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L’essence de rose bulgare : entre les prix élevés sur les marchés mondiaux et le travail sous-payé des récoltants…

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Photo: BGNES

S’il est une chose qui symbolise la Bulgarie à l’étranger, c’est la fameuse rose oléifère. L’importance de cette plante fragile dans la tradition bulgare lui a même valu de figurer sur le logo touristique de notre beau pays. Mais tous les clichés que l’on raconte à souhait sur les nombreux attraits touristiques de la Bulgarie, sont loin de présenter une description détaillée des charmes de cette région que les Bulgares surnomment avec beaucoup de tendresse la Vallée des roses.


Selon une des légendes, une des premières fleurs qui y a été plantée est une rose, rapportée par un maçon revenu de Perse, où il a travaillé pour un riche cheikh, construisant une belle mosquée en trois jours. En échange, le souverain devait accomplir deux de ses trois vœux. En effet, il refusa de lui accorder la main de sa fille qui était le troisième vœu du maçon. Enfermé dans une prison, le compatriote réussit à s’évader grâce justement à la fille du cheikh et tous deux s’enfuirent ensemble. Malheureusement, la route à travers le désert fut trop longue et éprouvante pour la jeune princesse qui succomba. Mais son compagnon bulgare respecta sa dernière volonté qui était de planter dans son pays d’origine un rosier. Depuis lors, on considère que les gouttes de rosée qui se forment tôt le matin sont les larmes des deux amoureux qui n’ont pas eu la chance de vivre ensemble.


De nos jours, la "Reine Rose", comme on l’appelle est cultivée dans les plantations autour de Karlovo, Kazanlak, Strelcha et Pérouchtitsa.

Il était une fois la Vallée des Roses…

Pour la petite histoire, la Vallée des Roses est connue dès le 2e millénaire avant Jésus Christ avec l’arrivée des Thraces et de leur culture foisonnante. Depuis des années, les archéologues travaillent dans cette région et mettent au jour des tumulus et des tombeaux thraces dont une partie est ouverte aux visiteurs. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Vallée des Roses est souvent aussi connue comme la Vallée des rois thraces, à l’instar de la Vallée des morts en Egypte. Le tombeau de Kazanlak datant du IVe-IIIe siècle avant J.-C. est le plus connu de la région. Il est même inscrit à la liste du patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. Autre site incontournable, le mausolée du roi thrace Seuthès III, à la tête du royaume des Odryses, découvert en 2004, contenant une tête en bronze du roi parmi 130 autres objets d’une valeur inestimable dont une couronne en or, des épées, des vases de libation, des jambières et des amphores.

La vallée des Roses, c’est aussi un site très pittoresque que baignent les eaux du barrage Koprinka, un havre de détente et de quiétude, plongé dans une forêt de conifères qui ne demande qu’à être connu.


La rose oléifère de Kazanlak, cultivée en Bulgarie, est issue de la famille de la fameuse Rosa damascena. Les premières informations documentées sur la présence de cette rose en Bulgarie datent du début du 18e siècle. L’essence de rose est connue dans le monde entier et il n’y a pas de compagnie mondiale de parfumerie et de cosmétique digne de ce nom qui n’utilise pas cette matière première bulgare.


Le 19e siècle marque l’essor de la production de rose oléifère bulgare qui devient le gagne-pain de plus de 200 000 Bulgares …On voit apparaître petit à peu les gros négociants d’essence de rose qui exportent surtout à l’étranger, à Edirne, Constantinople, Londres, New-York, Vienne…Citons les frères Christo et Nikola Pouliev de Karlovo qui vendent l’essence de rose au prix de l’or.


Les principaux clients de l'essence de rose bulgare sont des maisons de fragrances en France, aux États-Unis et au Japon. Un intérêt croissant est enregistré de la part de clients asiatiques, notamment en Chine. Rançon du succès, ce trésor intéresse aussi de nombreux faussaires. Pour les combattre, la Bulgarie a obtenu, un label d'indication géographique protégée (IGP) délivré par la Commission européenne. Une garantie supplémentaire de la qualité et de l'authenticité…


Et pourtant, depuis quelques années, le nombre des roseraies diminuent en Bulgarie, à cause principalement de faible prix d‘achat des pétales, alors que les frais de production et de transformation augmentent de plus en plus. L’Etat bulgare semble ne pas trop prêter attention à ce secteur dans un contexte de crise économique et d’inflation galopante.


Cette année, un kilo de pétales de rose rapportera à peine 1.25 euros à son producteur, alors que les fabricants de parfums paient 6000 euros, voire plus, pour un kilo de ce liquide épais de couleur ambre extrait de la fameuse Rosa Damascena. Sinon, l'essence de rose peut être également présente dans les confiseries, les liqueurs et autres confitures exotiques...


Crédits photos : BGNES, EPA/BGNES, archives



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Rossitsa Stéliyanova

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