A la veille de la nouvelle année scolaire en Bulgarie il a été proposé d’interdire les téléphones portables à l’école. Les raisons invoquées sont les mauvais résultats scolaires, le manque de concentration des élèves et surtout les dégâts occasionnés sur les jeunes esprits, y compris une montée de l’agressivité. Par ailleurs l’utilisation de téléphones portables pendant les cours est déjà interdite dans la loi de l’éducation scolaire, mais les élèves passent outre. La seule solution semble donc être l’interdiction totale des portables à l’école.

Certains établissements scolaires ont déjà pris cette décision et notent des résultats positifs : les niveaux d’agressivité des enfants sont en baisse et les élèves commencent à interagir au lieu de rester le regard fixé sur un écran digital chacun de son côté. Les pédagogues remarquent même que les enfants se sont mis à jouer à des jeux plus ou moins oubliés du passé récent. De bons exemples dans ce domaine nous viennent d’autres pays européens comme la France et l’Italie où l’on constate également que l’interdiction des portables à l’école donne des résultats positifs.

Il y a cependant aussi ceux qui pensent qu’une telle interdiction totale des téléphones à l’école ne fera qu’empirer la situation. Selon Antoinéta Vassiléva du Centre pour un internet sans danger et de l’association « Parents », les enfants trouveront des moyens de contourner cette interdiction et il vaudrait donc mieux qu’ils remettent leurs portables à l’instituteur en début de cours. Vassiléva est d’avis que cela donnera aux enfants le sens de la mesure et leur apprendra à respecter les limites imposées, et estime qu'il est parfois pratique d’utiliser les téléphones pendant la leçon. Certains instituteurs motivent ainsi les grands élèves à lire tel ou tel texte.

La question est de savoir où il faut fixer les limites, car les psychologues sont formels : les écrans digitaux provoquent une accoutumance comparable à l’addiction aux stupéfiants. Les experts alertent depuis longtemps que les jeux vidéo provoquent des pics de dopamine comme ceux causés par la consommation d’amphétamines et autres drogues. Et ce sont précisément ces poussées de dopamine qui provoquent l’accoutumance.

Dans ces jeux, qui sont la raison principale pour les jeunes enfants d’avoir un téléphone, le désir d’accumuler les points et de progresser de niveau en niveau stimule la production de dopamine et rend les enfants plus susceptibles aux tentations des écrans digitaux. C’est pour cela qu’ils semblent collés à ces écrans et toute tentative des parents de les en arracher peut causer des crises de nerfs et même des réactions violentes. Les « enfants digitaux » ne contrôlent plus leurs émotions et ont tendance à s’isoler et à interagir de moins en moins avec leurs parents et les autres enfants. En Bulgarie ce problème est aggravé par l’opinion incorrecte que l’intelligence des enfants est stimulée par l’utilisation des smartphones dès leur plus jeune âge.

(NdT : sur les effets nuisibles des écrans digitaux sur les facultés cognitives, voir les livres du docteur en neurosciences français Michel Desmurget, directeur de recherche à l’Inserm*).

* "TV Lobotomie" (J'ai lu), "La fabrique du crétin digital" (Points, Prix spécial Femina Essai) et "Faites-les lire! Pour en finir avec le crétin digital" (Seuil)

Photos: pixabay, Centre pour un internet sans danger, Tanya Milouchéva, pexels

Version française : Christo Popov