les prochaines législatives. Une grande partie d’entre eux ne pourront pas exercer leur droit constitutionnel de vote en raison d’un obstacle juridique.

La règle en vigueur depuis 2016 prévoit l’ouverture d’un maximum de 35 bureaux de vote dans tout pays en dehors de l’Union européenne. Cette réglementation violera les droits des Bulgares avant tout en Grande-Bretagne, Turquie et les USA. Privés du droit de vote seront des milliers de compatriotes d’autant plus qu’on prévoit pour ces élections un taux de participation record à l’étranger. De nombreux expatriés bulgares ont déjà signé une pétition demandant la suppression du plafond du nombre des bureaux de vote mais en dépit des tractations avec de nombreux députés des forces politiques parlementaires aucun élu n’a déposé une proposition d’amendement au Code électoral.

“La barrière a un but idéologique et elle vise à limiter le droit de vote de nos compatriotes en Turquie – dit Dimitar Ivanov, coordinateur global du Réseau des volontaires électoraux bulgares dans le monde. – L’amendement a été adopté sous l’énorme pression du Front patriotique avec l’idée de défendre le pays. Mais en réalité on ne peut pas défendre un pays de ses propres citoyens, c’est ridicule.”

Rien qu’en Grande-Bretagne le nombre des déclarations d’intentions de vote suppose l’ouverture de 75 bureaux de vote mais plus de la moitié des électeurs seront privés du droit de vote car ils n’auront pas la capacité physique de se rendre dans les bureaux trop éloignés.

Les mesures restrictives imposées dans plusieurs pays en raison du coronavirus ainsi que la fête de Pâques seront un autre obstacle pour les électeurs bulgares de l’étranger.

“Beaucoup de pays ont demandé pourquoi la Bulgarie tient des élections en présentiel et n’autorise pas le vote par correspondance – ajoute encore Dimitar Ivanov. Nous sommes devenus ridicules en voulant organiser de telles élections dans les conditions d’épidémie. Le manque de volonté de la part des facteurs politiques de modifier quoi que ce soit pour intégrer 1.5 million de citoyens bulgares à l’aide d’amendements législatifs ou d’une autre manière est une expression du manque de confiance et de l’incapacité de la classe politique de communiquer avec ces citoyens. Car nous ne nous comportons pas comme les Bulgares dans le pays et nous avons des prétentions plus grandes car nous voyons comment fonctionnent les pays développés dans le monde.”

Dans une vidéo tournée en face de la Représentation de la Bulgarie à l’Union européenne à Bruxelles, les expatriés bulgares déclarent que les prochaines élections seront historiques de même que le taux de participation. Un grand nombre de compatriotes à l’étranger ont affiché cet été leurs affinités politiques lors des protestations antigouvernementales et ils ont proclamé leurs revendications. « Mais vu qu’ils n’ont pas été entendus, cela a provoqué de la colère bien concrète et la volonté de revanche de la société civile contre la classe politique”, souligne Dimitar Ivanov. A son avis les expatriés bulgares n’ont pas un seul député se sentant élu par les communautés de l’étranger et qui soit responsable par rapport à eux car en vertu de la loi il n’y a pas de circonscription électorale « Etranger ».  Malgré cela, les compatriotes à l’étranger sont extrêmement actifs et soumettent en masse des déclarations de vote le 4 avril. Selon des données de la Commission électorale centrale, leur nombre à l’heure actuelle dépasse les 77 100, soit presque le double en comparaison avec les élections précédentes quand ils étaient plus de 45 000. La date finale pour déposer des déclarations est le 9 mars à 24.00h. Jusque-là le plus grand nombre de déclarations a été reçu de Turquie (18 270), Grande-Bretagne (14 300) et Allemagne (11 496). Le 13 mars seront annoncées les localités en dehors de la Bulgarie où seront ouverts des bureaux de vote.

“ Le puzzle politique va se réarranger avec le temps et nous aimerions accélérer ce processus - dit Dimitar Ivanov. – Nous avons besoin d’un développement accéléré, de vrais résultats et non pas de résultats obtenus par l’absorption de moyens des programmes européens. Nous attendons à voir dans les programme des partis des mesures concrètes pour la mobilisation du potentiel humain, dont nous, les expatriés bulgares, sommes une partie importante”, est convaincu Dimitar Ivanov.

Version française: Vladimir Sabev

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