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Après le séisme : douleur, froid et effroi...

Parmi les victimes il y a des expatriés bulgares...

| Modifié le 10/02/23 à 13:07
Photo: EPA/BGNES

L’espoir de retrouver des survivants perdure toujours au quatrième jour après le séisme dévastateur en Turquie. Des milliers de personnes ont été hébergées dans des abris temporaires et sous des tentes. Les gens vivent dans la peur d’une nouvelle secousse. Les travaux de sauvetage se poursuivent jour et nuit pour n’être interrompus que quand on entend un cri au secours venant des décombres. Les proches des ensevelis sous les gravats veillent au pied des immeubles effondrés en espérant revoir leurs êtres chers. Parfois, l’espoir est exaucé, il arrive néanmoins que l’aide n’atteigne que trop tard les sinistrés.


D’après Mümün Topçu qui vient de quitter Adana, cela s’explique par le vaste territoire touché par le séisme :

"La tragédie est immense. L’aide ne peut pas arriver tout de suite car il s’agit d’un territoire plus grand que celui de la Bulgarie. Il y a 15 millions de personnes qui sont touchées. Les routes et les couloirs de transport ont été détruits. Je ne peux pas dire que nous sommes préparés à une telle catastrophe mais la Turquie s’en sortira. A la place des bâtiments en ruine seront construits de nouveaux immeubles. Malheureusement, le bilan humain ne cesse de s’alourdir. La Turquie toutefois n’a pas été abandonnée. De l’aide et des équipes de secours nous parviennent du monde entier. On peut se réjouir du fait que la Bulgarie ait été parmi les premiers pays à réagir et envoyer des secouristes. Nos expatriés en Turquie en sont fiers. Ils vivent majoritairement à l’Ouest, à Istanbul, dans la région de Thrace, à Izmir, Ankara, aux environs de Bursa. Les expatriés bulgares dans les zones touchées par le séisme y séjournent temporairement. Ce sont des enseignants, des soignants, des médecins… Les nouvelles des premières victimes bulgares nous sont déjà parvenues ", a indiqué à Radio Bulgarie Mümün Topçu.


Il n’y a personne dans la zone du tremblement de terre qui n’ait  perdu un proche. C’est ce qu’a dit à la RNB İlker Çöltü, professeur d’allemand à l’université de Çukurova à Adana. "Nous recevons beaucoup d’informations sur des étudiants blessés ou morts. La douleur est énorme. Elle est partout". Tous les cours à l’université ont été suspendus jusqu’au 20 février. La ville d’Adana a été fort touchée par le séisme. Voici le récit d’İlker Çöltü recueilli par Sevda Dükkancı du service turc de Radio Bulgarie :

"Notre ville est séparée en ancien et nouveau district. Les bâtiments de la vieille cité sont bas. Les nouveaux quartiers sont composés de tours de 20-30 étages. Ils ont été détruits par le séisme. Les maisons situées dans les anciennes parties de la ville, elles, sont restées intactes."


Il est vrai que les normes parasismiques ont été respectées. Cependant, des immeubles de 15-20 étages ont été construits sur une surface trop petite. Nous sommes d'avis que la terre n’est pas en état de supporter tout ce poids", a expliqué d’İlker Çöltü.

"Notre maison n’est pas très endommagée mais il y a des fissures et nous avons peur de rentrer. Le conseil municipal est en train de faire des inspections, des évaluations du risque dе retourner dans les immeubles. On attend qu’ils nous disent quand nous pourrons rentrer", a indiqué à RNB Denica Yibyukyujju de Gaziantep, heureuse d’avoir survécu.


"Nombreux sont ceux qui dorment dans leurs voitures", poursuit son témoignage Denica. "Il y a des camps de tentes. Beaucoup de bâtiments publics sont ouverts : les mosquées, les écoles, les salles de sport. Les gens y sont rassemblés. L’approvisionnement en eau et denrées alimentaires a été organisé mais est-ce qu’il y a assez pour tout le monde ?  Les médias nous montrent des choses épouvantables. J’espère pourtant que tout le monde ira bien."

La panique règne et on est en proie à la désinformation, a-t-elle ajouté. Des répliques sont toujours ressenties. Les hôpitaux sont en manque de couvertures et d’appareils de chauffage, a indiqué Denica Yibyukyujju

"Il fait très froid et ceux qui sont restés sans rien, dont la maison a été détruite, sont dans le plus grand besoin. Toute aide est donc la bienvenue. Je voudrais remercier tous les Bulgares et non seulement : le monde entier s’est mobilisé pour nous aider. C’est ce qu’il faut faire. Nous sommes des humains et nous devons nous aider l'un l’autre. Merci à tout le monde ! "


La correspondante de l'agence BTA Nora Cholakova est témoin des destructions à la suite du séisme du 6 février dans la ville de Pazarcık en Turquie :

"La situation est très grave. Beaucoup d’immeubles sont complètement détruits. Quand je suis arrivée, il faisait très froid, -8 - -10 degrés. De nombreuses personnes passent les nuits sous des tentes, d’autres dorment à ciel ouvert en plein février dans le froid. Les équipes de secours travaillent d’arrache-pied mais on reste sans nouvelles de beaucoup de personnes. Hier, j’ai vu dans quel redoutable état se trouvait la ville de Nurdağı, complètement rasée. Il n’y a pas d’électricité. Étant de grande hauteur, les hôtels sont fermés à cause des craintes de nouvelles secousses. "


L’écrivain Ramis Çınarsays, qui est né à Silistra en Bulgarie, a indiqué que le tremblement de terre a remplacé dans les chroniques le thème de l'élection présidentielle.

"Le président a évoqué le 14 mai sans qu’il y ait une date officielle. La campagne électorale avait pratiquement commencé avant le séisme mais l’ordre du jour a changé. Selon la législation électorale, les élections peuvent être différées d’un an en cas de guerre, catastrophe naturelle ou d’autres situations d'urgence ", a expliqué Ramis Çınarsays. C’est à Erdogan de décider.

Edition : E. Karkalanova (d’après des interviews et des reportages réalisés par Vessélina Milanova, RNB Horizon, Nahit Dogu, RNB Kardjali, Sevda Dükkancı, Radio Bulgarie)

Version française : Maria Stoéva

Photos : EPA/BGNES


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