2024 démarre avec plusieurs changements pour les revenus des citoyens bulgares. Le SMIC monte désormais à 477 euros, 19,6% de plus que l’an dernier. La rémunération horaire minimale est de 2,85 euros. Le seuil minimum du revenu de cotisation devient égal au SMIC et le seuil maximum monte de 1738 à 1917 euros. La ligne de pauvreté est établie à 269 euros, 4,4% de plus qu’en 2023. Le seuil minimum des allocations chômage reste à 9,2 euros par jour et le maximum augmente de 44 à 55 euros par jour.

L’augmentation du SMIC cache certains risques de réduction du personnel dans les régions les plus pauvres du pays, dit sur RNB-Vidin l’économiste Pétar Ganev:

Il est certain que lorsque les frais des entrepreneurs augmentent, que ce soit les factures d’électricité plus élevées comme l’an dernier ou des frais de personnel plus élevés comme à présent, cela exerce une pression pour rester compétitif, surtout dans l’industrie.

Selon Pétar Ganev l’inflation, qui est actuellement autour des 5-6%, continuera de baisser sans pour autant disparaître complètement :

Nous entamons une nouvelle année de défis géopolitiques et en politique intérieure et je ne m’attends pas à ce que 2024 soit une année de calme, de croissance et de stabilité comme les années avant la pandémie de Covid-19. Cependant, en ce qui concerne les budgets des ménages et celui de l’État, la situation semble meilleure que ces deux dernières années que nous commencions sans loi de finances adoptée.

Cet avis n’est pas partagé par l’économiste Stoyan Pantchev :

Les revenus s’efforcent de rattraper l’inflation. Si vos revenus n’ont pas grimpé de 30% depuis 2021, la valeur réelle de votre argent, et donc votre pouvoir d’achat, a baissé, quel que soit le montant nominal de votre salaire.

D’après des données d’Eurostat publiées à la toute fin de 2023, le pouvoir d’achat des Bulgares a atteint 62% de la moyenne européenne. Stoyan Pantchev pense toutefois que cela peut être dû à l’inflation élevée dans l’UE et la zone euro :

Mes attentes sont pour un ralentissement du rythme d’augmentation des revenus, simplement parce que celui de la montée des prix ralentit lui aussi. Dans beaucoup d’entreprises du secteur public nous avons une revalorisation presque automatique des salaires. Cela veut dire que pour ces employés les effets de l’inflation sont moindres, bien qu’on a eu des groupes du secteur public qui avaient protesté, parce que leurs revenus n’avaient pas été revalorisés et donc leur pouvoir d’achat a baissé. Le secteur privé a mieux fait les choses pour rattraper l’inflation ces deux dernières années, mais là aussi certains secteurs vont connaître des difficultés.

Les attentes sur l’influence de l’inflation sur les revenus sont également un sujet de discussion du grand public. Voici l’avis de Dimitar Iliev, propriétaire d’un petit magasin de vêtements à Vidin :

Le système est calculé de sorte à ce que les choses restent sensiblement les mêmes. Le SMIC augmente, mais les cotisations aussi. Il y a une inflation cachée, imperceptible, qui efface toutes ces augmentations de revenus et je pense qu’il n’y aura pas de différence considérable. D’autre part, cela dépend à qui on se compare. Comparés aux pays les plus riches, on va mal. Comparés aux pays les plus pauvres d’Afrique et d’Asie, on est super bien. Par rapport à nos voisins le niveau est plus ou moins le même.

Un sondage parmi les habitants de Vidin montre qu’ils ont du mal à pronostiquer comment leur pouvoir d’achat va évoluer cette année. Certains sont optimistes en raison de la légère stagnation des prix, d’autres s’attendent à un nouveau bond de l’inflation qui va annuler la revalorisation des salaires.

Crédit photos:  BGNES

Édition : Yoan Kolev

Version française : Christo Popov