Ce 19 juin est le jour où par décret du président Roumen Radev se tient l’inauguration de la 50^e législature de l’Assemblée nationale. Aux élections législatives anticipées du 9 juin les Bulgares ont réparti les 240 sièges au parlement parmi sept formations politiques. Les six premières figuraient déjà au parlement précédent, et la septième, le parti "Grandeur" entre pour la première fois à l’Assemblée nationale où il aura 13 députés.

Par tradition, la session d’inauguration du nouveau parlement est présidée par le doyen des députés. L’honneur cette fois en revient à Silvi Kirilov, 73 ans, du parti "Il y a un tel peuple". A cette première session de la nouvelle législature les députés doivent prêter serment et élire un président de l’Assemblée nationale.

Cette 50^e législature a été élue avec le taux de participation le plus bas depuis les changements démocratiques de 1989 – 34,41%. Dans un entretien sur Radio Bulgarie le juriste et ancien président de l’Assemblée nationale le professeur Ognian Guerdjikov tente d’interpréter le message qu’envoient les plus de 65% d’abstentionnistes par leur refus d’aller aux urnes :

C’est un antirecord. C’est un signal que le modèle existant est peut-être arrivé à expiration. Il faut chercher quelque chose de radicalement différent, peut-être passer à un scrutin mixte, majoritaire et proportionnel. Cela pourrait être un préalable à un nouveau projet politique sensé. On parle d’un tel projet impliquant le président de la République et son temps est peut-être venu.

Bien que n’étant pas expert en droit constitutionnel, Ognian Guerdjikov estime qu’un scrutin mixte permettrait à davantage de personnes hautement qualifiées dans divers domaines de se porter candidats et être élues comme députés.

La personnalité du président de l’Assemblée nationale est essentielle pour le bon fonctionnement et la confiance du public dans le pouvoir législatif. Selon le professeur Guerdjikov ce poste doit être occupé par un juriste, mais à ses dires les juristes de haut niveau dans les quelques dernières législatures du parlement se comptaient sur les doigts de la main. Cela nuit à la qualité de l’activité législative qui est à présent sous le signe de l’amateurisme, estime-t-il. Cette baisse drastique de la qualité des textes de lois est également selon lui la raison de la chute drastique de confiance dans le parlement bulgare depuis une décennie :

A la différence des pays européens développés, qui ont des organismes consultatifs d’experts dans tel ou tel domaine, notre parlement ne se permet pas ce « luxe » et les choses se font au petit bonheur la chance, avec des lois mal écrites et assujetties aux groupes d’influence, y compris les derniers amendements à la Constitution en date qui sont tellement médiocres et mal pensés que j’espère que le Conseil constitutionnel y mettra bon ordre.

Quant à la probabilité de voir cette 50^e législature de l’Assemblée nationale d’atteindre les deux grandes priorités de nos gouvernants, à savoir l’adoption de l’euro et l’adhésion au Schengen terrestre, le professeur Guerdjikov est plutôt sceptique :

J’aimerais bien que cela se fasse, mais il me semble que nous sommes en train de nous éloigner de ces deux objectifs au lieu de nous en rapprocher.

Ognian Guerdjikov n’est pas non plus optimiste sur la durée de vie du nouveau parlement et estime que les prochaines élections législatives pourraient avoir lieu dès cet automne.

Photos: BTA

Version française : Christo Popov