Un aumônier militaire arrive en Bulgarie en 1921 avec pour mission de retrouver des soldats italiens disparus pendant la Première guerre mondiale. Le destin de ce petit pays balkanique ne le laisse pas indifférent et il demeure ici jusqu’en 1949, lorsque les autorités communistes rompent leurs relations avec le Vatican.
Le nom de ce prêtre catholique est Francesco Galloni, le dernier nonce apostolique en Bulgarie avant l’arrivée au pouvoir d’un régime athée.
Cet homme joue un rôle important dans la vie et l’église bulgare, raconte le père Paolo Cortesi, prêtre catholique à Béléné. Comme jeune aumônier il accompagne l’armée alpine dans les combats contre l’Autriche-Hongrie en Italie du Nord et prend soin des soldats blessés. Cette tragédie qu’il a vécue le décide à consacrer sa vie d’une part aux victimes des guerres et de l’autre aux veuves et orphelins de ces soldats tombés au combat. Il arrive chez nous pour réunir les dépouilles mortelles de plus de 200 Italiens qui avaient été faits prisonniers par l’armée austro-hongroise, et qui sont actuellement inhumés au Cimetière central de Sofia.
Dans les premières années de son séjour Francesco Galloni entre en contact avec les sœurs bulgares de l’Eucharistie qui viennent en aide aux orphelins et aux familles dans le besoin. Il fait de fréquents voyages en Italie pour y susciter de la solidarité avec notre pays et avec les dons collectés il aide les enfants orphelins et les réfugiés de Grèce et de Macédoine. En 1925 son action reçoit le soutien personnel de monseigneur Angelo Roncalli. Le futur pape Jean XXIII bénit la première pierre de l’institut « Opera Italiana Pro Oriente » fondé par le prêtre italien au 5, rue « Oborichté » à Sofia.
Cet institut accueillait les nombreux orphelins de Sofia et leur donnait une éducation, raconte Paolo Cortesi. Francesco Galloni y ajoute une école pour enfants de diplomates, militaires, commerçants italiens, car la colonie italienne en Bulgarie était nombreuse à l’époque. Il fonde aussi un ordre de religieuses bulgares consacré à l’Annonciation.
L’arrivée au pouvoir des communistes en 1944 coïncide avec l’exil de Francesco Galloni de son pays natal. Entre 1943 et 1945 il est déclaré ennemi et interné pour collaboration avec le régime de Mussolini. En réalité, par ses contacts avec des hommes politiques et des ministres, le prêtre italien réussit à collecter des ressources pour son activité humanitaire en Bulgarie. Après deux ans de séjour forcé en Italie il revient en Bulgarie où il prend la tête de la nonciature apostolique dans une tentative de préserver les relations entre le Vatican et les nouvelles autorités. Mais après un voyage à l’étranger en 1949 le retour en Bulgarie lui est refusé et il quitte notre pays à jamais.
Les nouveaux dirigeants, guidés par une idéologie athée et le désir de débarrasser la Bulgarie des agents étrangers, dont certains sont des catholiques, organisent des répressions et des confiscations de biens, explique Paolo Cortesi. L’institut « Opera Italiana Pro Oriente » est confisqué et fermé, tous les prêtres étrangers, Italiens, Allemands, Polonais, sont expulsés et en 1952 les prêtres bulgares sont arrêtés et condamnés. Parmi eux, monseigneur Evguéniy Bossilkov qui est fusillé avec trois autres prêtres et les autres sont envoyés en prison ou en camp de concentration.
Bien que loin de Bulgarie, monseigneur Francesco Galloni arrive à préserver un contact spirituel entre son pays natal et l’autre pays aimé même pendant la Guerre froide. La preuve en est l’envoi de séminaristes bulgares en Italie en 1986.
J’ai visité l’endroit en Italie du Nord où Francesco Galloni a été inhumé en 1976, confie Paolo Cortesi. Aujourd’hui encore sa tombe à Velo d’Astico a de nombreux visiteurs. Il accueille de son vivant dans cette commune des religieuses chassées de Sofia.
Paolo Cortesi se souvient de la « caverne bulgare » qu’il a vue à Velo d’Astico. Lors d’un de ses retours en Italie Francesco Galloni rapporte de Bulgarie des figurines en bois portant des costumes traditionnels bulgares. « Dans ces années il accueille de nombreux Bulgares passant par l’Italie et porte toujours la Bulgarie dans son cœur », ajoute-t-il.
Monseigneur Galloni laisse une trace marquante par ses actions et il est honoré de nos jours encore. Lors des 30 ans de son décès l’évêque italien Lovato déclare : « L’œuvre de Francesco Galloni demeure d’actualité et l’Europe peut trouver de la force dans l’unité, au nom de la vérité, de la paix et de la justice dont il était si assoiffé ».
« L’œuvre de monseigneur Galloni doit être l’œuvre de l’Église, de tous les gens de bonne volonté : prendre soin des victimes, des pauvres, des orphelins, se consacrer à l’éducation des jeunes générations, promouvoir l’amitié », pense Paolo Cortesi. « Le grand cœur du père Francesco et son œuvre nous montrent qu’il y a des situations qui non seulement nous touchent, mais nous font agir ensemble. Monseigneur Galloni a aussi travaillé avec des chrétiens orthodoxes et des musulmans, attirant tous ceux qui ressentaient dans leur cœur le besoin de venir en aide aux nécessiteux et de s’occuper de l’éducation des enfants ».
Photos: scuolaricchino.org, stara-sofia.com, archives personnelles, Facebook /Gruppo Alpini Velo d'Astico
Version française : Christo Popov
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