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La peinture animalière bulgare jusqu’au milieu du XXe siècle

Exposition de peinture animalière à la Galerie municipale de Sofia

Photo: Facebook/ СГХГ Sofia City Art Gallery

La nouvelle exposition de la Galerie d’art municipale de Sofia est dédiée au genre animalier. Elle retrace la place accordée aux animaux dans les dessins, aquarelles, illustrations, peintures, sculptures et céramiques des artistes bulgares de la Libération de la Bulgarie du joug ottoman (1878) jusqu’au milieu du XXe siècle. 


"Il n’existe pas vraiment, à proprement parler, de peinture animalière à l’état pur dans l’art bulgare", indique Lyuben Domozetski, commissaire de l’exposition. "Il s’agit souvent d’un croisement avec d’autres genres picturaux comme la nature morte ou le paysage. Elle revêt un aspect très curieux dans l’art des années 20 du XXe siècle sous forme d’études décoratives stylisées, le plus souvent d’oiseaux, que beaucoup de peintres effectuent dans le cadre de leurs études universitaires. C’est dans la sculpture que le genre animalier apparaît à l’état le plus épuré à l’instar de beaucoup de sculptures de parc créées lors de la première moitié du siècle dernier qui ont malheureusement été détruites. Les archives qu’on en garde témoignent d’une nuance particulière du développement de l’art en Bulgarie pendant cette période."

L’exposition inclut des œuvres de certains des artistes bulgares les plus éminents : Vladimir Dimitrov – le Maître, Ivan Lazarov, Ivan Milev, Konstantin Chtarkelov, Boris Guéorguiev, Ivan Penkov, Guéorgui Popov – John, Ivan Mrkvička, Jaroslav Věšín, Otto Horeyshi. Le récit visuel commence avec deux œuvres du peintre d’icônes de la Renaissance bulgare de la première moitié du XIXe siècle Zakharie Zographe qui échappe ainsi au canon de l’art chrétien.

Lyuben Domozetski

"Zakharie Zographe a peint une chauve-souris et un papillon de nuit probablement d’après nature", explique Domozetski. "Ces œuvres reproduisent une impression éphémère, une observation du monde environnant à la manière de la Renaissance européenne, qui rappelle l’art d’Albrecht Dürer ou de Léonard de Vinci. Le peintre reproduit minutieusement tous les détails du corps de la chauve-souris et du papillon. On peut situer ces œuvres dans le contexte plus large de représentations florales et végétales faites également d’après nature. Elles s’écartent de son art officiel, la peinture d’icônes, en laissant entrevoir une pensée analytique qui cherche à percer les secrets du monde. "

Les artistes bulgares peignent des animaux familiers comme des animaux sauvages. On garde des documents qui témoignent de l’achat d’animaux empaillés à l’usage des étudiants de l’Académie des Beaux-arts.

"Certaines œuvres s’associent à la mobilisation de peintres bulgares lors de la Guerre balkanique et la Première guerre mondiale auxquelles les animaux, amis fidèles des hommes, le cheval, le bœuf, le chien, participent sur un pied d’égalité", poursuit son récit l’historien d’art. "La marginalité de cette production artistique la rend encore plus intéressante. D’ailleurs, le premier Jardin zoologique de Sofia a été ouvert peu après la Libération. Il attire les peintres qui peuvent ainsi reproduire d’après nature des animaux sauvages ou exotiques, Iliya Petrov a un tel cycle par exemple. " 

Aux dires de Domozetski, ces œuvres qui témoignent de l’amour des auteurs à leurs sujets, portent une âme inspirée par les peintres. 

"Certains artistes s’intéressent aux propriétés décoratives des formes et des couleurs des animaux, d’autres en revanche nous laissent contempler une sorte de sentimentalisme, comme par exemple le tableau de Hristo Berberov "Chien infirme". L’exposition inclut également un cycle d’œuvres représentant des fourmis, signé Ivan Lazarov, illustre sculpteur et professeur à l’Académie des Beaux-arts. Il est fasciné par la vie des fourmis, il y voit peut-être une similitude avec l’univers humain." 

L’exposition à la Galerie municipale de Sofia montre que certaines œuvres qualifiées de marginales peuvent dévoiler un aspect insoupçonné de l’opus d’un artiste que l’on considérait assez connu. "L’autre message, c’est le rapport aux animaux et à la nature, l’attention et l’amour qu’ils suscitent", conclut Lyuben Domozetski.

L’exposition est à visister jusqu’au 16 juillet 2023.

Edition : Diana Tsankova

Version française : Maria Stoéva

Photos : Facebook/ СГХГ SofiaCityArtGallery, Diana Tsankova


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