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Quelles conséquences de l’incendie du Centre culturel bulgare à Bitola ?

Entretien avec le journaliste Vladimir Perev de Skopje

Photo: BGNES

Ivan Mihaylov est la page de l’histoire macédonienne qui n’a pas été lue, dit sur Radio Bulgarie le doyen des journalistes bulgares en Macédoine du Nord Vladimir Perev. Nous lui avons demandé pourquoi certains dans ce pays ont si peur à l’évocation même du nom d’Ivan Mihaylov.

« C’est une partie de notre histoire qui était interdite à étudier. La grandeur d’Ivan Mihaylov n’est pas seulement d’avoir poursuivi le combat révolutionnaire de VMRO (l’Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne) et la lutte pour l’étatisme macédonien indirect. Mihaylov est le grand combattant de la cause nationale bulgare. Même cela aurait pu être accepté, mais Mihaylov est aussi le dernier grand combattant contre l’invasion serbe en Macédoine, contre, disons-le franchement, l’esclavage serbe en Macédoine, un esclavage spirituel et matériel. »

Ivan Mihaylov (1896 – 1990)

Skopje et Belgrade ont toujours œuvré à effacer des mémoires le nom d’Ivan Mihaylov, parce que dès qu’on parle de lui, il sera question de l’occupation serbe, et ce n’est pas une chose que les politiques là-bas aiment entendre, souligne le journaliste.

Selon Perev on ne peut pas ajouter foi à l’affirmation des autorités macédoniennes que l’incendie du centre culturel bulgare à Bitola portant le nom d’Ivan Mihaylov aurait été commis sous le coup de l’émotion par un patriote macédonien mécontent.

« Le chanteur Lambé Alabakovski est lié aux services de sécurité par son père et son frère. C’est un des aspects du problème. On parle ici de stigmatisation délibérée de la communauté bulgare en Macédoine dans son ensemble, du patrimoine culturel bulgare, et les fonctionnaires de l’administration, les ministres, la police doivent officiellement justifier les faits par un faux patriotisme et un passage à l’acte sous le coup de l’émotion. »

Il n’y a rien de patriotique à mettre le feu à quelque chose. Cela permet de dissimuler le vrai problème que le but est en fait de détruire toute la culture bulgare en Macédoine, estime le journaliste. Personne en Macédoine du Nord ne croit que Paris a fait pression sur Sofia pour accélérer l’adhésion de Skopje à l’UE, est convaincu Vladimir Perev.

Vladimir Perev

« En Macédoine aucun des journalistes ou des politiques avec qui je suis en contact ne croit que ce problème sera résolu même d’ici le Nouvel an sous la prochaine présidence du Conseil de l’UE, celle de la République tchèque il me semble. Tout le monde en Macédoine sait que c’est à la Macédoine de remplir les conditions requises. Le parlement bulgare et l’Académie bulgare des sciences, qui est un facteur dans la vie politique de la Bulgarie, ont une position très ferme à l’égard de la Macédoine et il n’y aura pas de compromis. C’est clair et net et c’est pour cela que nous assistons à ces flambées de faux patriotisme et de violence primitive. »

Perev prévoit que l’acte de vandalisme contre le centre bulgare à Bitola aura des effets inattendus pour ses organisateurs et donne pour exemple le nationalisme de Slobodan Milosevic lors des guerres en ex-Yougoslavie qui fait surgir l’islam radical en Bosnie-Herzégovine, celui-ci remplaçant l’islam civilisé traditionnel dans les Balkans occidentaux.

L’attitude de Skopje à l’égard du facteur albanais dans l’ex-république yougoslave de Macédoine en 1992 a également produit un effet inattendu. La violation des droits fondamentaux des Albanais a conduit à la rébellion de 2000 et la Paix d’Ohrid, aux termes de laquelle « pour 25% de population albanaise nous avons aujourd’hui 55% de ministres, vice-ministres et directeurs dans les institutions et entreprises publiques macédoniennes qui sont Albanais », note Perev selon qui ces paradoxes vont continuer.

« L’incendie de l’espace culturel bulgare « Ivan Mihaylov » à Bitola, cette haine des Bulgares, cet acte d’agression permettra aux Bulgares d’occuper des postes élevés dans la politique et la société macédonienne. Les Bulgares revendiqueront leurs droits constitutionnels et seront ministres, directeurs, généraux dans l’armée. Chaque acte de violence illégale et injustifiée mène tôt ou tard à la défaite de celui qui l’a commis », est persuadé le Bulgare macédonien Vladimir Perev.

Version française : Christo Popov

Photos: BGNES


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