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Une bande dessinée sur les héros du „Printemps de Prague 1968“

Le socialisme à visage humain…

Photo: sofia.czechcentres.cz

A la fin du mois d’août 1968 sur ordre du parti communiste de l’ex-URSS, les armées du Pacte de Varsovie envahissent Prague, capitale de la Tchécoslovaquie, dans le but d’étouffer le dit « Printemps de Prague ». C’est en ce même moment que s’en va également l’espoir d’établir un régime socialiste plus libre et démocratique non seulement dans ce pays mais aussi dans tout le bloc socialiste. La Bulgarie prend part à ces événements en sa qualité de pays-membre du Pacte de Varsovie. Et malgré notre fidélité de l’époque à l’égard de l’URSS, il ne manque pas de déclarations condamnant la menace de répression sur des citoyens tchèques qui osent exprimer des positions différentes de la politique officielle.

En été de 1968 trois jeunes bulgares qui font des études d’histoire à l’Université « Saint Clément d’Ohrid », Edward Guénov, Alexandre Dimitrov et Valentin Radev, condamnent officiellement l’invasion des armées soviétiques à Prague.

Едуард Генов, Валентин Радев, Александър Димитров

Ce sont eux notamment les héros de la première BD politique bulgare. Celle-ci sera en vente dans le courant de septembre prochain. Son auteur est Vesselin Pramatarov qui s’informe du sort des étudiants bulgares auprès de son collègue et ami Anton Staykov qui est également consultant du projet.

C’est l’histoire de trois étudiants de 20 ans qui, en apprenant la nouvelle de l’invasion des armées soviétiques en Tchécoslovaquie décident spontanément d’écrire et de distribuer des tracts dans les rues de Sofia en y exprimant leur désaccord avec cet acte barbare. La première fois ils réussissent à distribuer quelque 200 tracts à travers Sofia et Plovdiv mais sont interpellés par la police lors de leur deuxième sortie. Les jeunes gens sont condamnés et envoyés en prison, ce qui perturbe toute leur vie – raconte Vesselin Pramatarov.

Alexandre et Valentin sont condamnés à purger une peine de prison de 2 ans. Le plus sévère verdict est prononcé à l’encontre d’Edward Guénov – il doit purger une peine de prison de 11 ans. Comme le dit Alexandre, lui-même, il s’avère un véritable révolutionnaire qui, au cours des 3 et demie premières années en tôle « réussit » à « gagner » encore 8 ans de prison ferme à la suite d’une tentative de fuite. Edward sort de la prison en 1986 et se voit immédiatement après expulsé de la Bulgarie, ce qui l’oblige à vivre jusqu’à la fin de ses jours (16 décembre 2009) aux USA accompagné de sa famille. Le seul rescapé à nos jours et Alexandre Dimitrov.


La BD est une tentative de présenter les motifs qui font agir ces jeunes gens, ce qui la situe quelque part entre notre présent et passé. C’est une histoire qui est destinée au Bulgare contemporain car j’y découvre de nombreux analogues entre ces temps ensanglantés et notre présent. Et quand un individu évalue la situation dans laquelle il vit, il constate que la plupart des choses qui lui arrivent dans le présent ont leurs racines dans ce passé notamment – explique Pramatarov.

Le plus important selon lui réside dans la réaction spontanée des 3 étudiants qui n’est rien d’autre que l’expression de leur conscience civile devant être conservée et exprimée également au jour d’aujourd’hui.

Au nom de la République Tchèque et de la République Slovaque je puis dire que pour nous, ce que les trois étudiants ont fait représente un acte héroïque auquel personne ne s’était attendu. – déclare dans une interview accordée à la RNB Dagmar Ostranska – directrice du Centre culturel tchèque qui est à la base de la réalisation de la BD. Selon elle, la démarche des trois étudiants bulgares et les événements historiques de l’époque demeurent malheureusement méconnus par la plupart des gens, ce qui justifie d’une certaine manière le souhait de réaliser un tel projet. A propos du genre de la BD, Mme Ostranska est catégorique pour dire que celui-ci la rend plus accessible aux jeunes gens et aux enfants.


C’est la première expérience bulgare de ce type dont le titre vient de l’appellation codée que les services de la Sûreté d’Etat avaient donnée aux dossiers des trois Bulgares – « Les marionnettes ».

Après la sortie de la BD en septembre, des rencontres avec des scientifiques bulgares sont prévues, ainsi qu’avec l’unique rescapé Alexandre Dimitrov.

Version française : Nina Kounova

Photos : sofia.czechcentres.cz et archives


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