La route menant vers le village d’Emona, sur la côte de la mer Noire, est dans un piteux état, mais certains des habitants de la région ne veulent pas sa rénovation pour rester isolés de la vanité insensée de notre temps. C’est le lieu de rencontre entre la plus longue chaîne montagneuse des Balkans et le littoral, où se trouve également le beau phare du cap Eminé, construit en 1880, qui offrait de longues années sa lumière aux navigateurs.
Beaucoup d’écrivains et artistes choisissent Emona pour y passer leurs vacances d’été et puiser leur inspiration dans la nature brute et les nombreuses couches du passé. C’est le cas de l’artiste peintre et écrivain Anélia Tontchéva. Cela fait déjà 15 ans qu’elle vit aux États-Unis, mais elle n’a jamais brisé le lien avec son pays natal. Au début, arrivée sur le sol américain, elle enseigne à l’école bulgare à Boston en apprenant aux enfants comment faire la marténitsa ou colorer les œufs de Pâques. Mais avec le temps son désir de présenter de manière plus approfondie les traditions et le folklore bulgares devient de plus en plus fort. C’est ainsi qu’apparaît le roman “Mystique Emona”:
“L’idée du livre m’est venue il y a 4-5 ans - raconte Anélia Tontchéva. - Les belles traditions bulgares, je les ai connues encore enfant - de mes parents et mes grands-mères, tout comme de mes voyages à travers la Bulgarie. Avant de venir à Boston, j’ai visité Emona, un très joli endroit débordant d’histoire. Là-bas il y a une église Saint-Nicolas (le patron des marins) à demi détruite et les chevaux sauvages paissent librement dans les champs. C’est un grain de Bulgarie qui est resté à jamais dans mon esprit.”
Ainsi commence l’histoire - avec le souvenir d'Emona la Sauvage, où vivent aujourd’hui une trentaine d’habitants, et avec les récits de nymphes, ces belles créatures mythologiques du folklore slave que les locaux vénèrent et appréhendent encore. Anélia Tontchéva parle de son roman:
“Ce livre est une fiction, une histoire d’amour entre une nymphe et un artiste américain qui s’installe à Emona pour se soigner et créer. Entre autre, on y trouve impliqués de nombreux faits historiques, traditions et rites bulgares qui ont survécu jusqu’à nos jours et qu’on respecte encore dans différentes régions de Bulgarie. Beaucoup d’entre eux ont des origines thraces.”
Le nom d’Emona vient de “Aemon”, le nom en ancien grec de la Stara planina. Le village est connu comme le lieu natal de Rhésos, le roi légendaire de Thrace, décrit dans l’Iliade d’Homère. Mais ce n’est pas le seul fait historique que les lecteurs peuvent apprendre du livre. Anélia Tontchéva continue:
“Le projet a duré cinq ans, car chaque phrase est le produit d’une étude approfondie. Nous avons utilisé nombre d’articles de Radio Bulgarie également, tout comme de la littérature spécialisée. Dans le roman, par exemple, nous décrivons une des divinités thraces - Bendis. Et j’ai été très surprise quand j’ai découvert au Musée des Beaux-arts de Boston un vase à son effigie. Les Thraces n’avaient pas d’écriture, mais grâce à des trouvailles comme celle-là nous en apprenons plus sur leurs coutumes et rituels.”
Le roman est sorti aux États-Unis et en Grande-Bretagne à la fin de l’été. En octobre il a été présenté à l’Université de Boston sous le slogan “Voix bulgares - amour, lumière et rituels”.
Sur la couverture du livre le nom de l’auteur est inscrit comme Ronesa Aveela - un pseudonyme artistique, derrière lequel se cachent en fait deux femmes auteurs - Anélia Tontchéva et Rebecca Carter, écrivain et rédactrice américaine. “Mystique Emona” n’est que la première partie d’une trilogie. La deuxième sera publiée en 2015. Entre-temps, Anélia et Rebecca travaillent sur un petit livre au titre “Amour, lumière, rituels” qui est consacré aux coutumes thraces antiques.
Les traditions et croyances bulgares sont également le thème principal de toute une série de tableaux d’Anélia Tontchéva, intitulée aussi “Mystique Emona”. Son livre et son exposition portant le même nom seront présentés à l’Ambassade de Bulgarie à New York en décembre et au Centre culturel bulgare à Londres au milieu de l’année prochaine. La musique de la bande annonce est écrite par un autre Bulgare - le musicien Alex Stoyanov qui, lui-aussi, vit à Boston. Cette musique est composée spécialement pour le livre.
Version française : Sia Karaguiozova
Crédit photos : Anélia Tontchéva