Radko Vlaykov est ambassadeur de la Bulgarie en Roumanie depuis février 2022. Il a été porte-parole du ministère des Affaires étrangères de 1994 à 2001. Il a également été ambassadeur de la Bulgarie en Serbie.
Radko Vlaykov a accordé cet entretien à Radio Bulgarie à l'issue de la table ronde « La Bulgarie et la Roumanie – un an de partenariat stratégique » qui a eu lieu le 14 mars à l’Institut diplomatique roumain à Bucarest.
M. Vlaykov, comment évaluez-vous les résultats et la dynamique dans les relations bulgaro-roumaines pendant la première année du partenariat stratégique entre la Bulgarie et la Roumanie ?
Nous devons naturellement nous féliciter tout d’abord de la vitesse à laquelle a été obtenu l’accord de partenariat stratégique entre la Bulgarie et la Roumanie qui a été signé par leurs deux présidents le 15 mars 2023. Cette rapidité a été provoquée par la guerre de la Russie contre l’Ukraine qui a fait comprendre à la Bulgarie et la Roumanie le besoin d’avancer ensemble de façon bien plus stable sur un chemin commun. La première année pourrait être définie comme très prometteuse. On a bien vu l’utilité de ce partenariat stratégique en termes de résultats obtenus, surtout dans le domaine de la sécurité, de la responsabilité que nous partageons en mer Noire, d’initiatives communes bilatérales ou dans le cadre de l’OTAN. Nous avons fait de grands progrès dans la connectivité.
Des questions qui avaient été repoussées pendant des années ont été résolues en trouvant la volonté politique pour la construction d’un second pont entre Roussé et Giurgiu sur le Danube et la finalisation du projet Fast Danube, ainsi que le relancement du projet de construction d’une centrale hydroélectrique sur le Danube entre Turnu Magurele et Nikopol. Beaucoup de choses ont été accomplies, formant ainsi une fondation pour l’avenir.
A quel point est-il naturel pour les Bulgares et les Roumains de faire quelque chose ensemble ?
La chose la plus normale est que nous soyons ensemble : dans la sécurité, dans le commerce, dans la connectivité, dans la culture, dans les sciences, dans chaque domaine de la vie. Cette normalité vient de la mentalité proche des deux peuples et de notre destin commun dans l’UE. Le fait est que nous devons rattraper ensemble le retard pris par rapport aux autres pays membres. Je pense que la Bulgarie et la Roumanie peuvent être très utiles l’une à l’autre avec des initiatives communes, des entreprises communes, des productions communes, etc.
Que se passerait-il avec les relations bulgaro-roumaines si les partis souverainistes dans la région et dans l’UE gagnaient en influence après les élections de 2024 ?
Tous les politiques proeuropéens de l’UE craignent beaucoup une telle perspective, parce que des forces populistes antieuropéennes ont le vent en poupe au même moment dans plusieurs pays. Nous devrions ici chercher aussi à répondre à la question pourquoi cela arrive, pourquoi de telles tendances négatives apparaissent simultanément. La raison est qu’un pays au nord de nous s’efforce de faire douter les gens de l’UE, de les en rendre déçus. Il y a bien sûr parfois des arguments en faveur d’une telle attitude. Par exemple la Bulgarie et la Roumanie ont toujours des contrôles aux frontières terrestres de l’espace Schengen et cela est utilisé très adroitement pour faire de la propagande, pour manipuler les gens en leur disant que voilà, l’UE ne veut pas de nous, alors à quoi bon y aller ?
Bien entendu, cela est catégoriquement faux. Je suis moi-même un proeuropéen convaincu. Et je suis profondément persuadé que les avantages de l’UE sont tels que les gens ne voudraient pas y renoncer. C’est là que le rôle des politiques est très important : ils doivent expliquer ces avantages de l’UE, expliquer aux citoyens, aux milieux d’affaires, à la société dans son ensemble ce qui se passerait si l’UE changeait et perdait sa force d’attraction d’une communauté de libre circulation des personnes, des capitaux, des marchandises. Je suis profondément convaincu que les forces proeuropéennes dans toute l’UE prendront le dessus et que non seulement l’UE ne changera pas, mais qu’elle deviendra plus forte, parce qu’elle est confrontée à un danger.
Photos: Ambassade de Bulgarie en Roumanie, Institut diplomatique bulgare, Institut diplomatique roumain
Version française : Christo Popov
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