La première semaine de décembre est dédiée à un triptyque de saints à qui nous rendons hommage – Sainte Varvara (ou Sainte Barbe) le 4, suivie de Saint Sava, patron des boulangers le 5, pour arriver enfin le 6 décembre à la jolie fête de Saint Nicolas que le monde chrétien honore partout dans le monde.
D’après un dicton populaire, Sainte Varvara fait bouillir la marmite, Saint Sava met au four le pain et Saint Nicolas accueille avec tous les honneurs les invités et autres convives. Une chose est sûre, ce trio de saints marque le début de l’hiver, le vrai, avec toute sa froidure et son lot de journées pluvieuses, voire neigeuses…
Justement, le 4 décembre, l’Eglise orthodoxe célèbre le martyre de Sainte Barbe qui aurait vécu au milieu du 3e siècle sous le règne de l’empereur Maximien. Pour protéger sa virginité ou lui éviter le prosélytisme chrétien, son père l’enferma dans une tour à deux fenêtres. Mais un prêtre chrétien, déguisé en médecin, s’introduisit dans la tour et la baptisa. Au retour du voyage de son père, Sainte Barbe lui apprit qu’elle avait adopté la foi chrétienne et que pour célébrer cet acte elle avait percé une troisième fenêtre dans le mur de sa tour, représentant la Sainte Trinité.
D’après les croyances populaires, le lendemain de la Sainte Barbe, les chrétiens orthodoxes rendent hommage à son frère, Saint Sava qui a vécu au 5e siècle. Né dans la région de Cappadoce, issu d’une famille de notables, son père était militaire et la famille voyageait beaucoup. A 17 ans, il décide d’endosser la soutane au grand dam de sa famille. Après la mort de sa famille il légua tout son héritage aux bonnes œuvres et fit construire des monastères et des hôpitaux.
Saint Sava est considéré comme le patron des boulangers et la tradition veut que l’on confectionne du pain maison le 5 décembre. Un rituel est également pratiqué contre la stérilité des femmes. Dans certaines régions montagneuses, Saint Sava est censé protéger les habitants contre les loups.
Et si Sainte Barbe et Saint Sava sont des fêtes plutôt intimes et moins suivies, personne ne reste indifférent et se joint à la fête générale le 6 décembre, jour de Saint Nicolas. Le maître absolu des mers et des océans, des tempêtes et des naufrages…Dans la mythologie des chrétiens, il est représenté comme un homme jeune et grand, doté d’une force exceptionnelle qui tire les rênes du monde marin. L’église célèbre sa mémoire, et comme nous sommes en plein carême de Noël, elle tolère quand même la dérogation de servir à table du poisson. Sans oublier les pains rituels qui, cette fois encore trôneront sur la table du festin – les miches et autres tourtes qui portent au demeurant le nom de Saint Nicolas.
Dans certaines régions la carpe farcie est recouverte de pâte qui peut prendre la forme d’une église, cette même église où les plats devront être bénis par le prêtre, avant de commencer les agapes. Tout le monde est bienvenu autour de la table – des voisins, des parents et des proches, même des inconnus.
Dans de nombreuses religions et us et coutumes, le poisson est le symbole de la féminité. Et qui dit féminité dit fertilité et amour des enfants et de la famille. Le poisson est associé à la mère de Dieu et aux divinités lunaires en général. Ce qui explique qu’on le retrouve invariablement aux côtés de la déesse grecque de l’amour Aphrodite. Plus tard, le christianisme confirme le rôle du poisson comme un des symboles de Jésus-Christ et des premiers chrétiens, appelés les « chasseurs d’âmes ».
Quand on parle de poisson, transposé dans le patrimoine folklorique des Bulgares, c’est la carpe qui reste indétrônable, et qui est déjà connue et appréciée des anciens Slaves. D’après les légendes, si une carpe reste à l’abri des regards des humains pendant 40 ans, elle se transforme en un dragon, ce qui explique la présence de carpes sculptées et non pas de dragons au pied de certains iconostases.
De nos jours encore la Saint Nicolas est célébrée en grande pompe car en plus d’être le patron des marins, Saint Nicolas est considéré depuis quelques années comme le saint protecteur des banquiers et de la finance. Une chose est sûre, sa fête donne lieu à de nombreuses réjouissances et tous les Nicolas, Nicole, Nikolina, Nicoletta et autres ont leur fête…
Crédit photos: Site ethnographique Muséum d'Histoire Bourgas, Association bulgare de culture culinaire, archives
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