Les routes bulgares sont-elles sûres et qui est responsable de l’inquiétante augmentation des accidents ? Depuis le début de cette année on dénombre déjà 3448 accidents graves avec 260 victimes et 4575 blessés. Et rien que pour les 20 premiers jours de ce mois 446 accidents graves, 35 victimes et 600 blessés.

La loi déclare fautifs les conducteurs qui ne respectent pas le Code de la route et ces derniers accusent l’état des routes qui favorise les accidents, avec par endroits un manque de signalisation ou un délabrement du réseau routier qui est loin des normes européennes.

Miroslav Markov est conducteur routier international qui vit et travaille en Espagne depuis plus de 20 ans. Chaque fois qu’il revient en Bulgarie, il constate avec amertume le fossé qui sépare la Bulgarie des autres pays européens en termes d’entretien des routes.

En Bulgarie on conduit à l’instinct, jusqu’à ce qu’on s’enfonce dans un trou, naturellement. Très souvent il n’y a pas de glissière de sécurité et on se plante dans ce qui a été un caniveau. Et comme les caniveaux ont été comblés, il n’y a pas d’écoulement des eaux et cela accélère l’érosion du revêtement. Le développement des routes en Bulgarie, ça n’existe pas. A titre de comparaison, il a fallu aux Roumains à peine trois ans après leur entrée dans l’UE pour asphalter leurs routes.

Aux dires de Miroslav, à voir l’argent déversé pour l’entretien de nos routes, elles auraient depuis longtemps dû dépasser en qualité celles de la Suisse. La corruption, elle existe partout, mais dans les autres pays les routes sont impeccables, alors qu’en Bulgarie les chantiers peuvent durer des années et il faut toujours de nouveaux financements, dit-il. Quant aux accidents, si en Espagne on constate qu’un tronçon de route est dangereux, on y apporte immédiatement des rectifications, souligne Miroslav Markov. En plus de 20 ans en Espagne il a vu une seule fois un accident avec un conducteur de moto et l’a signalé tout de suite. Les autorités ont réagi en quelques minutes. En Bulgarie on ne peut que rêver d’une telle vitesse de réaction, et pas par manque de bonne volonté, mais parce que les équipes de secours d’urgence sont en nombre nettement insuffisant. Même chose pour les contrôles de l’état des routes dont les inspecteurs passent 70% de leur temps de travail derrière le volant.

Le personnel de l’Agence à l’Administration des véhicules est drastiquement réduit, note Alexandre Ivanov, inspecteur du Département régional de Plovdiv. Dans le reste de l’UE il y a 4,5 inspecteurs pour 10 000 habitants, chez nous ils sont 0,05. On nous traite comme une administration, pas comme un organisme de contrôle. Nous ne sommes plus que trois équipes par département, responsables de trois régions administratives. Par exemple les régions de Bourgas, Sliven et Yambol sont couvertes par un seul département avec trois équipes de contrôle routier qui doivent inspecter les entreprises, les sites de contrôle technique annuel des véhicules, les auto-écoles, les taxis, les autobus, les gares routières. C’est tout à fait insuffisant comme effectifs. D’autre part, notre règlement interne nous interdit de réagir en cours de route si on constate une infraction, parce que nous devons remplir la tâche imposée et rien d’autre.

Et tant que les institutions se relanceront la responsabilité des accidents de la route, les fautifs seront toujours les conducteurs. Et ceux qui dépassent d’autres véhicules à des endroits où c’est interdit ou qui se prennent pour un pilote de Formule 1 quand ils se retrouvent sur une autoroute, mettant en danger la vie des autres, ils restent au-dessus de la loi.

Version française : Christo Popov