Nous avons assisté la semaine dernière à l’échec de la troisième motion de censure contre le gouvernement de Rossen Jélyazkov, déposée par le parti "Renaissance" au motif d'un "échec de la politique fiscale". En dépit des débats houleux, la motion n’a été soutenue que par 54 députés sur 240.
Un détail curieux : avant même que ne soit votée cette troisième motion de censure, une quatrième a été déposée, cette fois par le parti "Grandeur" au motif "échec de l’État dans la gestion de l’environnement et des eaux".
Le vote de la troisième motion de censure a eu lieu à la veille du vote au Parlement européen sur l’adhésion de la Bulgarie à la zone euro le 1er janvier 2026. Cette tentative de faire tomber le gouvernement aurait-elle pu influencer la décision finale des institutions européennes et quel signal leur envoie-t-elle ?
"Peu probable", estime la politologue Tatyana Bouroudjiéva, maître de conférences à l’Université de Sofia "Saint Clément d’Ohrid" et membre de l’institut de sondages "Gallup International Balkan" :
L’Europe prend note de tout ce qui se passe dans notre pays, naturellement, mais mon impression est que la situation actuelle est différente de notre adhésion à l’espace Schengen, par exemple. Il y avait des pays qui bloquaient à un moment ou un autre notre entrée dans Schengen, alors qu’à présent c’est l’UE qui souhaite que la Bulgarie devienne membre de la zone euro. On prend acte des sentiments de la population, mais il n’y a malheureusement pas eu de cas en Europe où ces sentiments aient influencé pareilles décisions stratégiques.
En fin de compte ce vote d’une motion de censure obtient l’effet inverse de celui que souhaite l’opposition : il contribue à rendre la coalition gouvernementale plus solide et unie, résume Bouroudjiéva :
Dans les votes de défiance, l’opposition doit avoir une stratégie claire et ne pas simplement se concentrer sur le nombre de votes et leur intensité. Le problème est à mon avis que le vote de défiance est utilisé à mauvais escient, puisqu’il est censé proposer une alternative. Ce vote n’a malheureusement montré ni politiques alternatives, ni de garantie que l’opposition peut proposer une gouvernance sans corruption. Ces votes de défiance se retournent contre l’opposition, parce que son incapacité à offrir une alternative ne fait que démontrer que le gouvernement est stable. Et ce sera probablement la conclusion des autres pays de l’UE : qu’en dépit des tensions le gouvernement fonctionne dans une conjoncture suffisamment stable.
Et peut-on parler d’une banalisation d’une procédure aussi importante dans une démocratie parlementaire qu’est la motion de censure si elle est trop fréquemment employée, souvent en se rendant bien compte qu’elle échouera ?
La motion de censure est un outil extrêmement important qui indique qu’il ne peut y avoir une démocratie que si on donne la possibilité à l’autre, même en minorité, même dans l’opposition, d’exprimer ses positions, ses politiques et ses visions sur la gouvernance du pays. C’est pourquoi j’appelle les politiques à s’abstenir de commenter ce que représente tel ou tel outil de la démocratie. Le fait que l’opposition ne peut pas l’utiliser le plus efficacement possible ne veut pas dire que le vote de défiance est une perte de temps. Cela signifie uniquement que les gens qui expriment un tel avis n’ont rien à voir avec la démocratie ou le parlementarisme, estime la politologue.
Le risque que représente cette motion de censure n’est pas en lien avec le passage de la Bulgarie à l’euro, mais pourrait plutôt contribuer à un éventuel échec de mettre à jour le budget de l’État à l’automne. Si les nouvelles données ne confirment pas la stabilité fiscale, la Bulgarie pourrait retarder son adhésion à la zone euro en dépit de la décision prise par Bruxelles, prévient Tatyana Bouroudjiéva.
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Ivan Guergov
Version française et publication : Christo Popov
Photos : BTA
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