Plus de 40 œuvres rarement exposées de Margarit Tsanev - Margo (1944 - 1969) sont présentées à Paris. L’exposition "Envol" comprend des œuvres précoces de l’artiste, telles que des paysages à l’aquarelle réalisés lors de ses ateliers scolaires à Sofia, Melnik, Koprivshtitsa et Tétéven, ainsi qu’une collection de dessins datant de ses années d’études, appartenant à la famille de l’artiste.
"D’un côté, il vivait à la bibliothèque aux côtés des œuvres d’art, d’autre part, il menait l'existence d’une jeune personne", nous confie Olympia Nikolova-Daniel, commissaire de l’exposition.
Son talent a été remarqué dès ses premières années scolaires à Tétéven, sa ville natale.Après avoir fait ses études secondaires à l’École des Beaux-Arts de Sofia en 1964, il est admis à l’Académie des Beaux-Arts en 1965, où il se spécialise dans la sculpture. Bien qu’il soit resté à jamais âgé de 24 ans, ses œuvres continuent de se distinguer, même aujourd’hui, par leur singularité dans leur époque.
Un dossier d’aquarelles trouvés dans le grenier de sa maison familiale qui n’existe plus, témoigne des premiers essais artistiques de Margo. De sombres pièces meublées de lits qui se ressemblent, un ordre stérile, une poêle munie d’un long manche, des silhouettes humaines noires, des ébauches faites à coup du pinceau, évoquent une ambiance de chagrin, nostalgie et solitude.
"On peut constater sa maturité, ses recherches approfondies pour essayer de matérialiser le monde, apprendre à faire un mur, une plaque, un paysage par exemple, son attitude grave et pénétrante par rapport aux choses de la vie", explique Olymplia Nikolova-Daniel. "Au contraire, ses dessins que nous avons exposés sont une tentative de dématérialiser tout ce qu’il a acquis dans ses aquarelles. Ce sont des méditations philosophiques, un élargissement des limites de la connaissance. On sait que Margo portait toujours un petit livre de Lao Tseu sous son bras et cette philosophie l’intéressait. Notre tâche donc est de montrer son attitude profonde et sérieuse à l'égard du monde à travers l’art qu’il a produit."
En 1968, le recteur de l’Académie suspend les droits universitaires de Margo pour une année, l’obligeant ainsi à quitter Sofia. La raison formelle de cette décision est la barbe qu’il refuse de raser, la considérant comme un signe de deuil après perte de ses parents.
À la fin décembre 1968, il retourne dans sa ville natale et, le 1er janvier 1969, il met fin à ses jours.
Son corps n’est retrouvé qu’au printemps, et sa mémoire est honorée par une exposition posthume improvisée à l’Académie, organisée par ses amis et camarades étudiants, mais fermée par les autorités seulement quelques jours après son ouverture.
Est-ce qu’il s’agit d’une tristesse personnelle ou découlait-elle de son existence sociale ?
"Je crois que cet acte extrême a été le signe d’un écœurement", considère Olympia Nikolova-Daniel.
Sa révolte est visible dans son œuvre :
"Les visages se déforment en grotesques, les corps se transforment en objets inanimés, en composantes de monuments et d’église", poursuit la galeriste. "Malgré le fait que la Bulgarie était coupée du monde, il a réussi à saisir les idées dans l’air. Une personne intelligente et approfondie comme Margarit Tsanev est devenue l’équivalent de tout ce qui se passait dans le monde", conclut-t-elle.
C’est de cette manière qu’il apparaîtra au public dans le cadre de l’exposition "Envol" (à voir jusqu’au 23 mai) – "l’envol d’un esprit révolté défiant les fausses valeurs qui montre comment "le faible devient fort" (Lao Tseu)".
Version française : Maria Stoeva
Photos : ministère de la Culture, Institut culturel bulgare à Paris, Institut culturel bulgare à Berlin
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