Le 2 avril 105 893 personnes ont voté blanc aux législatives anticipées, un nouveau record après les 87 850 votes blancs en 2017.

La sociologue Yanitsa Petkova de l’institut de sondage « Gallup International Balkan » commente leur profil.

« 60% de ceux qui ont voté blanc sont des femmes et presque un tiers de tous ceux qui ont exprimé un vote blanc sont dans la tranche d’âge 18-30 ans. On remarque qu’ils ont généralement un niveau d’études supérieures et qu’ils habitent la capitale ou d’autres grandes villes. Ce sont des jeunes gens actifs, intelligents, éduqués, qui sont déçus des partis politiques, mais souhaitent participer à la vie sociale. »

Le psychologue Plamen Dimitrov, qui étudie depuis plus de 30 ans le comportement des abstentionnistes chroniques, ajoute des éléments à ce portrait.

« Ce groupe de gens qui vont aux urnes pour faire savoir qu’aucun candidat ne mérite leur soutien, nous les appelons « agressivement défensifs ». Il se divise en sous-groupes, par exemple celui des gens qui ne voient personne de qualifié, personne de prometteur parmi les candidats proposés. Il y a aussi les gens en colère contre la réalité politique. Ce sont des gens socialement et politiquement motivés et actifs, qui veulent être vus et entendus. Avec les abstentionnistes, qui constituent la majorité de l’électorat, ils font partie de la majorité silencieuse, la majorité muette de la Bulgarie. »

Selon la professeure Lidiya Denkova de la Nouvelle université bulgare, le nombre record de votes blancs est lié aux crises politiques de plus en plus fréquentes chez nous. « Plus la crise est importante, plus le nombre de votes blancs augmentera », estime-t-elle, refusant toutefois de considérer cela comme une forme de vote protestataire.

« Ce sont des gens qui font preuve de pensée critique, qui ont une position civique et veulent que les choses aillent mieux. Leur vote est accusateur, car aucun parti n’a mérité leur soutien, mais aussi tourné vers l’avenir. Ces électeurs disent : « Nous votons blanc maintenant, mais cela ne veut pas dire que nous le ferons toujours. » Si lors d’un futur scrutin ils décident qu’un parti souhaite œuvrer pour le bien public, ils voteront pour lui. »

Lidiya Denkova recommande aux politiques de s’adresser à ce groupe d’électeurs qui leur fait savoir qu’ils doivent changer et ne plus se contenter de ne parler qu’entre eux, mais s’adresser à la société en renonçant à leurs querelles de clocher.

Si les votes blancs étaient un parti politique, ce parti aurait à présent le cinquième plus grand groupe à l’Assemblée nationale avec 11 députés sur 240. Et si les politiques continuent de négliger ce type d’électeurs, ce « groupe parlementaire » virtuel prendra une place de plus en plus importante dans les résultats des élections à venir.

Edition : Diana Tsankova, sur des interviews de Vessélina Milanova, Valéria Nikolova et Irina Nédéva de la chaîne info de la RNB

Version française : Christo Popov

Photos : RNB, BGNES