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Pavel Bobékov et la "grammaire" de l’Insurrection d’avril 1876

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Photo: BGNES

La Bulgarie célèbre le 149e anniversaire de l’Insurrection d’avril, un évènement ayant conduit à la libération de la Bulgarie de la domination ottomane qui avait duré presque 5 siècles. Aujourd’hui, un siècle et demi plus tard, il ne faut pas oublier que chacun qui a pris part à l’Insurrection d’avril de 1876, peu importe s’il s’agit d’un chef de rébellion ou d'un insurgé ordinaire, a fait le meilleur et tout son possible pour la libération de la Bulgarie du joug de l’Empire ottoman.

Par un caprice du destin, la majorité de ceux que l’on nomme les "apôtre"s du Comité de Guiurgiu qui a conçu et organisé l’Insurrection, ne prennent pas part aux combats. Ce sont les révolutionnaires locaux qui prennent leur place à la tête de chaque agglomération. Parmi eux, à Panaguyurichté, capitale insurrectionnelle de la Quatrième région révolutionnaire, excelle la figure du jeune Pavel Bobékov. 

Avant la Libération (1878), Panaguyrichté était une grande ville de la Renaissance bulgare perchée dans les plis du côté sud de Sredna Gora avec une population de plus de 12 mille personnes. Des riches familles faisaient du commerce avec l’Europe et toutes les provinces ottomanes. Né le 14 octobre 1852, jour de sainte Petka, Pavel Bobékov est le fils aîné de Stanyo Bobékov. Dépourvu de moyens, le père part travailler dans les maisons grecques à Constantinople. Il y rencontre Manto, une femme grecque qui donne naissance à leurs 5 enfants. Lui-même illettré, Stanyo est prêt à tout pour assurer l’éducation de ses enfants. Ainsi, Pavel fréquente le Robert College dans la capitale ottomane avant de faire ses études à la Haute école de médecine militaire à Istanbul. A l’époque, il pouvait déjà subvenir à ses besoins grâce à son activité d’éditeur. Après la mort de son père et à cause d’autres raisons personnelles, il est obligé de retourner à Panaguyrichté pour s’occuper de sa famille et ainsi n’arrive pas à obtenir son diplôme.

De retour à Panaguyrichté, Pavel Bobékov devient instituteurLe jeune Bulgare qui maîtrise le français, l’anglais, le turc et le grec, devient professeur et directeur de la bibliothèque dans sa ville natale. Quand, à l’hiver 1876, Guéorgui Benkovski arrive à Panaguyrichté et relance l’activité du Comité révolutionnaire fondé il y a 10 ans par Vassil Levski, Nayden Drinov, l’instituteur en chef de la ville, lui dit que s’il veut avoir des résultats, il faudrait gagner Bobékov pour sa cause.

Autoritaire et intransigeant, Benkovski se considère comme un révolutionnaire omniscient, fort dans la pratique.  En s’imposant comme le moteur principal de l’organisation de l’insurrection au sein de la Quatrième région révolutionnaire, il entre en conflit avec le caractère de Bobékov. Né dans la ville voisine de Koprivchtitsa, Benkovski n’est pas content du fait que les "grammairiens" comme il appelle ceux qui sont plus cultivés que lui, lui posent des questions épineuses auxquelles il n’a pas de réponse. C’est lors d’une réunion avant l’Insurrection, que les tensions atteignent leur comble.

Les délégués du peuple posent des questions simples : Comment s’opposer au pouvoir ottoman et comment lutter avec leurs groupes de combattants s’ils doivent laisser leurs femmes et enfants dans les villages ? On leur propose de bâtir de grands camps où ils peuvent joindre leurs forces et emmener leurs femmes et enfants. Ils posent une autre question : comment se battre s’ils sont accompagnés de leurs femmes et enfants ? En fin de compte, s’ils se rassemblent au même endroit, ils ne feront que faciliter la tâche de l’armée ottomane qui les encerclera et les détruira. Personne des "apôtres" n’a le courage de leur avouer qu’une fois l’Insurrection déchaînée, ils seront tous sacrifiés à l’autel de la révolution. On se dispute sur le début de l’Insurrection. Pour beaucoup, il n’y a pas assez de temps pour les préparatifs. Benkovski veut avoir tout le pouvoir pour diriger l’Insurrection. La réunion risque l’échec, cependant l’éloquence de Benkovski et les concessions des "grammairiens" au nom du bien communaident à surmonter les conflits.

·  L’Insurrection d'Avril 1876 a remis à l'ordre du jour la question de l’indépendance bulgare

Quand l’insurrection éclate de manière prématurée le 20 avril 1876 (d’après le calendrier julien), Bobékov qui est la seule personne à avoir une formation militaire, est nommé chef de mille, le plus haut rang parmi les insurgés. Un Conseil militaire appelé Gouvernement temporaire de Panaguyrichté a été nommé après la déclaration de l’Insurrection. Il est composé de membres éminents du comité révolutionnaire qui ont participé aux préparatifs et présidé de Bobékov, âgé à l’époque de 24 ans. Ainsi, pour quelques jours, il reste dans l’histoire comme le tout premier premier ministre de la Bulgarie.

Le millier Bobékov était le seul à avoir droit à une uniforme rougeBobékov est aux commandes de la défense de la capitale révolutionnaire de la Bulgarie qu’il dirige de docte manière lors des combats du 27 au 30 avril. Il donne son exemple et tous les habitants de Panaguyrichté combattent courageusement aux côtés de ceux qui sont arrivés des villages voisins. Néanmoins, ils sont écrasés par la numérosité de l’armée ottomane qui s’empare de la ville de Panaguyrichté et l’incendie. Des milliers de femmes, enfants et vieillards sont massacrés. Tout en larmes, Benkovski observe l’incendie du haut de la montagne. Dans le même temps, Bobékov, aide les derniers combattants à fuir la ville assiégée. Il se rend à Koprivchtitsa où il libère les insurgés et leurs chefs Panayot Volov et Todor Kablechkov qui ont été capturés.

Le destin offre à Pavel Bobékov l’occasion d’atteindre la Valachie. En 1876, il participe comme volontaire à la Guerre serbo-turque. Lors de la Guerre russo-turque, il est interprète au quartier général des Russes mais malade de typhus, il meurt en 1877 à Tarnovo. Il est enterré dans la cour de l’église de Saint-Nicolas mais l’emplacement exact de sa tombe est inconnu.

Plaque commémorativePanaguyrichté, la ville natale de Pavel Bobékov est au centre des commémorations de l’épopée d’avril. Elles s’ouvrent avec une procession dirigée par des prêtres de la paroisse de Panaguyrichté portant la croix d’argent de Poïbréné qui a servi à bénir le groupe de combattants (surnommé "le groupe ailé") de Benkovski.

·  Les héros de 1876 portent la croix d’argent de Poïbréné sur le chemin de leur calvaire

La liturgie commémorative en mémoire des victimes de l’Insurrection d’avril est célébrée dans l’église "Présentation de Marie au temple". On dépose des fleurs devant la flamme éternelle du mémorial d’Apriltsi avant que des feux d’artifices n’illuminent le ciel de la ville.


Photos : BGNES, Pascal Sebach, Union bulgare de démocratie directe, Vassya Atanassova, Facebook / Panaguyrichté rétro, Stoyan Radoulov


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