"Qu’importe si nous avons été sous la domination turque ? Ce ne sont pas les mêmes gens. Ce n’est pas de leur faute et il faut les aider", explique une jeune fille d’une quatorzaine d’années à son amie. Certes, il s’agit des personnes sinistrées du séisme en Turquie et Syrie. La conversation a lieu à quelques mètres du Monument de l’Apôtre de la liberté, Vassil Levski, à Sofia.
"Il est temps d’aider. Ceux qui tardent à nous aider ne seront pas nos amis", écrit Levski dans une lettre adressée à un notable Bulgare de Valachie, le 6 octobre 1871.
Une file d’élèves, une fleur à la main, se tenant l’un à côté de l’autre, s’approchent pour rendre hommage à la vie et l’œuvre de cet illustre Bulgare. Près du monument, nous rencontrons Stanka Mladénova qui est venue avec Dénislav, son petit-fils de sept ans.
"Nous venons chaque année, mais comme il est malade, il n’a pas pu rejoindre ses camarades de classe, c’est moi qui l’ai emmené. Il est très ému, il a même appris par cœur un poème sur Levski. Il est très fier d’être venu ici. "
"Ce que nous avons dit et écrit hier, il faut le garder sous nos yeux aujourd’hui sous peine d’être pris en risée demain" – Vassil Levski.
Cette fierté et reconnaissance sont à ressentir très fort aujourd’hui à cet endroit de mémoire. A quelques pas du monument, se trouve le premier espace dans une galerie dédié à l’Apôtre, un coin de la Galerie nationale "Carré 500" qui accueille l’exposition multimédia "La Confession de Levski".
"C’est un des plus importants éléments du Programme national de commémoration des 150 ans de la disparition de ce héros national", a indiqué lors de l’inauguration Plamen Slavov, vice-ministre de la Culture.
8 ans : c’est le temps qu’a pris à être réalisée l’idée d’un lieu consacré à la mémoire de Levski où les jeunes peuvent venir apprendre davantage sur lui ou acheter des ouvrages qui lui sont dédiés, a avoué à Radio Bulgarie Vassil Vassilev, président du Comité panbulgare "Vassil Levski". Et comme nous sommes sur le territoire de l’art – la Galerie nationale des beaux-arts, notre héros national n’est pas évoqué par des objets personnels mais par des moyens proprement artistiques.
Dès que l’on pénètre dans la pénombre de la salle, on tombe sur les sentences de Levski, écrites en lumière sur le mur. Des ouvrages historiques précieux, les plus récentes études et des articles de la collection du Comité panbulgare et du Musée national "Vassil Levski" sont présentés dans un espace à part. Sur un mur vidéo, animés par une projection holographique, viennent en vie des moments charnières de la vie de Levski, symbole de la liberté et de l’unité bulgare.
L’espace est conçu et rénové en tenant compte du projet multimédia "La Confession de Levski", nous apprend le producteur Ivo Milev. Il ne s’agit ni d’un documentaire, ni d’un multimédia au sens propre du terme. On a fait une reconstitution de l’ambiance grâce à des costumes et des accessoires de l’époque pris dans le récit cinématique fluide du réalisateur Dimitar Gotchev d’après le scénario de Néli Dimitrova afin de nous faire découvrir l’homme Levski.
"Bien entendu, ce projet repose sur une multitude de documents historiques et de recherches mais il ne s’agit pas d’un film historique. C’est une œuvre de fiction. Il se suggère, agit sur les émotions du public. Le savoir n’a qu’un rôle secondaire. C’est cela l’objectif de la "Confession de Levski". Il n’est pas facile de jouer sur l’image de Levski dans la mesure où chacun a sa propre idée de lui.
"Il faut des actions, pas des mots", a écrit Levski.
Les idées de Levski, qu’on peut déduire de ses écrits, sont la meilleure façon de résoudre nos problèmes", déclare Vassil Vassilev. "Aucun des politiciens bulgares ne veut l’appréhender. Si le peuple bulgare parvient à s’unir, il ne pourra le faire qu’à travers la personnalité, l’œuvre et les idées de Levski. Elles peuvent nous faire avancer, " indique le président du comité "Vassil Levski".
Une fois sorti de la galerie, on est de nouveau en face du monument de Vassil Levski au cœur de Sofia. Deux femmes âgées y déposent des roses rouges.
"Nous avons déposé des fleurs pour honorer l’œuvre de l’Apôtre et son amour pour la Bulgarie, lui rendre hommage et ne pas l’oublier. Nous faisons cela chaque année car nous l’aimons et nous aimons notre patrie", nous dit une d’elle avant de continuer son chemin.
"Moi, Vassil Levski, né à Karlovo, né d’une mère bulgare, héros, je ne voulais pas être un esclave turc ou d’autrui, ni voir ce sort s’abattre sur ma douce famille," – autobiographie inachevée en rimes de Vassil Levski, tirée de son carnet.
L’exposition "La confession de Levski" à la Galerie nationale des Beaux-arts est à voir gratuitement pendant toute l’année 2023.
Version française : Maria Stoéva
Le projet sur Vassil Levski est réalisé avec le soutien financier du ministère de la Culture de la Bulgarie dans le cadre des Commémorations nationales des 150 ans de la disparition de Vassil Levski.
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