Les derniers accidents graves de la route survenus la semaine dernière ont enfin amené le ministère de l’Intérieur à faire plus d’efforts en direction du contrôle et de la prévention du traumatisme routier. A peine quelques jours après la passation des pouvoirs, le ministre intérimaire de l’Intérieur Ivan Demerdjiev a annoncé treize mesures devant permettre de faire face à la guerre sur les routes de la Bulgarie. En fait notamment partie la dite "approche linéaire" de contrôle grâce laquelle les policiers seraient en mesure d’observer le comportement des chauffeurs en circulant à leurs côtés. Le contrôle de la circulation sera également renforcé en milieu urbain et sera principalement axé sur les conducteurs soupçonnés d’avoir utilisé des boissons alcooliques et des stupéfiants.
Toutes ces méthodes sont parfaitement connues et appliquées à ce jour également dans le cadre de campagnes particulières orientées vers la sécurité sur la route mais leur effet n’a jamais été suffisant. Il manque de vision au sein du ministère de l’Intérieur, ainsi que de politique claire et précise sur la prévention – est l’avis du vice-ministre de l’Intérieur Filip Gounev.
"La politique dans le monde contemporain devrait être fondée sur des connaissances bien précises qui seraient à même de nous aider à bien comprendre ce qui provoque les accidents de la route, afin que des mesures adéquates puissent être prises avant même que les accidents ne se produisent – a-t-il expliqué dans une interview accordée sur la RNB-Vidin. – Les fonctionnaires du ministèrene possèdent malheureusement pas ces savoirs. Quand un accident de la route se produit, il est impératif de bien analyser le milieu de l’accident, ce qui l’a provoqué, l’état du réseau routier aux environs de la catastrophe. C’est cette information notamment qui constituera pour nous une bonne base de laquelle nous pourrions partir pour mener notre enquête mais qui malheureusement est absente.
Aucune information n’est recueillie pour les accident de la route qui ne sont pas graves et surtout si les agents du transport automobile ne sont pas informés. Pour les accidents graves dont on devrait informer plusieurs institutions qui, de leur côté sont obligées de bien analyser les causes, ces dernières sont traditionnellement réduites de 3 à 4 – grande vitesse non réglementée, des irrégularités de l’infrastructure, un mauvais fonctionnement des véhicules.
Quand un ministre reçoit l’analyse de la police responsable de la sécurité routière, celle-ci ne contient que de la statistique sur le lieu de l’accident et ce dernier, lui-même. Personne n’évoque nulle part les raisons de la catastrophe cat celles-ci ne sont pas connues. A partir de là, les mesures à prendre sont toujours les mêmes : un contrôle renforcé, plus d’amendes plus élevées mais il n’est guère question de ce qui a réellement provoqué l’accident."
Le ministère de l’Intérieur n’est cependant pas la seule et unique institution appelée à suivre et à se soucier de la sécurité de la route. Raison pour laquelle la responsabilité ne devrait pas être assumée uniquement par les services de l’ordre – est catégorique Diana Roussinova du Centre européen des politiques des transports.
"Le fait-même que sont actuellement sollicitées toutes les ressources de la police présente en effet une possibilité d’amélioration et de renforcement du contrôle de la sécurité routière mais ce qui manque c’est la coordination entre les institutions qui en sont en charge." – a expliqué Roussinova
"L’autorité chargée de réaliser cette coordination et de contrôler ces actes est avant tout l’Agence d’Etat pour la sécurité routière. Elle est actuellement sous la tutelle directe du ministre de l’Intérieur mais nous y voyons constamment des défaillances systématiques dont nous signalons en temps utile."
"La crise de la sécurité routière atteint des niveaux inacceptables" – pense également le directeur de l’Institut de sécurité routière Bogdan Miltchev.
"L’état tragique de nos routes ne fait qu’approfondir la crise, qui, d’après moi, atteint déjà des niveaux inacceptables. 15 personnes sont devenues victimes d’accidents de la route uniquement depuis le début du mois en cours. C’est un chiffre deux fois supérieur à celui de la même période de l’année dernière. Si des mesures urgentes ne sont pas prises dans l’immédiat, nous nous retrouverons aux niveaux de 2019, ce qui nous fait reculer en arrière et non pas avancer, ce qui serait normal. Moi personnellement, je ne vois pas de lumière au bout du tunnel."
A ses dires, un plan d’action est nécessaire dont les résultats soient visibles dans les jours qui viennent. Mais une chose est bien claire – quelles que soient les mesures à prendre, la responsabilité pour nos vies sur la route est entre nos mains et nous sommes obligés de conduire très attentivement.
Edition : Yoan Kolev
Version française : Nina Kounova
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